Washington approuve un possible contrat de 450 millions de dollars pour la maintenance des F-16 pakistanais

Accusé de soutenir les talibans afghans tout en recevant une aide militaire massive de la part des États-Unis au nom de la « guerre contre le terrorisme », le Pakistan fut relativement ménagé par le président Obama… mais pas par Donald Trump, son successeur, qui mit les pieds dans le plat en janvier 2018.

« Les États-Unis ont bêtement donné 33 milliards de dollars d’aide au Pakistan ces 15 dernières années, et ils ne nous ont rien donné en retour si ce n’est des mensonges et de la duplicité, prenant nos dirigeants pour des idiots. Ils abritent les terroristes que nous chassons en Afghanistan, sans grande aide. C’est fini! », s’était en effet exclamé M. Trump.

Pour autant, s’il soutenait les talibans afghans [et fermait les yeux sur la présence des chefs d’al-Qaïda sur son territoire, comme en témoigna le refuge de Ben Laden à Abbottabad, ndlr], le Pakistan devait aussi faire face à la menace terroriste incarnée par le TTP [Tehreek-e-Taliban Pakistan, c’est à dire la branche pakistanaise du mouvement taliban, nldr].

Aussi, et alors que les talibans afghans ont pris le pouvoir, Islamabad paye les conséquences de son double-jeu, l’Afghanistan servant maintenant de base arrières aux militants du TTP, ce qui se traduit par une recrudescence d’attaques commises sur le sol pakistanais. Et les relations avec Kaboul sont désormais tendues…

Et elle le sont probablement d’autant plus que la donne politique a changé à Islamabad, après une motion de censure fatale au Premier ministre Imran Khan, lequel a été remplacé, en avril, par Shehbaz Sharif, sans doute plus consensuel.

« Les États-Unis félicitent le premier ministre du Pakistan nouvellement élu Shehbaz Sharif, et nous nous avons hâte de poursuivre notre coopération historique avec le Pakistan », avait réagi, à l’époque, Antony Blinken, le chef de la diplomatie américaine. Et d’ajouter : « Les États-Unis estiment qu’un Pakistan fort, prospère et démocratique est essentiel pour les intérêts de nos deux pays ».

Les relations entre Washington et Islamabad sont-elles redevenues comme avant? En tout cas, la frappe qui a tué Ayman al-Zawari, le successeur de Ben Laden à la tête d’al-Qaïda, le 30 juillet, à Kaboul, le suggère… Étant donné que l’Afghanistan est enclavé, il est probable que le drone Reaper impliqué dans cette opération ait décollé du Pakistan. Ou, du moins, ait traversé l’espace aérien pakistanais.

C’est d’ailleurs ce que soutient le ministre taliban de la Défense, Mohammed Yaqoub. « Nos informations indiquent qu’ils [les drones américains] entrent en Afghanistan depuis le Pakistan et utilisent l’espace aérien du Pakistan », a-t-il en effet affirmé, lors d’une conférence de presse donnée le 28 août. « Nous demandons au Pakistan de ne pas utiliser son espace aérien contre nous », a-t-il ajouté.

Quoi qu’il en soit, et alors que le Pakistan mise de plus en plus sur la Chine pour moderniser ses forces armées [comme avec la commande d’avions de combat Chengdu J-10C], la Defense Security Cooperation Agency [DSCA], chargée des exportations d’équipements militaires américains, a rendu un avis favorable à la vente potentielle de « matériels de maintenance et d’équipements connexes » destinés aux F-16 des forces aériennes pakistanaises. La valeur estimée de se possible contrat, qui devrait revenir à Lockheed-Martin, est de 450 millions de dollars.

« Cette vente potentielle soutiendra la politique étrangère et les objectifs de sécurité nationale des États-Unis en permettant au Pakistan de conserver son interopérabilité avec les forces américaines […] dans le cadre de la lutte contre le terrorisme en cours et en préparation de futures opérations », a fait valoir la DSCA dans sa recommandation adressée au Congrès [qui aura le dernier mot]. Et d’assurer qu’elle « ne modifiera pas l’équilibre militaire de base dans la région ».

Cela, de tels avis favorables ont été rares au cours de ces dernières années. Et certains d’entre-eux sont quasiment restés lettre-morte. Tel est le cas de la commande potentielle de 15 hélicoptères d’attaque AH-1Z Viper, avec leurs missiles Hellfire, approuvée en avril 2015. D’un montant de 952 millions de dollars, elle n’a donné lieu à aucune livraison aux forces pakistanaises, en raison, justement, des tensions politiques entre Washington et Islamabad. Cependant, les appareils ont été construits : ils ont été mis sous cocon, en attendant une amélioration des relations entre les deux capitales.

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