Le Pentagone suspend les livraisons d’avions F-35 à cause de la présence de composants chinois

En 2014, l’équipementier américain Honeywell fut au centre d’une polémique pour avoir utilisé des composants électroniques de facture chinoise afin de livrer des capteurs destinés aux chasseurs-bombardiers de 5e génération F-35 « Lightning II », produits par Lockheed-Martin.

« Il s’agit d’un capteur électrique commun trouvé sur une carte de circuit qui est largement disponible dans les applications commerciales dans le monde entier », avait expliqué un porte-parole du groupe. Et si le composant en question, intégré dans le système de gestion d’énergie thermique permettant de refroidir le moteur F-135 et de pressuriser le cockpit du F-35 n’était pas programmable, le Pentagone avait toutefois décidé de le remplacer.

La décision de s’approvisionner en Chine pour ce composant précis avait été motivée par des considérations économiques. Si une telle pratique n’était pas interdite, Honeywell aurait dû obtenir une autorisation de la part des autorités américaines, conformément à la Loi sur l’exporation et le contrôle des armements [Arms Control Export Act]. Ce qui n’avait été le cas… Et ce qui lui fut notamment reproché.

Depuis, les États-Unis ont lancé plusieurs initiatives afin de réduire leur dépendance par rapport à la Chine pour certains composants et matériaux critiques. Ainsi, l’administration Trump [mais celle de M. Biden a emprunté la même voie] avait élaboré un plan, en 2019, pour réduire les importations chinoises de Terres rares [expression qui désigne un groupe de 17 éléments ayant des propriétés électroniques magnétiques, optiques ou encore catalytiques, nldr]… sachant qu’un F-35 en contient 400 kg.

Quoi qu’il en soit, le 7 septembre, le Pentagone a fait savoir que les livraisons de F-35 étaient suspendues parce que la turbomachine de ces appareils, fabriquée par Honeywell, contient un alliage de cobalt et de samarium produit… en Chine.

Le bureau du programme F-35 a expliqué que la présence de cet alliage d’origine chinoise ne présente aucun risque particulier pour la sécurité du chasseur-bombardier de Lockheed-Martin, y compris en matière de cybersécurité [mais était-il besoin de le préciser?] Aussi, il n’est pas question d’immobiliser les appareils déjà livrés et actuellement en service.

Cependant, une enquête a été ouverte pour déterminer si l’utilisation de cet alliage produit en Chine est conforme ou non au « règlement sur les acquisitions fédérales de la défense » [DIARS – Defense Federal Acquisition Regulations Supplement]. Et, selon les premiers éléments, il semblerait qu’il y ait un problème de conformité.

« Lockheed-Martin travaille actuellement avec le Pentagone pour fournir toutes les informations utiles pour obtenir à une dérogation au DIARS si l’alliage chinois s’avère finalement non conforme », a indiqué un porte-parole du groupe américain, via un communiqué.

Honeywell « reste déterminé à fournir des produits de haute qualité qui respectent ou dépassent toutes les exigences contractuelles des clients », a fait valoir un porte-parole de l’équipementier. « Nous travaillons en étroite collaboration avec le département de la Défense et Lockheed Martin pour nous assurer que nous continuons à respecter ces engagements sur les produits que nous fournissons pour le F-35 », a-t-il ajouté.

En attendant, Honeywell a changé de fournisseur et en a trouvé un autre implanté aux États-Unis. Seulement, Lockheed-Martin a dit ignorer quand les turbomarchines exemptes de matériaux chinois pourrait être installées sur les F-35 en cours de production.

Jusqu’à présent, et sur les 148 à 153 prévus pour 2022, Lockheed-Martin a livré 88 F-35 depuis le début de cette année.

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