La Chine promet des « contre-mesures » après l’annonce de nouvelles ventes d’armes américaines à Taïwan

Des chasseurs-bombardiers F-16 Viper aux drones MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] MQ-9B Sea Guardian, en passant pas les chars M1A2T Abrams, les systèmes d’artillerie M142 HIMARS et différentes sortes de missiles, dont 400 RGM-84L-4 Harpoon Block II pour assurer la défense des approches maritimes ainsi que 135 AGM-84 SLAM ER [Standoff Land Attack Missile / Expanded Response]… Durant le mandat du président Trump, Taïwan obtint l’autorisation d’acquérir auprès des États-Unis tous les armements que l’administration Obama rechignait jusqu’alors à lui fournir pour ne pas froisser la Chine.

Puis, en août 2021, et pour la première fois depuis que le président Biden a pris ses fonctions à la Maison Blanche, la Defence Security Cooperation Agency [DSCA], l’agence chargée des exportations d’équipements militaires américains, autorisa une nouvelle vente d’armes à Taïwan, en l’occurrence 40 canons automoteurs [chenillés] de 155 mm M109A6 « Paladin » pour un montant estimé à 750 millions de dollars. D’autres autorisations furent délivrées par la suite… Mais elles concernaient surtout des prestations de logistique [pièces de rechange pour navires, notamment] et des services d’ingénierie.

Alors que l’activité militaire chinoise autour de l’île a atteint dernièrement une ampleur sans précédent, surtout après la visite à Taipei, début août, de Nancy Pelosi, la président de la Chambre des représentants du Congrès des États-Unis, la DSCA vient de publier trois nouveaux avis autorisant la vente à Taïwan de 60 missiles anti-navires AGM-84L-1 Harpoon Block II pour 355 millions de dollars, 100 missiles air-air de courte portée AIM-9X Block II Sidewinder et de services visant à assurer un soutien logistique au « Surveillance Radar Program » [SRP – Programme de radar de surveillance] dans le cadre d’un contrat évalué à 665 millions de dollars.

Pour justifier ces trois ventes potentielles, la DSCA avance qu’elles « servent les intérêts économiques et la sécurité nationale des États-Unis » tout en permettant aux forces armées taïwanaises de maintenir une « capacité défensive crédible ». Et de soutenir qu’elles « ne modifieront pas l’équilibre militaire de base dans la région ».

Comme à chaque annonce de ce type [depuis 2010, le montant total des ventes d’équipements militaires américains à Taiwan a dépassé les 35 milliards de dollars, nldr], Pékin n’a pas manqué de réagir. Les livraisons d’armes à Taipei mettent « gravement en péril les relations sino-américaines ainsi que la paix et la stabilité à travers le détroit de Taiwan » et « la Chine prendra résolument des contre-mesures légitimes et nécessaires au vu de la situation », a fait valoir la diplomatie chinoise.

« Nous appelons Pékin à mettre fin à ses pressions militaires, diplomatiques et économiques sur Taïwan et à engager plutôt un dialogue » avec Taipei, a rétorqué le département d’État. « Les États-Unis continuent de soutenir un règlement pacifique de la question, conformément aux vœux et dans l’intérêt du peuple taïwanais », a-t-il insisté.

Cela étant, il reste à voir si Taïwan pourra recevoir les munitions et les équipements commandés dans les délais prévus… Ce qui n’est pas certain en raison de la hausse significative des prises de commandes auprès des industriels américains après l’invasion de l’Ukraine par la Russie et des tensions sur les chaînes d’approvisionnement de certains composants.

C’est d’ailleurs déjà le cas pour les missiles sol-air portables Stinger, voire pour les missiles anti-char Javelin. Même chose pour les obusiers Paladin, qui ne seront pas livrés d’ici 2026, à cause d’une chaîne de production encombrée. Aussi, l’état-major taïwanais est en quête d’une autre solution.

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