Un patrouilleur de l’US Coast Guard s’est vu refuser une escale aux Îles Salomon, où la Chine étend son influence

Parce que leur contrôle permettrait de maintenir, en cas de guerre, les lignes d’approvisionnement entre les États-Unis et l’Australie [d’où l’importance de la bataille de Guadalcanal, en 1942/43], les Îles Salomon sont stratégiques. Et d’ailleurs la raison pour laquelle la Chine leur accorde une attention toute particulière, au grand dam des autorités australiennes et américaines.

Ainsi, via de nombreux investissements – une manne tombée du ciel pour cet État mélanisien figurant parmi les plus pauvres du monde – Pékin y compte de nombreux relais d’influence, à commencer par l’actuel Premier ministre salomonais, Manasseh Sogavare, qui a résolument aligné la politique étrangère de son pays sur les intérêts chinois en rompant les relations diplomatiques avec Taïwan, en adhérant aux nouvelles routes de la soie ou encore en signant un accord de sécurité qui autorise les navires de la composante navale de l’Armée populaire de libération [APL] à faire escale dans l’archipel.

Ce mois-ci, Honiara a obtenu de Pékin un prêt de 66 millions de dollars pour financer la construction de 161 tours de télécommunications par le groupe chinois Huawei, soupçonné par ailleurs d’avoir des liens avec l’APL…

L’Australie et les États-Unis n’ont visiblement pas su trouver les leviers nécessaires pour contrer cette influence chinoise qui ne cesse de croître dans l’archipel mélanésien. Début août, la numéro deux de la diplomatie américaine, Wendy Sherman, s’y est rendue pour assister, aux côtés de responsables australiens et néo-zélandais, à une cérémonie commémorant la bataille de Guadalcanal. Cérémonie à laquelle M. Sogavare n’a pas participé…

Cela étant, à cette occasion, Mme Sherman a mis en garde les îles du Pacifique contre les régimes autocratiques qui « tentent de ressusciter des idées corrompues quant à l’usage de la force et pensent que la coercition, la pression et la violence sont des instruments qu’on peut impunément employer ». Les dirigeants de ces États du Pacifique seront d’ailleurs conviés à Washington, fin septembre.

Quoi qu’il en soit, il est sans doute trop tard pour convaincre les Îles Salomon de faire machine arrière, comme en témoigne ce qui est arrivé au patrouilleur USCG Oliver Henry de l’US Coast Guard [USCG], alors en mission de police des pêches dans la région.

En effet, le navire américain n’a pas été autorisé à faire escale à Honiara. Plus précisément, les autorités salomonaises n’ont pas répondu à la demande d’autorisation qui leur avait été préalablement adressée pour permettre cette relâche de l’USCGC Oliver Henry. Celui a alors mis le cap vers Port Moresby, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, pour se ravitailler.

A priori, mais la Royal Navy n’a pas souhaité le confirmer, un sort identique a été réservé par Honiara à son patrouilleur HMS Spey, qui a récemment rejoint les gardes-côtes américains « dans le sud-ouest du Pacifique dans un effort concerté » pour protéger les ressources halieutiques locales » [opération Island Chief, qui concerne une quinzaine de pays, pour qui la pêche illégale représente un manque à gagner estimé à environ 150 millions d’euros par an, nldr].

Selon l’Associated Press, un porte-paroles de l’USCG a déclaré que le département d’État a entamé un dialogue avec le gouvernement des Îles Salomon pour que, « à l’avenir, des autorisations soient accordées aux navires américains ».

Pour rappel, afin de contrer la « milice maritime forces armées populaires chinoises », constituées de chalutiers n’hésitant pas à se livrer à des manoeuvres d’intimidation à l’égard des pêcheurs locaux, les États-Unis avaient annoncé, en octobre 2020, que l’US Coast Guard déploierait des patrouilleurs rapides de la classe Sentinel dans le Pacifique occidental afin d’y mener des missions de sécurité maritime, « en collaboration avec des partenaires de la région qui ont des capacités de surveillance maritime limitées ».

L’US Coast Guard est une force militaire qui relève du département de la Sécurité intérieure [DHS]. Sauf en temps de guerre où elle est susceptible de passer sous l’autorité de l’US Navy.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]