L’armée australienne a dévoilé un blindé Bushmaster doté d’une motorisation électrique

Conçu par Thales Australia, le véhicule de transport de troupes Bushmaster de l’armée australienne est actuellement équipé d’un moteur diesel à six cylindres de type « Caterpillar 3126E » de 330 ch [ou 246 kW], lequel lui permet de faire rouler ses 12,4 tonnes [à vide] à la vitesse maximale de 100 km/h et d’avoir une autonomie de 800 km. Mais cela pourrait changer à l’avenir.

En effet, la semaine passée, à l’occasion du Chief of Army Symposium 2022, organisé à Adelaïde, le ministre adjoint australien de la Défense, Matt Thistlethwaite, a annoncé que le Bushmaster serait doté d’une motorisation électrique, dans le cadre du programme ePMV [electric Protected Military Vehicle].

« Nous avons connu un grand succès avec des véhicules conçus et construits en Australie pour assurer la sécurité du personnel au combat et le nouveau ePMV représente la prochaine étape innovante de cette tradition », a ainsi déclaré M. Thistlethwaite. « Cet ePMV apportera les avantages des véhicules électriques sur le champ de bataille, en étant notamment plus silencieux que ses homologues à moteur à combustion. Et j’ai hâte de le voir fonctionner lors d’essais sur le terrain », a-t-il ajouté.

« Il est essentiel que nous soutenions l’exploration et le développement de ces technologies pour les Forces de défense australiennes tout en soutenant l’industrie et les emplois australiens », a également fait valoir le ministre adjoint.

Peu de détails supplémentaires ont été donnés par le ministère australien de la Défense. Cependant, des photographies qu’il a publiées indiquent que les batteries de cet ePMV sont fournies par l’entreprise 3ME Technology, spécialiste de la propulsion électrique des véhicules lourds [des engins de chantier… et donc aux blindés].

Quoi qu’il en soit, et selon la presse australienne, le Bushmaster électrique aurait une autonomie de seulement 100 km. Mais celle-ci pourrait être portée à 300 km avec de futures batteries. Ce qui paraît peu… d’autant plus qu’il faut également disposer d’assez d’énergie pour recharger les batteries des équipements optroniques des fantassins…

Aussi, si la propulsion électrique peut simplifier la chaîne logistique et le Maintien en condition opérationnelle [MCO] d’un véhicule tout en étant plus « écologique » [sur ce point, tout le monde n’est pas d’accord… mais c’est un autre débat], il est peu probable de voir cet ePMV sur théâtre d’opérations dans un avenir proche. À moins d’adopter une motorisation hybride, qui combinerait les avantages de l’électrique et du moteur diesel.

« Dans le domaine capacitaire, les développements incluent systématiquement la prise en compte des nouvelles technologies, en particulier dans le domaine de la propulsion. La propulsion électrique est intéressante mais le problème du rechargement sur le terrain n’est pas totalement résolu. L’Agence de l’innovation de Défense [AID] a travaillé sur des scénarios de rupture pour le futur en prenant en compte la dépendance à l’électricité qui va devenir vitale », a d’ailleurs souligné le général Thierry Burkhard, le chef d’état-major des armées [CEMA], lors d’une récente audition parlementaire.

C’est d’ailleurs la leçon de l’expérimentaion du robot mule « ROBOPEX », conduite par l’armée de Terre au Sahel, en 2021. « Les contraintes d’un robot électrique nécessitant un moyen dédié pour la recharge sont trop importantes pour permettre un engagement en milieu déstructuré », a ainsi expliqué le ministère des Armées, dans une réponse à une question écrite que lui avait adressé un député au sujet de cette évaluation.

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