Les blindés Griffon de l’armée de Terre quittent le Sahel en avion

En juillet 2021, trente-deux Véhicules blindés multi-rôles [VBMR] Griffon furent embarqués à bord du roulier « MN Tangara » par le 519e Régiment du Train depuis le port de La Pallice [La Rochelle], où ils venaient d’être acheminés depuis Miramas [Bouches-du-Rhône]. Ces engins devaient en effet rejoindre Dakar [Sénégal] pour être mis à la disposition du 3e Régiment d’Infanterie de Marine [RIMa], lequel formait alors l’ossature du Groupement tactique désert [GTD] « Korrigan » de la force Barkhane, au Mali.

Mis en oeuvre avec le Système d’information du combat Scorpion [SICS], le Griffon a visiblement tenu ses promesses, si l’on en juge par les comptes-rendus de l’armée de Terre. « La grande mobilité et la fiabilité du Griffon ont permis au SGTD [sous-groupement tactique désert, ndlr] de se déplacer avec rapidité hors des pistes afin d’éviter les lieux propices aux engins explosifs improvisés », avait ainsi souligné l’un d’entre-eux.

Ce premier déploiement opérationnel du Griffon intervenait quelques semaines après l’annonce du président Macron concernant l’évolution du dispositif militaire français au Sahel. Depuis, et après un dégradation des relations avec Bamako, la force Barkhane s’est retirée du Mali, la base de Gao ayant été rétrocédée aux forces armées maliennes [FAMa] le 15 août dernier.

Au total, plus de 5’900 conteneurs et 2’100 véhicules ont ainsi été transférés à Niamey, après un transit par Gao. Étant donné que la force Barkhane va être reconfigurée pour prendre en compte la nouvelle donne [elle va conserver entre 2’500 et 3’000 militaires], les Griffon ne seront visiblement plus utiles [où ils devraient l’être davantage sous d’autres latitudes…]. Seulement, ces VBMR ne retourneront pas en France par les mêmes moyens par lesquels ils sont arrivés au Sahel.

« Dans le cadre de la ré-articulation du dispositif de Barkhane, la plupart des véhicules qui ont été désengagés du Mali rentrent en France par voie aérienne via la BAP [base aérienne projetée, ndlr] de Niamey. Ces VBMR Griffon retrouveront bientôt leur régiment d’infanterie dans l’hexagone », a en effet indiqué l’État-major des armées [EMA], via Twitter, ce 19 août.

À noter que, à en croire une infographie diffusée par l’EMA, l’espace aérien algérien reste fermé aux avions de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE], puisque, durant le retrait du Mali, ceux-ci ont emprunté deux voies : l’une passant par le Maroc et la Mauritanie, l’autre par la Libye et le Tchad. Pour rappel, en octobre 2021, Alger avait interdit aux appareils français de survoler son territoire, en réaction à des propos tenus par le président Macron. Puis il fut rapporté que cette interdiction avait été levée en février. Qu’en est-il vraiment?

Quoi qu’il en soit, le chargement d’un Griffon à bord d’un A400M est un exercice pouvant se révéler délicat… en raison de ses dimensions [7,58m x 2,54m x 3,50m] et de sa masse [24,5 tonnes]. Ça se « joue à quelques centimètres », avait confié un commandement de bord d’A400M, à l’issue d’essais visant à homologuer les conditions d’aérotransport d’un blindé d’un tel gabarit.

En tout cas, pour le retrait du Mali, la voie aérienne a été privilégiée par rapport au transport maritime : entre le 30 octobre 2021 et le 15 août dernier, 150 rotations par avion ont été réalisées, contre seulement 5 convois maritimes. L’une des raisons pouvant expliquer cette tendance est que, après les difficultés rencontrées par un convoi de Barkhane au Burkina Faso, en novembre dernier, il est devenu plus compliqué de se rendre à Abidjan [Côte d’Ivoire] où les blindés auraient pu prendre place à bord d’un roulier.

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