Le Danemark prévoit d’investir plus de cinq milliards d’euros pour moderniser et renforcer ses forces navales

Comme l’a récemment souligné l’amiral Pierre Vandier, le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM] lors d’une récente audition parlementaire, les enjeux maritimes sont cruciaux, ne serait-ce que pour assurer la sécurité des approvisionnements, la protection des approches, la préservation de l’environnement ou bien encore la surveillance des câbles de télécommunications. Le tout dans un contexte marqué par la remise en cause des règles de droit international et un réarmement massif de certaines puissances.

Ce constat est partagé par Morten Bødskov, le ministre danois de la Défense. D’où l’annonce qu’il vient de faire, ce 18 août. Ainsi, Copenhague a l’intention d’investir plus de 5 milliards d’euros [40 milliards de couronnes danoises] pour moderniser et renforcer ses forces navales.

« Nous sommes confrontés à une situation grave en Europe. Il y a la guerre [en Ukraine] et nous venons de traverser la pandémie de coronavirus. Le point commun de ces deux situations est qu’elles ont créé des problèmes pour la sécurité de nos approvisionnements », a en effet déclaré M. Bødskov, lors d’une conférence de presse.

« Il n’est pas envisageable, surtout en temps de guerre en Europe, que la défense danoise puisse avoir des problèmes pour construire des navires et autres équipements. C’est pourquoi nous agissons maintenant, pour moderniser notre flotte », a continué le ministre, sans préciser le nombre de bateaux susceptibles d’être construits dans le cadre du plan qu’il a annoncé.

Actuellement, les capacités de la Marine royale danoises reposent sur neuf frégates, dont trois défense aérienne [classe « Iver Huitfeldt », qui a inspiré la conception de la frégate britannique de type 31, ndlr], deux appartenant à la classe « Absalon » et trois de type Thétis, construites à la fin des années 1980. Elle dispose également d’une dizaine de patrouilleurs et de navires d’assistance.

L’une des particularités du Danemark est qu’il est le pays d’origine du groupe Maersk, le plus grand armateur de porte-conteneurs du monde. Aussi, quand ce dernier a été confronté à des problèmes de piraterie dans le golfe de Guinée, il a fait appel au gouvernement danois pour bénéficier d’une protection dans cette partie du globe.

Par ailleurs, la Marine royale danoise doit également s’employer à surveiller les eaux territoriales du royaume, lesquelles ont récémment été violées à deux reprises au nord de l’île de Christiansø par une corvette russe. En outre, les routes reliant la Baltique à la mer du Nord passent par la région du Cattegat, bordée par celles du Jutland [Danemark] et de Halland [Suède] ainsi que par les détroits « Grand Belt » [ou Storebæl] et Øresund. Or, elles sont régulièrement fréquentées par les navires russes se rendant à Saint-Petersbourg ou à Kaliningrad.

D’ailleurs, selon l’historien naval Søren Nørby, cité par Nyheder, la Marine royale danoise pourrait justement mettre l’accent sur la Baltique dans les années à venir et consacrer moins de moyens aux déploiements lointains. « Cela nécessitera probablement des navires légèrement différents », a-t-il dit. « Pour le moment, nous n’avons que cinq vrais navires de guerre, et bien sûr, ils sont super bons dans ce qu’ils peuvent faire. Mais ils ne peuvent être qu’à un seul endroit à la fois. Il se pourrait bien que nous ayons besoin d’un peu plus », a-t-il ajouté.

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