Moscou accuse un avion espion britannique d’avoir violé son espace aérien; Londres dément

Depuis que la Russie a lancé l’invasion de l’Ukraine, le 24 février dernier, l’activité des avions de renseignement de l’Otan [notamment ceux des États-Unis, du Royaume-Uni et de la France] s’est accentuée en mer Noire, dans la région de la Baltique, en mer de Norvège, voire en mer de Barents, aux abords de la péninsule de Kola, laquelle abrite le quartier général de la flotte russe du Nord.

Si, par le passé, il a assez souvent été fait état d’interceptions considérées comme « dangereuses » et « non professionnelles » d’avions de renseignement américains par les forces aériennes russes, aucun incident de ce genre n’a été rapporté depuis février, malgré une fréquence plus élevée de tels vols aux abords de la Russie. Ce n’est désormais plus le cas.

En effet, le 15 août, le ministère russe de la Défense a accusé un avion de renseignement électronique RC-135 Rivet Joint de la Royal Air Force [RAF] d’avoir violé l’espace aérien de la Russie à la hauteur du cap Sviatoï Nos, situé sur la côte orientale de la péninsule de Kola. Et de préciser que l’appareil britannique a été intercepté par un chasseur MiG-31 « Foxhound », lequel l’a contraint à rebrousser chemin.

Les forces aérospatiales russes « ont pour instruction d’empêcher la violation de la frontière de la Fédération de Russie. […] Toutes les conséquences possibles de cette provocation délibérée incomberont à la partie britannique », a ensuite fait valoir Moscou.

Comme souvent, ce genre d’incident donne lieu à des versions contradictoires. Le ministère britannique de la Défense a nié toute violation de l’espace aérien russe par ce RC-135W Rivet Joint et a dénoncé le comportement du MiG-31 venu l’intercepter.

« Un avion russe MiG-31 s’est rapproché dangereusement d’un avion RC-135W Rivet Joint de la RAF alors qu’il effectuait une opération de routine dans l’espace aérien international au-dessus des mers de Norvège et de Barents le lundi 15 août », a en effet assuré un porte-parole.

« L’avion britannique était en communication avec le contrôle du trafic aérien civil russe et son équipage a opéré de manière sûre et professionnelle », a-t-il précisé.

Selon des sources militaires sollicitées par le quotidien The Times, le MiG-31 russe se serait approché à moins de trente mètres du RC-135W. Quoi qu’il en soit, celui-ci a pu regagner son problème la base de Waddington.

Étant donné l’activité navale russe en mer de Barents [le croiseur nucléaire « Pierre le Grand » est actuellement de sortie et la Flotte du Nord s’apprête à lancer son expédition annuelle dans l’Arctique], l’activité des avions de renseignement américains et britanniques est intense Ce qui n’est pas nouveau : cette pratique remonte aux années 1950.

« Les Américains et les Britanniques survolent la mer de Barents depuis les années 1950, généralement depuis des bases au Royaume-Uni [la Norvège n’autorise pas de tels missions de renseignement depuis son territoire, ndlr]. Il n’y a eu qu’un seul incident », a ainsi rappelé Per Erik Solli, de l’Institut norvégien des affaires internationales, dans les colonnes du Barents Observer.

L’incident en question s’est produit en 1960. Cette année-là, un avion espion américain de type RB-47H fut abattu par un MiG-19, les Soviétiques ayant estimé – à tort, comme cela sera démontré par la suite – qu’il se trouvait dans leur espace aérien.

Photo : RC-135W Rivet Joint – Royal Air Force

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