Le dernier détachement de la force Barkhane a quitté le Mali

L’état des lieux de la Plateforme opérationnelle désert [PfOD] de Gao ayant été réalisé, ce n’était plus qu’une question de semaines, voire de jours. Ce 15 août, à 13 heures, les derniers militaires français ont quitté le Mali, mettant ainsi un terme à neuf ans d’opérations de contre-terrorisme dans le pays.

« Ce jour, à 13h00 [heure de Paris], le dernier détachement de la force Barkhane présent sur le sol malien a franchi la frontière entre le Mali et le Niger. Il provenait de la plateforme opérationnelle désert de Gao, transférée aux Forces armées maliennes depuis ce matin », a en effet annoncé l’État-major des armées, via un bref communiqué.

Et d’ajouter : « Conformément à la décision du président de la République du 17 février 2022, la force Barkhane au Mali s’est réarticulée hors du pays, en moins de six mois. Ce défi militaire logistique majeur a été relevé, en bon ordre et en sécurité, ainsi qu’en totale transparence et en coordination avec l’ensemble des partenaires ».

Parallèlement à cettre « réarticulation », la force Barkhane a continué ses opérations contre les groupes armés terroristes [GAT] présents au Mali. La semaine passée, une frappe avait ainsi « neutralisé » un cadre du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM ou JNIM, lié à al-Qaïda], ainsi que cinq autres jihadistes, dans la région de Talataï.

Puis, quelques jours plus tard, et après avoir mené une mission de sécurisation de Gao et de ses alentours, le Groupement tactique désert [GTD] Monclar a déjoué une attaque jihadiste dans le le Liptako malien, sur l’axe menant à Niamey. Désormais, le combat contre les groupes terroristes se feront selon d’autres modalités, en-dehors du Mali.

« La profonde transformation de l’opération Barkhane ne se réduit pas à la fin de sa présence sur le territoire malien. Dans une logique de co-construction, les armées françaises continuent le combat contre le terrorisme au Sahel, en coordination avec nos partenaires africains et internationaux », a rappelé l’EMA.

Par ailleurs, jusqu’au dernier moment, la force Barkhane aura été visée par des attaques informationnelles.

Ainsi, et alors que le départ des derniers soldats français se précisait, le 14 août, une organisation, appelée les « Forces vive de Gao », a dit avoir donné un utimatum de 72 heures à Barkhane pour quitter le Mali, au cours d’une manifestation organisée à Gao, pendant laquelle des slogans hostiles à la France ont été scandés.

Pour rappel, depuis le coup d’État mené en deux temps par le colonel Assimi Goïta et le recours de Bamako aux services du groupe paramilitaires russes Wagner, les relations entre Bamako et Paris se sont dégradées, au point que les conditions pour poursuivre les opérations contre les GAT n’étaient plus réunies. D’où la décision prise par le président Macron de retirer les forces françaises du Mali, où elles avaient été pourtant appelées le 11 janvier 2013 par les autorités maliennes, alors aux prises avec al-Qaïda au Maghreb islamique [AQMI] et ses alliés, qui occupaient le nord du pays. Au total, 52 [*] militaires français ont perdu la vie au Mali, le premier ayant été le chef de bataillon Damien Boiteux, du 4e Régiment d’Hélicoptères de Forces Spéciales [RHFS].

MàJ –

Dans un communiqué publié après celui de l’EMA, le général Bruno Baratz, le commandant de la force Barkhane, a tenu à souligner le rôle tenu par la PfOD de Gao au cours de ces neuf dernières années.

Cette emprise a « permis à l’ensemble des forces de la coalition de l’opérationb Barkhane d’agir au plus près des zones refuges des GAT, dans le nord et l’est du Mali, de maintenir une pression forte et dissuasive sur eux et de soutenir avec détermination l’effort des FAMa [Forces armées maliennes, nldr] dans la région », a écrit le général Baratz.

En outre, a-t-il rappelé, « au-delà des aspects militaires, les régions de Gao, Ansongo et Labbezanga ont également bénéficié de la présence de la force Barkhane dans de nombreux domaines : celui de la sécurité, bien sûr, mais aussi de l’économie, de l’éducation, de la santé et du développement. La cohabitation entre la force Barkhane et la population de Gao a toujours été marquée par un profond respect mutuel, permettant de tisser des liens d’amitié indéfectibles. Nous la remercions de son hospitalité, comme de la confiance qu’elle nous a témoignée ».

[*] 59 pour l’ensemble du théâtre sahélien

Photo : Archive / EMA

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