Des explosions ont eu lieu sur une base abritant des forces russes en Biélorussie

Située dans l’ouest de la Crimée, à plus de 200 km de front, et occupée par le 43e régiment d’aviation d’attaque navale de la marine russe [43 OMShAP], doté de bombardiers tactiques Su-24M « Fencer » et de chasseurs Su-30 « Flanker », la base de Saki a été secouée par une explosion massive, dont les images ont été largement diffusées via les réseaux sociaux.

Peu après, les autorités russes ont expliqué que des « violations des règles de sécurité incendie » avaient entraîné la destruction de « plusieurs munitions d’aviation », sans causer de dommages aux infrastructures et aux avions de la base en question. « Il n’y a aucun signe ou preuve que cela ait été fait intentionnellement », ont-elles ajouté.

Seulement, l’imagerie satellitaire dit tout le contraire. D’après des photographies fournies par la société Planet Labs, on constate au moins trois cratères dans la zone parking de cette base, des bâtiments et hangars démolis ainsi que plusieurs appareils endommagés [si ce n’est détruits].

Même si le président ukrainien, Volodymyr Zelenski, a déclaré que la guerre devra se « terminer avec la libération » de la Crimée, Kiev n’a pas revendiqué officiellement d’attaque contre la base russe de Kati. « Le ministère ukrainien de la Défense ne peut pas établir la cause de l’incendie, mais rappelle une fois de plus les règles de sécurité incendie et l’interdiction de fumer dans des endroits non spécifiés », ont ironisé le autorités ukrainiennes.

Officieusement, en revanche, un officier ukrainien a affirmé au New York Times que l’Ukraine était bien à l’origine des destructions constatées sur cet aérodrome, sans pour autant préciser le mode opératoire suivi.

En effet, les forces ukrainiennes ne disposent théoriquement pas de missiles d’une portée assez longue et suffisamment précis pour atteindre la Crimée depuis les positions qu’elles occupent actuellement. D’où la rumeur selon laquelle les États-Unis leur auraient founi des missiles ATACMS [MGM-140 Army Tactical Missile System] pour leurs M142 HIMARS…

Cependant, le responsable cité par le quotidien américain a indiqué qu’un engin de « fabrication ukranienne avait été utilisé ». Ce qui ne laisse qu’une possibilité : l’emploi du missile balistique Hrim-2 [encore appelé Grim-2, Grom ou encore Sapsan]. D’une portée de 280 km, il est développé depuis 2013 par un consortium de plusieurs entreprises spécialisées ukrainiennes.

En tout cas, quel que soit le type de missile utilisé [voire le drone, ce qui paraît cependant peu probable au regard des dégâts infligés à la base], les défenses aériennes russes ont été prises à défaut…

Quoi qu’il en soit, la base de Kati n’a pas été la seule à avoir été secouée par des explosions. Celle de Zyabrovka, en Biélorussie, a en effet connu un sort identique, dans la nuit du 10 au 11 août. Selon Minsk, leur origine serait un moteur qui aurait pris feu après avoir été remplacé sur un « véhicule ». Feu qui « a été rapidement maîtrisé », a indiqué le ministère biélorusse de la Défense, assurant que « personne n’avait été blessé ».

Située dans la région de Gomel, près de la frontière avec l’Ukraine, la base de Zyabrovka abriterait un important volume de forces russes, dotées de systèmes de défense aérienne S-400, de batteries Pantsir S1, de missiles balistiques Iskander, de chars et de véhicules de combat d’infanterie.

D’après une vidéo supposée être celle de l’incident, le « Belarussian Harun Project » a compté huit explosions… Ce qui n’est pas conforme avec les explications données par Minsk.

Ce 12 août, cette organisation a indiqué qu’un radar de défense aérienne 92N6E [code Otan : « Grave Stone »] aurait été détruit, de même qu’un char T-72 et des munitions. « Pour le moment, nous continuons à collecter et à clarifier les informations », a-t-elle indiqué.

Cela étant, l’Ukraine n’a revendiqué aucune attaque menée sur le territoire biélorusse. Toutefois, début juillet, le président biélorusse, Alexandre Loukachenko, avait accusé Kiev d’avoir tiré des missiles en direction de son pays. « On nous provoque. Je dois vous dire qu’il y a environ trois jours, peut-être plus, on a essayé depuis l’Ukraine de frapper des cibles militaires en Biélorussie. Dieu soit loué, nos systèmes anti-aériens Pantsir ont intercepté tous les missiles tirés par les forces ukrainiennes », avait-il assuré.

Photo : Vitaly KuzminCC BY-SA 4.0

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]