Pour son directeur, la mission de la Gendarmerie « n’est pas d’arrêter les voleurs… mais de faire en sorte qu’il n’y en ait pas »

Dans sa nouvelle dystopique « Minority Report » publiée en 1956, l’écrivain américain Philip K. Dick avait décrit une société dans laquelle les crimes étaient prédits grâce au don de précognition de trois « précogs », permettant ainsi à une agence gouvernementale appelée « Précrime » d’éradiquer la criminalité à Washington, les assassins étant arrêtés avant de passer à l’acte. Cette fiction a-t-elle inspiré la Gendarmerie nationale?

Lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le 27 juillet, son directeur général [DGGN], le général Christian Rodriguez a en effet affirmé que la « mission première » des gendarmes « n’est pas d’arrêter les voleurs mais de faire en sorte qu’il n’y ait pas de voleur ». Pour cela, a-t-il continué, le « maillage du territoire, s’il n’en est pas une condition suffisante, en est une condition nécessaire, au même titre que la statut militaire ».

S’agissant plus précisement de ce maillage territorial, le général Rodriguez a rappelé que la Gendarmerie nationale comptait 100’000 militaires « pour couvrir 95% du territoire », le tout avec la nécessité de « dégager du temps pour rencontrer les concitoyens, les maires et les élus, afin de produire du sentiment de sécurité ».

Dans le détail, 33’400 des 35’000 communes de France sont situées en zone de gendarmerie, ce qui, selon le DGGN, représente « 52% de la population », dont la moitié vit « en zones urbaines et périurbaines ».

Cela ayant été rappelé, pour faire en sorte qu’il « n’y ait pas de voleurs », la Gendarmerie a recours à l’intelligence artificielle. « Nous avons aussi développé des algorithmes permettant de placer des gendarmes au bon endroit et au bon moment, en évitant notamment de recourir à eux la nuit lorsque c’est superflu », a expliqué le générail Rodriguez.

Ce qui, a-t-il continué, permet de dégager du « temps » au profit du « surcroît de proximité qui sera attendu des gendarmes, conformément à la commande passée par le Président de la République et le ministre de l’intérieur, d’un doublement de la présence sur la voie publique ».

En outre, a encore indiqué le DGGN, ce recours à l’intelligence artificielle donne des « effets perceptibles sur le terrain. » Ainsi, a-t-il développé, un « algorithe a également permis dans onze départements d’accroître la présence des gendarmes sur les lieux où les cambriolages étaient probables, améliorant ainsi leur prévention de 3 % par rapport aux autres départements ».

Et il s’agit d’aller plus loin. « Une deuxième version de cet algorithme, qui sera expérimentée avant la fin de l’année, tiendra compte de l’ensemble des situations de crise rencontrées », a indiqué le général Rodriguez. « Des ‘cartes chaudes’ seront ainsi fournies aux gendarmes qui partiront en patrouille, afin qu’ils sachent où se positionner pour prévenir les faits de délinquance, mais aussi les accidents de voiture, etc », a-t-il précisé.

Par ailleurs, sachant que 90% des feux de forêt ont une origine humaine [imprudences et comportements dangereux], la gendarmerie fait aussi tourner ses algorithmes pour prévenir les incendies criminels.

« La gendarmerie ne mène pas la lutte contre les incendies : elle y est engagée pour évacuer les populations et éviter les pillages. Nous sommes également chargés des enquêtes. Avec les algorithmes, les pompiers parviennent à anticiper les déplacements des incendies, mais nous parvenons aussi à prévoir les lieux où les feux risquent de prendre. Nous avons ainsi interpellé plusieurs personnes, souvent perturbées, qui étaient soupçonnées d’être à l’origine d’incendies », a ainsi conclu le général Rodriguez.

Photo : Gendarmerie nationale

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