Selon Taipei, les exercices militaires annoncés par Pékin vont menacer les zones urbaines et les ports de Taïwan

Le 2 août, à peine le Boeing C-40 transportant Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des représentants du Congrès des États-Unis, venait-il de se poser à Taipei que, comme on pouvait s’y attendre, 21 avions militaires chinois étaient signalés dans la zone d’identification de défense aérienne [ADIZ] taïwanaise.

Cela étant, la réaction de la composante aérienne de l’Armée populaire de libération [APL] aurait pu être plus conséquente étant donné que, par le passé, elle a envoyé des formations beaucoup plus étoffées aux abords de Taïwan, comme le 1er octobre dernier, 38 appareils s’étant aventurés dans l’ADIZ taïwanaise. D’autres démonstrations de force de la même ampleur ont par la suite été réalisées, comme le 23 janvier [avec 39 avions] et le 31 mai [avec 30 avions].

Selon les données communiquées par le ministère taïwanais de la Défense, la formation chinoise repérée le 2 août était composée de 18 chasseurs [dont 8 J-11 et 10 J-16], d’un avion de guet aérien KJ-500 AEW&C et de deux appareils dédiés au renseignement et à la guerre électronique, dont un Y-8 ELINT et un Y-9 EW.

Cela étant, considérant la visite de Mme Pelosi à Taïwan comme une « provocation », dans la mesure où elle remettrait en cause l’engagement des États-Unis au concept de « Chine unique » [visite qui n’est pas une première… puisque Newt Gigrinch, président de la Chambre des représentants, s’était rendu à Taipei en 1997, ndlr], la Chine a fait savoir qu’elle ménerait des « actions militaires ciblées » dans les heures à venir.

Ainsi, le ministère chinois de la Défense a annoncé qu’il organiserait des exercices militaires, impliquant des tirs réels, dans six zones entourant Taïwan, à compter du 4 août. Cette mesure vise « défendre résolument la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale et à fermement contrecarrer les ingérences extérieures et les tentatives séparatistes d »indépendance de Taïwan' », a fait valoir le colonel Wu Qian, son porte-parole.

Proche du Parti communiste chinois [PCC], le quotidien « Global Times » a indiqué que ces exercices, « susceptibles d’être les plus importants depuis 1996 » [et donc depuis la troisième crise du détrout de Taïwan] serviront « non seulement d’avertissement aux sécessionistes américains et aux indépendantistes de Taïwan » mais aussi de « répétition » pour une « réunification de l’île par la force ».

Le colonel Shi Yi, porte-parole du commmandement oriental de l’APL, a précisé que ces exercices prévoient des « tirs réels à longue portée dans le détroit de Taïwan » ainsi que des « lancements de missiles conventionels ». En outre, ils impliqueront des moyens aériens et navals, dont probablement les porte-avions CNS Liaoning et CNS Shandong, qui ont appareillé respectivement le 31 juillet et le 1er août.

« Les tirs réels à longue portée dans le détroit de Taïwan seront probablement effectués par des lance-roquettes multiples qui peuvent frapper des cibles sur l’île de Taïwan directement depuis le continent », a commenté le Global Times, en citant des experts militaires.

Selon les coordonnées communiquées par le ministère chinois de la Défense, ces exercices se dérouleront en partie à seulement 20 kilomètres des côtes taïwanaises. « Certaines des zones des manœuvres de la Chine empiètent sur […] les eaux territoriales de Taïwan », a d’ailleurs relevé Sun Li-fang, le porte-parole du ministère taïwanais de la Défense. Il s’agit d’un acte irrationnel visant à défier l’ordre international », a-t-il dénoncé.

En outre, a encore dénoncé le ministère taïwanais de la Défense, ces manoeuvres militaires chinoises sont une « tentative de menacer nos ports et nos zones urbaines importantes, et de saper unilatéralement la paix et la stabilité régionales ». Et d’ajouter : « L’armée va assurément rester à son poste et protéger la sécurité nationale. Nous demandons au public d’être rassuré et de soutenir l’armée ».

Lors de sa rencontre avec Mme Pelosi, la président taïwanaise, Taïwan Tsai Ing-wen, s’est voulu ferme. « Face à des menaces militaires délibérément accrues, Taïwan ne reculera pas. […] Nous allons […] continuer à défendre la démocratie », a-t-elle assuré.

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