Le Royaume-Uni veut mettre au point un démonstrateur d’aéronef militaire hypersonique

En juin, le ministère britannique de la Défense [MoD] a annoncé un investissement de deux milliards de livres sterling afin de développer la « prochaine génération de capacités militaires » dans trois domaines principaux : l’espace, l’intelligence artificielle et le vol hypersonique [c’est à dire à une vitesse supérieure à Mach 5, ndlr], avec l’objectif de mettre au point le démonstrateur d’une arme censée contrer les « menaces futures ».

Le programme « Hypersonic Air Vehicle Experimental » [HVX] va-t-il en bénéficier? Toujours est-il que, conduit par le Rapid Capabilities Office [RCO] de la Royal Air Force, le le Defence Science and Technology Laboratory [Dstl] et le Fonds d’investissement stratégique pour la sécurité nationale [NSSIF], il devrait donner lieu, entre autres, au « Concept V, c’est à dire à un avion hypersonique monomoteur, dont le développement a été confié à Rolls Royce et à Reaction Engines.

Ce projet, qui n’est pas lié au programme de système de combat aérien du futur [FCAS] « Tempest », été dévoilé lors du salon de l’aéronautique de Farnborough, le 18 juillet.

« S’appuyant sur des technologies pionnières en matière de propulsion à grande vitesse ainsi que sur les vastes capacités de recherche et de développement, le programme HVX vise à faire du Royaume-Uni un leader des systèmes aériens hypersoniques réutilisables », a ainsi fait valoir Rolls Royce, via un communiqué.

Et le motoriste britannique d’ajouter : « L’objectif immédiat du programme HVX est de mettre au point rapidement des technologies capables de réduire considérablement le coût de développement d’un véhicule aérien réutilisable hypersonique ».

Le « Concept V » va notamment s’appuyer sur le moteur SABRE [Synergetic Air-Breathing Rocket Engine], décrit comme étant « révolutionnaire » par son concepteur, à savoir Reaction Engines. D’ailleurs, d’autres industriels le pensent également, puisqu’ils ont pris des participations significatives au capital de cette entreprise britannique, créée en 1989. Tel a ainsi été le cas de Rolls Royce, de BAE Systems et de Boeing.

Le fonctionnement du SABRE repose sur un « pré-refroidisseur » [ou échangeur de chaleur] permettant de faire passer la température d’un flux d’air de 1000°c à -150° en 0,01 seconde, ce qui évite la surchauffe des composants. Et le tout sans la formation de givre.

« Les performances de notre technologie prérefroidissement ont été validées dans des conditions de vol hypersoniques et nous rapprochent de la réalisation de notre objectif de développer le premier moteur hybride capable d’accélérer de zéro à Mach 5 », fit valoir Richard Varvill, directeur technique et co-fondateur de Reaction Engines, en 2019, après une série de tests encourageants.

Pour le « Concept V », le SABRE sera associé à la « technologie de turbine à gaz de Rolls-Royce », a précisé le motoriste britannique.

Au-delà de son intérêt pour faire mûrir des technologies liées au vol hypersonique, un tel concept pourrait avoir d’autres finalités. On peut imaginer, par exemple, qu’un tel aéronef « hypervéloce » puisse être utilisé pour placer des nano-satellites en orbite, réaliser des missions de reconnaissance [à l’image de celles que menait, en son temps, le SR-71 Blackbird américain] ou encore pour effectuer des frappes contre des cibles de haute valeur. Mais cela suppose de relever d’autres défis… Et en attendant, le démonstrateur « Concept V » ne sera pas près de voler d’ici 2030.

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