Les États membres de l’UE incités à mutualiser leurs achats d’armements grâce à un fonds de 500 millions d’euros

Après avoir annoncé son intention de porter à 2,5 milliards d’euros le montant de l’aide militaire qu’elle fournit à l’Ukraine avec le déblocage d’une cinquième tranche de 500 millions d’euros puisés dans la Facilité européenne pour la paix [FEP], dont le plafond financier a été fixé à 5,692 milliards [en prix courant] pour la période 2021-27, la Commission européenne vient de proposer une initiative visant à encourager les États membres à mutualiser leurs achats d’armes et des munitions afin de reconstituer les stocks qu’ils ont livrés à l’armée ukrainienne.

Ainsi, l’idée de l’exécutif européen est de mettre en place un financement de 500 millions d’euros sur deux ans, en agglomérant des reliquats de budgets européens non alloués. Cet « instrument » financier viendrait ainsi compléter le Fonds européen de défense [FEDef], doté d’environ 8 milliards d’euros pour la période 2021-27. Aussi, ses critères d’éligibilité seront similaires. Par exemple, cet « instrument » financier « soutiendra les actions de consortiums composés d’au moins trois États membre », explique la Commission.

Cette initiative, poursuit-elle, « incitera les États membres, dans un esprit de solidarité, à s’approvisionner en commun et facilitera [leur]accès […] aux articles de défense dont ils ont un besoin urgent ». En outre, elle « évitera la concurrence » entre-eux « pour les mêmes produits et facilitera les économies » tout en renforçant leur « interopérabilité » et en permettant à la base industrielle et technologique de défense européenne d’ajuster et d’augmenter ses capacités de production ».

« Aujourd’hui, nous franchissons une étape historique dans l’intégration européenne en matière de défense. Alors que la guerre fait rage aux frontières de l’Europe, nous répondons à l’appel des chefs d’État de l’UE en présentant aujourd’hui un nouvel instrument pour soutenir, au niveau européen, l’acquisition conjointe d’armes. En plus d’aider à reconstituer une partie des stocks après le transfert d’armes à l’Ukraine, nous créons une incitation par le biais du budget de l’UE pour que les États membres achètent ensemble. La défense de l’Europe progresse à grands pas », s’est félicité Thierry Breton, commissaire européen au Marché interieur [et chargé des initiatives de l’UE en matière de défense, ndlr].

Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, nombreux ont été les pays membres de l’UE [et de l’Otan] à vider leurs stocks de missiles sol-air et antichars pour les céder à l’armée ukrainienne. Et certains ont été encouragés à se séparer de leurs équipements hérités de l’époque où ils faisaient partie du pacte de Varsovie dans l’espoir de les remplacer dans le cadre de l’initiative allemande Ringstausch.

Cela étant, comme l’a rappelé Thierry Breton, les États membres – ou du moins certains d’entre-eux – ont « puisé dans leurs stocks de munitions, d’artillerie légère voire lourde, de systèmes de défense anti-aériens ou anti-chars ou même de blindés et de chars ». Ce qui, a-t-il ajouté, a « créé de facto une vulnérabilité qu’il s’agit désormais de combler en urgence ». Et d’insister : « Il faut aller vite, vu l’état des stocks nationaux ».

Les États membres intéressés conservent une « liberté totale » pour leurs achats, a précisé M. Breton. Et l’UE « n’achètera pas à proprement parler d’armement. Le budget de l’Union n’est utilisé que pour inciter les Etats membres à coopérer », a-t-il continué. En outre, ce nouvel instrument financier est appelé « à devenir pérenne, avec une ampleur plus importante », a-t-il assuré.

Par ailleurs, Thierry Breton a fait valoir que l’Europe « s’est désarmées depuis vingt ans par rapport à tous les autres continents », alors que les « États-Unis, la Russie, l’Inde et la Chine » ont augmenté leurs investissements militaires. Et, selon lui, le « déficit collectif cumulé » depuis une vingtaine d’années par rapport à l’objectif des 2% de PIB de dépenses militaires atteindrait « 1300 milliards d’euros ». Et « cela se sent dans nos stocks », a-t-il relevé.

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