Le Russie développe le missile balistique anti-navire « Zmeevik », décrit comme étant un « tueur » de porte-avions

En décembre 2021, président du comité de la Défense à la Douma [chambre basse du Parlement russe] après avoir été chef d’état-major adjoint des russes et vice-ministre de la Défense, le général Andreï Kartapolov avait expliqué que le missile hypersonique Zircon, qui achevait alors ses essais étatiques, serait un « tueur de porte-avions » contre lequel aucune contre-mesures ne pourrait s’appliquer.

Et visiblement, et alors qu’elle ne dispose que d’un seul navire de ce type [« l’Amiral Kouznetsov », ndlr], qui n’a plus pris la mer depuis maintenant cinq ans, la Russie fait du développement d’armes « anti-porte-avions » une priorité.

En effet, outre le Zircon, l’arsenal russe comprend également le missile aérobalistique hypervéloce Kinjal, dérivé de l’Iskander, dont la trajectoire est semi-balistique, ce qui fait qu’il a la capacité de manoeuvrer à l’approche de sa cible. Emporté par un avion de combat MiG-31K, cet engin peut être utilisé contre un porte-avions. Du moins, c’est ce que laisse entendre Moscou…

Outre le Zircon et le Kinjal, l’arsenal russe pourrait encore s’étoffer prochainement avec le missile balistique anti-navire « Zmeevik ». C’est en effet ce qu’a affirmé l’agence Tass, le 12 juillet, précisant que cet engin serait aussi un « tueur de porte-avions ». Évidemment, au regard du contexte actuel, on pourrait penser qu’il s’agit d’une annonce sans consistance. Cependant, la Chine, avec les missiles DF-21D et DF-26, s’est également engagée dans cette voie. Du moins le prétend-elle, car, à ce jour, aucun de ces engins n’ont été vus frapper un navire en mouvement…

Cela étant, l’agence Tass n’a pas livré de détails au sujet de ce nouveau missile anti-navire « Zmeevik », si ce n’est qu’il est « en développement depuis assez longtemps ». Ce qui est assez vague… Et l’une de ses sources a seulement confié que ses caractéristiques sont similaires aux DF-21D et DF-26B chinois, leur portée étant respectivement de 1800 et de 4000 km.

Étant donné qu’un groupe aéronaval est un mouvement, il faut d’abord pourvoir le localiser et, ensuite, guider un missile comme le « Zmeevik » ou les DF-21D et DF-26B vers le porte-avions à détruire. « Guider un objet qui irait à très grande vitesse vers une cible mouvante comme un bateau me paraît plutôt compliqué et, pour tout dire, je n’y crois pas », avait ainsi estimé l’amiral Christrophe Prazuck, quand il était encore chef d’état-major de la Marine nationale. Et de souligner que certains « concepts en développement […] participent d’une stratégique d’influence ».

« Convenons que détruire un porte-avions n’est pas encore un jeu d’enfant », a récemment fait valoir le capitaine de frégate François-Olivier Corman, auteur du livre « Innovation et stratégie navale ».

Et d’expliquer : « À partir d’une position connue, il peut se situer en trente minutes n’importe où dans une zone grande comme le département de l’Essonne [soit 1 804 km², ndlr], ce qui rend un cliché satellitaire rapidement caduc. Il faut ensuite l’identifier avec certitude parmi ses navires d’escorte, voire au milieu d’un trafic commercial dense […]. Enfin, il faut franchir les couches de défense successives qui s’adaptent conformément au théorème immuable du glaive et du bouclier, selon lequel l’apparition d’une arme nouvelle est toujours suivie plus ou moins rapidement d’un contre-perfectionnement ».

Photo : Archive

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