Les parlementaires américains refusent de réduire la flotte d’avions de supériorité aérienne F-22A Raptor

En mars, dans la demande de budget qu’elle adressa au Congrès pour l’année fiscale 2023, l’US Air Force fit part de son intention de retirer du service 33 avions de supériorité aérienne F-22A Raptor sur les 186 encore en dotation. Et d’expliquer que ces appareils, restés à la version block 20 et utilisés pour la formation de ses pilotes, ne disposaient pas des capacités nécessaires pour être envoyés au combat.

Aussi, leur retrait – prématuré – devait permettre de générer des économies susceptibles d’être réaffectée à d’autres programmes, comme la modernisation des 153 F-22A restants, le projet NGAD [Next Generation Air Dominance] ou bien encore l’acquisition de F-15EX. Et cela d’autant plus que le Maintien en condition opérationnelle [MCO] des F-22A est de plus en plus lourde, avec une disponibilité limitée des pièces de rechange et des moteurs Pratt & Whiney qui ne sont plus en production.

Seulement, aux États-Unis, et sauf en cas de veto présidentiel, le Congrès a le dernier mot. Et les comités des Forces armées de la Chambre des représentations [House Armed Services Committee – HASC] et du Sénat [Senate Armed Services Committee – SASC] ne l’entendent pas de cette oreille.

Ainsi, dans son projet de budget, le SASC demande à l’US Air Force de soumettre un « plan écrit et détaillé pour la formation des pilotes de F-22 évitant toute dégradation de la capacité de combat ». Et, en attendant, tout retrait de F-22A Raptor Block 20 serait interdit.

De son côté, le HASC va plus loin dans la mesure où il exige non seulement le maintien en service des 33 F-22A mais aussi leur modernisation en les portant à la version « Block 30/35 ». Selon Air Force Magazine, l’un des membres de ce comité a expliqué à la presse qu’il s’agissait « d’attenuer les risques »… d’autant plus que, par le passé, l’US Air Force n’a pas toujours tenu ses promesses.

En effet, a-t-il expliqué, en 2010, celle-ci avait assuré que la réduction du programme F-22A Raptor à seulement 187 exemplaires n’aurait qu’un impact limité sur son état de préparation opérationnelle grâce à ses 234 F-15C Eagle encore en service. Or, cela s’est non seulement traduit par des coûts d’entretien et de possession élevés mais aussi par des interrogations sur ses capacités de combat, au point que la relance de la production des F-22A a un temps été envisagée.

Qui plus est, les F-15C ont commencé à être retirés du service… alors que, dans le même temps, l’US Air Force envisage de diviser par deux le nombre de F-15EX qu’elle entend commander [80 appareils au lieu de 144, selon sa demande de budget]. Par ailleurs, si le Pentagone est optimiste au sujet du NGAD, le Congrès l’est beaucoup moins. « Nous pensons qu’il y a un risque important sur les futures exigences en matière de supériorité aérienne », estime donc le HASC.

Quoi qu’il en soit, la position de ces deux comités du Congrès a été saluée par l’Air & Space Forces Association, laquelle s’est dite « satisfaite que les parlementaires voient la nécessité de protéger l’avion de chasse le plus performant du monde contre un retrait prématuré. Et d’assurer qu’elle est « tout à fait d’accord sur le fait que la modernisation [des F-22A Block 20] vers des configurations plus avancées est l’un des moyens les plus rentables d’ajouter rapidement des capacités de combat à l’USAF ».

Pour rappel, développé par Lockheed-Martin, le F-22A Raptor est une avion de supériorité aérienne de « cinquième génération ». Grâce à ses capacités [confidentielles], sa signature radar réduire, ses capteurs et ses performances en vol, il est en mesure d’engager un adverdaire au-delà de la portée visuelle [Beyond Visual Range – BVR] sans être détecté. Doté d’une capacité – limitée – de frappe air-sol, il a connu le baptême du feu en 2014, à l’occasion des premières frappes américaines contre l’État islamique [EI et Daesh] et le groupe jihadiste « Khorassan » en Syrie

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