Le véhicule blindé Griffon progresse sur la voie de l’hybridation

Actuellement, les Véhicules blindés multi-rôles [VBMR] Griffon livrés à l’armée de Terre sont équipé d’un groupe moto-propulseur [GMP] diesel Renault-Volvo d’une puissance de 400 ch répondant à la norme Euro-3 alors que, depuis 2009, tous les véhicules neufs doivent être conforme à celle dite « Euro-6 », nettement plus contraignante en matière d’émission de gaz nocifs et de dioxyde de carbone.

En outre, en raison de sa masse, bien plus importante que celle d’un VAB [Véhcules de l’avant blindé], le Griffon consomme davantage de carburant. Et ses besoins en énergie sont bien plus important en raison de la vétronique et de ses capteurs embarqués.

Or, comme il l’a rappelé dans sa stratégie « Climat et défense« , publiée en avril dernier, le ministère des Armées entend réduire significativement sa consommation de pétrole dans les années à venir. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le « Service des essences des Armées » [SEA] est devenu le « Service de l’énergie opérationnelle » [SEO].

« La question de la disponibilité et de l’accessibilité des ressources pétrolières à l’échelle mondiale constitue un point de vigilance pour les armées. Le pic de la production mondiale de pétrole
conventionnel a été passé en 2008 et la production actuelle ne pourra être maintenue à ce niveau au-delà de la présente décennie, rendant inéluctable un déclin de la production mondiale de pétrole à l’horizon 2030-2040. À ce contexte de réduction tendancielle de l’offre, s’ajoute la nécessité d’une réduction de la consommation d’énergies fossiles afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre et lutter contre le réchauffement climatique », est-il expliqué dans le document.

D’où l’idée d’un Griffon à propulsion hybride, dont le principe avait été annoncé en juillet 2020, à la faveur de la publication de la nouvelle stratégie énergétique des armées. Au-delà des considérations environnementales, un tel mode de propulsion est intéressant sur le plan opérationnel : outre une consommation moindre de carburant [ce qui n’est pas non plus anodin au niveau logistique], il permet de réduire la signature thermique et sonore quand il s’agit de rester discret tout en renforçant la capacité d’esquive via l’association des deux moteurs [thermique et électrique].

En matière de propulsion hybride, Arquus a pris de l’avance avec son démonstrateur « VAB Electer » et son véhicule blindé léger Scarabee. En outre, l’industriel a dévoilé, en juillet 2021, un projet de GMP hybride susceptible d’équiper le Griffon.

Cependant, avant d’aller dans cette voie, encore faut-il s’assurer qu’une telle innovation soit à la hauteur des attentes opérationnelles. D’où une étude de levée de risque conduite par le Groupement momentané d’entreprises [GME] EBMR, composé de Nexter, d’Arquus et de Thales, et la Direction générale de l’armement [DGA] sur l’intégration de batteries Lithium-on dans les véhicules militaires, à commencer par le Griffon. Ses résultats ont été présentés à la Section technique de l’armée de Terre [STAT], à la Structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres [SIMMT] et au SEO.

Ainsi, un Griffon en version EPC [poste de commandement] et équipé d’une batterie lithium-ion a servi à cette présentation, qui eu lieu à Satory, sur le site de Nexter.

« Le Griffon EPC était également équipé d’un écran dédié à la présentation, qui affichait l’autonomie restante véhicule en veille moteur thermique éteint ou le temps restant avant rechargement complet lorsque le moteur thermique est démarré. Cet écran a permis de mettre en avant la multiplication par 2 voire 3 de la durée de veille permise par la technologie lithium-ion par rapport à la technologie acide/plomb actuelle », explique le GME EBMR.

En clair, poursuit-il, ces nouvelles batteries Lithium-ion « pourront alimenter demain plus d’équipements électriques tout en maintenant la durée de veille actuelle et en se rechargeant deux fois plus rapidement. »

Pour cette étude, deux modèles de batterie ont été évalués, à savoir le 6TE de SAFT et le BT-70939 de Bren-Tronics. Un analyse « thérique » et une campagne d’essais ont été effectués par Arquus. Les résultats ont ensuite servi à Nexter à « identifier les risques ainsi que les moyens à mettre en œuvre pour une intégration sûre dans le véhicule ». Les batteries au Lithium étant sujettes aux « emballements thermiques », Hutchinson a été chargé d’une étude sur la réduction des risques de propagation des incendies. Puis, le GME EBMR a étudié une « architecture pour le véhicule Griffon », une maquette ayant permis de tester le système complet avec DGA Techniques Terrestres [DGA TT].

« Le GME EBMR tient à saluer l’esprit proactif qui a régné lors de cette étude de levée de risque, permettant d’envisager l’utilisation de ces technologies sur de nouveaux parcs de véhicules », ont conclu les industriels concernés.

Pour rappel, l’armée de Terre espère disposer de ses premiers Griffon hybrides en 2025.

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