La Chine a lancé le CNS Fujian, son troisième porte-avions

D’après la presse officielle chinoise, le lancement du troisième porte-avions de la composante navale de l’Armée populaire de libération [APL], alors connu sous le nom de « Type 003 », aurait dû avoir lieu en 2021, comme, du reste, le premier vol du futur bombardier stratégique Xian H-20. « Il est temps que notre développement technologique porte ses fruits », avait ainsi affirmé Song Zhongping, un expert militaire cité par le Global Times, quotidien proche du Parti communiste chinois [PCC], en janvier 2021.

Seulement, cette année-là, il aura fallu se contenter de nouvelles images de synthèse du bombardier H-20… Quant au lancement de ce troisième porte-avions, il ne s’est pas produit… Cela étant, en avril dernier, la marine chinoise diffusa une vidéo promotionnelle dans laquelle elle laissa entendre que ce nouveau navire serait dévoilé « prochainement ».

Ce qui fut d’ailleurs récemment confirmé par l’imagerie satellitaire. En effet, des clichés du chantier naval de Jiangnan, situé au nord-est de Shanghaï, montrèrent que le cale sèche ayant servi à construire ce porte-avions venait d’être inondée, ce qui suggérait que ce lancement n’était qu’une question de jours. Et effectivement, il a eu lieu ce 17 juin, au cours d’une cérémonie à laquelle a assisté Xu Qiliang, membre du Bureau politique du Comité central du PCC et vice-président de la Commission militaire centrale.

À cette occasion, le porte-avions a été baptisé « CNS Fujian », du nom de la province chinoise qui fait face à Taïwan. Et son indicatif visuel [Pennant Number] sera 18.

Avec ce nouveau navire, l’aéronavale chinoise va faire au saut capacitaire majeur et se rapprocher des standards de l’US Navy et de la Marine nationale, qui étaient jusqu’à présent les seules à mettre en oeuvre des porte-avions en configuration dite CATOBAR [catapultes et brin d’arrêt].

En effet, contrairement à ses deux prédécesseurs, les CNS Liaoning [ex-Varyag] et CNS Shandong, dotés chacun d’un tremplin, le CNS Fujian dispose de catapultes électromagnétiques [EMALS], comme l’a confirmé le ministère chinois de la Défense, qui était jusqu’alors très discret sur ce sujet. Reste à voir leur degré de maturité par rapport à leurs homologues américaines, dont la mise au point a été compliquée… Pour rappel, à ce jour, le seul porte-avions opérationnel à en être équipé est l’USS Gerald Ford, qui inaugure une nouvelle classe de navire.

En outre, des catapultes électromagnétiques sont gourmandes en énergie. Or, le CNS Fujian n’est pas à propulsion nucléaire, contrairement à ses homologues américains et français.

Quoi qu’il en soit, avec un déplacement de 80’000 tonnes pour une longueur de 320 mètres, le CNS Fujian est le navire le plus imposant de la marine chinoise. Étant donné sa configuration CATOBAR, il pourra mettre en oeuvre des avions de guet aérien KJ-600, dotés d’un radar à antenne active et à basse fréquence. Et, à l’avenir, il pourra accueillir le chasseur-bombardier de 5e génération J-XY/J-35, développé à partir du FC-31 « Gyrfalcon ».

On ignore le nombre de porte-avions que la Chine entend disposer à terme. Cependant, un analyste militaire cité par le Global Times a estimé que trois sont nécessaires pour « maintenir la supériorité aérienne et le contrôle de la mer dans une région stratégique » en prenant en compte les périodes de maintenance.

En attendant, le CNS Fujian doit terminer son armement et réaliser plusieurs campagnes d’essais en mer. Sa mise en service n’est pas attendue, au mieux, d’ici 2024.

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