L’Inde lie l’achat de chasseurs embarqués à un accord sur d’importants transferts de technologies

En 2017, la marine indienne [Indian Navy] a lancé le programme MRCBF [Multi Role Carrier Borne Fighters] afin de se procurer 57 avions de combat embarqués multi-rôles pouvant être mis en oeuvre aussi bien depuis un porte-avions en configuration STOBAR [avec tremplin, ndlr] que CATOBAR [catapultes et brins d’arrêt]. Ce qui a limité les candidats possibles au Rafale Marine de Dassault Aviation et au F/A-18 Super Hornet de Boeing.

En janvier, les capacités du Rafale M à décoller depuis un pont d’envol muni d’un tremplin ont été évaluées à la base navale INS Hansa [Goa]. Et, apparemment, ces essais ont été concluants. Ces derniers jours, deux F/A-18 Super Hornet ont subi un traitement similaire. Mais on en ignore encore les résultats.

Pour mettre plus de chances de son côté, la France aurait proposé à l’Inde de lui céder quatre Rafale M prélevés sur la flotte de la Marine nationale en vue d’admission prochaine au service actif de l’INS Vikrant, le premier porte-avions conçu par l’industrie indienne. Sans doute que ce sujet a été évoqué lors de la récente visite à Paris de Narendra Modi, le Premier ministre indien… Mais aucun détail n’a filtré depuis…

En attendant, cette semaine, New Delhi a précisé ses plans au sujet du programme MRCBF. En premier lieu, la réduction de la cible, de 57 à 26 appareils, a été confirmée. Sur ce point, l’Indian Navy voudrait huit avions biplaces pour l’entraînement de ses pilotes et, éventuellement, pour prendre part à des missions de combat. Ce qui ne plaide pas en faveur du Rafale M, qui n’existe qu’en version monoplace…

Ensuite, l’Inde n’envisage pas de louer de chasseurs embarqués, préférant un achat d’avions neufs, dans le cadre d’un contrat de gré à gré. Mais celui-ci devra être lié à un « accord stratégique plus large » avec le pays d’origine de l’avion qui sera sélectionné selon les recommandations de I’Indian Navy.

En effet, selon le quotidien Hindustan Times, qui cite des responsables indiens, New Delhi a l’ambition de développer des moteurs d’avions dans le cadre de l’intiative « Atmanirbhar Bharat », qui vise à renforcer l’autonomie stratégique indienne.

Déjà, le français Safran, qui produit les réacteurs M88 du Rafale, a pris les devants, dès février 2021, en nouant un partenariat avec Hindustan Aeronautics Limited [HAL] pour, notamment, la conception et le développement de réacteurs à forte poussée de 110 kN, destinés au programme AMCA [Advance Medium Combat Aircraft], qui consiste à mettre au point un chasseur-bombardier de 5e génération.

Cependant, le ministère indien de la Défense, précise Hindustan Times, étudie une possible coopération avec les États-Unis, étant donné que le chasseur HAL Tejas est propulsé par un moteur GE-404… Et que le GE-414 pourrait être envisagé pour l’AMCA…

Par ailleurs, l’Inde a également l’intention de réduire la voilure concernant un autre programme, destiné cette fois à l’Indian Air Force. En effet, selon des informations du journal Business World, le projet MRFA [Multi-Role Fighter Aircraft], évalué à 20 milliards de dollars, viserait à commander 57 appareils au lieu des 114 prévus initialement. Et tous devront être fabriqués localement, au titre du programme « Make in India ». Pour rappel, Lockheed-Martin [F-21] et Boeing [F/A-18 Super Hornet], Saab [Gripen E/F], le consortium Eurofighter [Typhoon], MiG [MiG-35] et Dassault Aviation [Rafale] sont sur les rangs pour ce marché.

Cela étant, sans doute que l’intention prêtée aux autorités indiennes va favoriser la candidature du Rafale… En octobre 2020, interrogé sur une éventuelle commande d’un second lot de l’avion de combat français, le chef d’état-major de l’IAF, l’Air Chief Marshal Bhadauria, évita de s’engager… Cependant, avait-il dit, « une telle décision impliquerait mécaniquement une réduction du nombre d’avions à commander via l’appel d’offres MRFA ».

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]