Les forces aériennes chinoises ont harcelé un avion de patrouille maritime canadien près de la Corée du Nord

La semaine passée, les États-Unis ont soumis au Conseil de sécurité des Nations unies une nouvelle résolution visant à sanctionner encore plus sévèrement la Corée du Nord pour ces derniers tirs de missiles balistiques. Seulement, en raison de leur qualité de membres permanents, la Russie et la Chine y ont mis leur veto.

Cela étant, les sanctions imposées par les résolutions 2375 et 2397 n’ont nullement empêché Pyongyang de poursuivre ses activités nucléaires – un nouvel essai pourrait avoir lieu prochainement – et le développement de son arsenal de missiles balistiques…

Pourtant, en janvier 2018, et afin de documenter les violations de ces sanctions, l’ONU a mis en place l’UNSC ECC [United Nations Security Council Enforcement Coordination Cell], une structure chargée de surveiller les trafics illicites en haute mer, dans les environs de la péninsule coréenne. La Marine nationale y engage ponctuellement des moyens, dans le cadre de l’opération « AETO ».

Le Canada participe également à cette mission de surveillance, via l’opération « NEON », laquelle mobilise généralement une frégate et/ou un avion de patrouille maritime CP-140 Aurora, celui-ci étant basé à Kadena [Japon] durant son engagement.

Or, les missions de l’UNSC ECC ne plaisent apparemment à tout le monde… Ainsi, ce 2 juin, et alors qu’un CP-140 Aurora de l’Aviation royale canadienne [ARC] vient d’achever une mission d’un mois au titre de l’opération NEON, Ottawa a dénoncé l’attitude d’avions de combat chinois à son égard.

« Les Forces armées canadiennes peuvent confirmer qu’à plusieurs reprises au cours de cette plus récente itération de l’opération NEON, des interactions se sont produites entre nos aéronefs de patrouille à long rayon d’action CP-140 Aurora de l’Aviation royale canadienne et des aéronefs de la Force aérienne de l’Armée populaire de libération [PLAAF] », a en effet indiqué le ministère canadien de la Défense.

« Lors de ces interactions, les avions de la PLAAF n’ont pas respecté les normes internationales de sécurité aérienne », a-t-il ajouté, avant de dénoncer un comportement « non professionnel » de la part des pilotes chinois.

« Dans certains cas, l’équipage de l’ARC s’est senti suffisamment à risque qu’il a dû modifier rapidement sa propre trajectoire de vol afin d’augmenter l’espacement et d’éviter une collision potentielle avec l’aéronef intercepteur », explique le ministère canadien, précisant que de tels incidents se sont produits dans l’espace aérien international.

Dans le détail, « plusieurs avions de la PLAAF », dont le type n’a pas été précisé par Ottawa, se seraient approchés suffisamment du CP-140 Aurora pour tenter de le « détourner de sa trajectoire de vol ».

Selon la chaîne canadienne Global News, qui cite des sources au fait de ces incidents, les avions de combat chinois auraient « fréquemment volé à des distances de 6 à 30 mètres de l’avion de patrouille maritime de l’ARC. Ce qui, au regard de la vitesse élevée de ces appareils ne peut qu’accroître le risque de collision…

« La principale préoccupation des Forces armées canadiennes est la sécurité de notre équipage et l’importance que les aéronefs de la PLAAF maintiennent une distance professionnelle par rapport aux aéronefs des FAC volant dans le cadre d’une mission sanctionnée par l’ONU se déroulant dans l’espace aérien international », a souligné le ministère de la Défense, regrettant par ailleurs que de « telles interactions » sont « préoccupantes et de plus en plus fréquentes ».

En novembre dernier, le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], l’amiral Pierre Vandier, avait affirmé que, durant son récent engagement dans l’opération AETO, un Falcon 200 de la Flottille 25 avait été « régulièrement intercepté par des avions de chasse SU30 MKK chinois […] alertés par une frégate de défense anti-aérienne positionnée au sud de la Corée du Nord ». Mais il n’avait pas fait état d’interactions « dangereuses », comme vient de le faire le ministère canadien de la Défense.

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