L’Allemagne décide finalement de livrer 7 obusiers PzH-2000 aux forces ukrainiennes

S’agissant de la livraison d’équipements militaires à l’Ukraine, le gouvernement allemand se veut prudent… Et cette position ne lui épargne évidemment pas les critiques. Pour Berlin, la question est de savoir si fournir une telle aide à Kiev serait susceptible d’impliquer ou non l’Allemagne dans la guerre russo-ukrainienne.

Une étude, publiée en mars par le Bundestag [chambre basse du Parlement allemand] et intitulée « Questions juridiques du soutien militaire à l’Ukraine par les États de l’Otan : entre neutralité et participation au conflit », a tranché : selon le droit international, et tant qu’il ne participe pas aux combats, un pays ne peut pas être considéré comme un co-belligérant s’il fournit seulement des armes à l’une des deux parties d’un conflit. Et la question de savoir s’il s’agit d’armes « défensives » ou « offensives » est sans importance.

En revanche, selon ce document [.pdf], il pourrait en aller autrement si les forces armées qui bénéficient de ces armements doivent être formées leur utilisation. Il s’agit-là d’une « zone grise », ouverte à toutes interprétations, a-t-il laissé entendre.

En tout cas, le 2 mai, le gouvernement allemand a dévoilé sa position sur ce sujet, après avoir estimé qu’il valait mieux livrer aux forces ukrainiennes des équipements qu’elles maîtrisaient déjà. « Nous sommes convaincus que la formation de soldats ukrainiens en Allemagne […] ne signifie toujours pas une entrée directe dans la guerre », a en effet affirmé Steffen Hebestreit, son porte-parole.

Et pour cause : la semaine passée, le Pentagone a confirmé que des militaires ukrainiens allaient apprendre à utiliser les obusiers M777 et les drones Phoenix Ghost qu’il doit leur fournir à Grafenwoehr en Bavière. Même chose pour les artilleurs ukrainiens, qui auront à mettre en oeuvre les cinq obusiers PzH2000 que leur ont promis les Pays-Bas. Leur formation doit avoir lieu à l’école d’artillerie d’Idar-Oberstein.

Cela étant, et après avoir hésité sur la livraison potentielle « d’armes lourdes » à Kiev, Berlin a fini par se décider… En effet, ce 6 mai, la ministre allemande de la Défense, Christine Lambrecht, a annoncé que l’Allemagne céderait sept PzH2000 aux forces ukrainiennes. Ces pièces d’artillerie seront prélevés sur les « stocks de maintenance de la Bundeswehr », a-t-elle dit, sans préciser quand elles seront livrées.

En avril, Mme Lambrecht avait écarté l’idée de prélever des équipements sur la dotation des forces allemandes, étant donné que celles-ci devaient aussi « maintenir leurs capacités d’action et être en mesure de garantir la défense du pays et de l’Alliance [atlantique]. »

Depuis, Berlin a annoncé la livraison aux forces ukrainiennes de blindés anti-aériens « Gepard », qui ne sont plus utilisés par la Bundeswehr depuis les années 2010. À noter que ces véhicules de 40 tonnes sont équipés deux canons Oerlikon KDA L/90 de 35mm, ce qui pose la question des munitions… Fabriquées en Suisse, Berne a en effet mis son veto à leur ré-exportation vers l’Ukraine…

Quoi qu’il en soit, l’annonce de Mme Lambrecht concernant les PzH2000 marque un tournant puisque cet équipement constitue l’épine dorsale de l’artillerie allemande, avec 75 en service [et 46 en réserve].

Pour rappel, monté sur des chenilles, le PzH-2000 est doté d’un canon qui, fourni par Rheinemetall, tire des obus de 155mm à une cadence de neuf à dix coups par minute. En fonction des munutions utilisées, sa portée est comprise entre 30 et 50 km.

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