Et si la France prêtait quatre avions de patrouille maritime Atlantique 2 à l’Espagne?

D’ici la fin de cette année, et alors que le contexte sécuritaire est désormais marqué par de vives tensions avec la Russie, l’Ejército del Aire [force aérienne espagnole] ne disposera plus les moyens d’assurer des missions de patrouille maritime, de lutte anti-sous-marine et de lutte anti-navire avec le retrait du service de son dernier P-3M Orion, lequel est actuellement engagé dans l’opération européenne Atalante, dans la Corne de l’Afrique. Capacité dont elle s’était dotée dans les années 1950, avec l’acquisition de quelques HU-16 Albatross auprès du constructeur américain Grumman.

Certes, une partie des missions de ces P-3M « Orion » sera confiée à quelques CASA CN-235 dotés du système tactique FITS [Fully Integrated Tactical System]. Mais celui-ci permet surtout de mener des missions de surveillance maritime… Aussi, l’Ejército del Aire n’a, pour le moment, aucune option pour conserver sa capacité de lutte anti-sous-marine, même si l’achat d’avions C-295 en version ASW [Anti-submarine warfare] a pu être évoquée. Et rien n’indique, pour le moment en tout cas, que Madrid cherche à se procurer des P-8A Poseidon auprès de Boeing, comme l’a fait l’Allemagne, l’an passé.

Justement, la commande de cinq P-8A Poseidon notifiée par Berlin, l’an passé, a mis en péril l’avenir du programme MAWS [Maritime Airborne Warfare System] qui, lancé en coopération avec la France, vise à développer un nouvel avion de patrouille maritime appelé à être au centre d’un réseau de capteurs [radars, sémaphores, drones, satellites, etc] et à être doté de capacités accrues en matière de guerre électronique et d’armement anti-navire.

Pourtant, afin de combler le déficit capacitaire entre le retrait anticipé des P-3C Orion de la MarineFlieger et la concrétisation du programme MAWS, la France avait proposé à l’Allemagne de lui prêter quatre avions de patrouille maritime Atlantique 2 au standard 6 [le plus moderne, ndlr].

Pour rappel, selon les plans actuels, sur les 22 Atlantique 2 dont dispose la Marine nationale, 18 doivent être portés au standard 6, les quatre restants devant servir de « réservoir » à pièces détachés.

Mais, comme on le sait, cette offre a été refusée par Berlin. Aussi, pourquoi ne pas soumettre une proposition similaire à Madrid, qui, dans le même temps, pourrait rejoindre le programme MAWS? Qui plus est, l’Espagne prend déjà part au Système de combat aérien du futur [SCAF] et a démontré qu’elle est un partenaire sur lequel on peut compter étant donné qu’elle maintenu sa participation au développement du standard Mk3 de l’hélicoptère d’attaque Tigre, malgré les hésitations allemandes.

Dans un récent rapport sur les enjeux sécuritaires en Méditerranée, les députés Jean-Jacques Ferrara et Philippe Michel-Kleisbauer avaient estimé que la coopération franco-espagnole en matière de défense devait être approfondie.

« La consolidation de nos partenariats pourrait également passer par un approfondissement de notre relation stratégique avec l’Espagne, qui constitue la grande absente des différents accords de coopération conclus récemment par la France », avaient écrit les deux parlementaires.

Et d’ajouter : « Il est ainsi ressorti des auditions que si l’Espagne est impliquée dans les différents projets capacitaires européens, à travers sa participation aux programmes SCAF, drone MALE et European Patrol Corvette, la coopération bilatérale n’est quant à elle pas à la hauteur des enjeux communs que doivent affronter les deux pays en Méditerranée occidentale. »

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