Le Royaume-Uni propose d’aider l’Inde à concevoir ses propres avions de combat

Étant donné ses liens anciens avec la Russie, l’Inde n’a pas condamné l’offensive lancée par Moscou contre l’Ukraine, pas plus qu’elle n’a accepté de s’associer aux sanctions prises contre son allié, son intention étant, au contraire, de lui acheter davantage de pétrole à un prix réduit. Aussi, la position de New Delhi embarrasse Washington.

En effet, le 22 mars, le président américain, Joe Biden, a estimé que, à l’égard de la Russie, l’Inde était le pays le plus « fragile » du Dialogue de sécurité quadrilatéral [QUAD], une alliance mise en place par les États-Unis [avec l’Australie et le Japon] pour contrer les visées de la Chine dans la région Indo-Pacifique.

Aussi, pour affaiblir cette relation entre Moscou et New Dehli, la diplomatie américaine mise sur la persuasion et non sur la contrainte. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles l’Inde n’a pas été sanctionnée par les États-Unis pour son achat de systèmes russes de défense S-400. Mieux : ils lui ont proposé un accord permettant l’échange de données militaires en octobre 2020 [Basic Exchange and Cooperation Agreement – BECA].

Cependant, et même si c’est moins vrai depuis déjà quelques années, l’Inde dépend encore significativement de la Russie pour équiper ses forces armées. D’où l’idée de Washington de renforcer ses relations militaires avec New Delhi, qui a par ailleurs déjà acquis plusieurs équipements de facture américaine [hélicoptères d’attaque AH-64 Apache et avions de patrouille maritime P-8I Poseidon, par exemple].

« L’Inde est un partenaire de plus en plus important dans une dynamique internationale en mutation rapide », a encore affirmé Lloyd Austin, le chef du Pentagone, lors d’une visite à New Delhi, en mars.

Cela étant, les États-Unis ne sont pas les seuls à tenter de convaincre l’Inde de se détourner de la Russie : le Royaume-Uni, ancienne puissance coloniale, s’est engagé sur la même voie. D’abord en proposant un accord de libre-échange, qui pourrait être signé d’ici octobre prochain. Puis avec une renforcement des relations militaires, notamment dans le domaine industriel. C’est en effet ce qu’a proposé le Premier ministre britannique, Boris Johnson, à son homologue indien, Narendra Modi, lors d’un déplacement à New Delhi, ce 22 avril.

Concrètement, le Royaume-Uni propose à l’Inde de l’aider à concevoir et à assembler ses propres avions de combat, en lui « offrant le meilleur du savoir-faire britannique » dans le domaine de l’aéronautique.

Aucune précision n’a été donnée sur le programme concerné par cette offre et une éventuelle participation de l’Inde au projet britannique « Tempest » n’a pas été évoquée.

Actuellement, l’Inde continue de développer l’avion de combat LCA Tejas [produit par Hindustan Aeronautics Limited – HAL], dont 83 exemplaires ont été commandés par l’Indian Air Force. Les livraisons doivent commencer en 2024 et se terminer quatre ans plus tard. Pour le moment, cet appareil est propulsé par un réacteur F404-GE-IN20, alors qu’il aurait dû l’être par un moteur de conception locale, à savoir le GTRE GTX-35VS Kaveri, dont le développement ne se fait pas sans peine [le français Safran a d’ailleurs été sollicité, dans le cadre des compensations industrielles liées au contrat Rafale, ndlr].

En outre, le ministère indien de la Défense a lancé le programme AMCA [Advanced Medium Combat Aircraft], qui vise à développer un avion de combat de cinquième génération. Et le calendrier est plutôt ambitieux puisqu’un premier prototype est attendu pour 2025, l’objectif étant de démarrer la production en 2030. Est-ce ce projet qui pourrait bénéficier d’un appui britannique?

Quoi qu’il en soit, M. Johnson a également proposé l’aide du Royaume-Uni en « matière de nouvelles technologies pour identifier les menaces dans l’océan Indien » et y répondre. Enfin, Londres va délivrer à New Delhi une « licence d’exportation générale ouverte » [OGEL] afin de réduire les délais pour les achats d’équipements militaires.

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