Artillerie : M. Macron annonce la livraison par la France de CAESAr à l’Ukraine

Début mars, le député Alexis Corbière s’était fait taper sur les droits pour avoir indiqué, à l’antenne de franceinfo, que la France avait livré « des gilets par balles et quelques missiles antichars » aux forces ukrainennes afin d’aider celles-ci à faire face à l’invasion russe.

« Communiquer sur ce que nous envoyons à l’Ukraine, c’est communiquer sur ce dont l’Ukraine a besoin et donc, c’est communiquer y compris à la Russie sur ce qui manque à l’Ukraine dans cette guerre. Et donc, en responsabilité, nous avons fait le choix de ne pas communiquer sur cette liste », avait en effet réagi Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement.

Or, la liste des équipements militaires livrés à l’Ukraine par la France aurait été communiquée quelques jours plus tôt aux députés, lors d’une audition de Martin Briens, le directeur du cabinet civil et militaire de Florence Parly, la ministre des Armées. « Aurait » car le compte-rendu de celle-ci n’a pas été publié [et c’est d’ailleurs ainsi pour toutes les auditions parlementaires relatives à l’Ukraine…].

Cela étant, M. Corbière n’avait pas fait une entorse au secret défense étant donné que seuls les parlementaires de la Délégation au renseignement y sont astreint. En outre, les quoditiens Le Monde et L’Opinion avaient révélé, plus tard, que l’aide militaire fournie par la France aux forces ukrainiennes comprenait des missiles MILAN, MISTRAL et Javelin [acquis aux États-Unis pour les opérations en Afghanistan, ndlr] et de l’imagerie satellitaire. Dans quelle proportion? Mystère…

Toujours est-il que, via un communiqué publié le 13 avril, le ministère des Armées précisa que la « valeur des équipements […] livrés à Kiev s’élevait à 100 millions d’euros d’euros : moyens de protection, équipements optroniques, armements et munitions, systèmes d’armes répondant aux besoins exprimés par l’Ukraine ».

Visiblement, tout n’a pas encore été dit à ce sujet… À deux jours du second tour de l’élection présidentielle, dans un entretien accordé à Ouest-France, au Westdeutsche Allgemeine Zeitung [Allemagne] et au Corriere della Sera [Italie], le président Macron a confirmé que la France avait bien livré des missiles anti-char MILAN… mais aussi révélé que des Camions équipés d’un système d’artillerie [CAESAr] faisaient partie du lot. Ce qui est une annonce majeure.

« Chacun prend ses responsabilités avec ses équilibres politiques, et je ne m’immisce pas dans la vie politique des uns et des autres. Nous sommes très coordonnés. J’ai parlé avant-hier au chancelier [Olaf] Scholz sur ce sujet. Nous livrons quand même des équipements conséquents, des MILAN aux César [sic] en passant par plusieurs types d’armements. Je pense qu’il faut continuer sur ce chemin. Avec toujours une ligne rouge, qui est de ne pas entrer dans la cobelligérance », a en effet déclaré Emmanuel Macron. [À noter que la version allemande de cet entretien ne mentionne pas les CAESAr…]

Si la livraison potentielle de chars et de pièces d’artillerie à l’Ukraine fait l’objet d’un débat public en Allemagne, rien de tel en France… alors que la révélation de M. Macron pose plusieurs questions : combien de CAESAr ont été livrés? Viennent-ils de l’inventaire de l’armée de Terre, qui n’en compte actuellement que 76 unités [un CAESAr ayant été perdu en opération ndlr]? Vont-ils être prélevés parmi les exemplaires commandés par le Maroc, le Danemark et la République tchèque, ces deux pays ayant opté pour la version 8×8, différente de celle mis en oeuvre par les artilleurs français? Quand les militaires ukrainiens vont-ils être formés? Quand et comment ces pièces d’artillerie seront-elles livrées? Pourquoi des CAESAr et non des canons AUF1 et TRF1 de 155 mm?

Quelques réponses ont été obtenues par Ouest France. Ainsi, le journal indique qu’il s’agirait de prélever 12 CAESAr parmi ceux de de l’armée de Terre [soit 15% de la dotation actuelle en moins!]. Et quarante artilleurs ukrainiens sont attendus en France pour être formés à leur utilisation.

Pour rappel, la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25 prévoit la commande de 32 CAESAr supplémentaires afin de porter leur nombre d’exemplaires en service au sein de l’armée de Terre à 109. En février, le Premier ministre, Jean Castex, a notifié à Nexter un contrat de 600 millions d’euros pour le développement du CAESAr de nouvelle génération [NG ou Mark II].

Et, à l’issue de quatre année de développement et de qualification de cette nouvelle version, la Direction générale de l’armement [DGA] aura à choisir entre deux solutions : lancer la production de 109 CAESAr NG, soit en commander 33 exemplaires et rénover les 76 systèmes restants mis en oeuvre par l’armée de Terre. A priori, après l’annonce de M. Macron, on devrait aller vers la première option…

Quoi qu’il en soit, et outre les CAESAr, les forces ukrainiennes recevront aussi des obusiers automoteurs PzH2000 de facture allemande, ceux-ci devant être prélevés parmi les 64 que possède l’armée royale néerlandaise. Et les États-Unis ont annoncé qu’ils leur livreront un total de 90 canons tractés M777 de 155 mm.

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