Pour remplacer ses MiG-29, la Pologne pourrait acquérir des avions de combat européens

Pour faire face à l’invasion russe, Kiev « demande trois choses : des armes, des armes et des armes », a scandé Dmytro Kouleba, le ministre ukrainien des Affaires étrangères à Bruxelles, peu avant une réunion de l’Otan, le 6 avril. Et les besoins exprimés par les forces ukrainiennes portent sur les systèmes de défense aérienne, le blindés et les avions de combat qu’elles n’auront aucune peine à mettre en oeuvre.

Si, au-delà des aspects diplomatiques, les deux premiers souhaits pourront être satisfaits sans trop de difficultés, il en va autrement pour les avions de combat, les MiG-29 « Fulcrum » étant fortement sollicités alors même que leur maintien en condition opérationnelle [MCO] est devenu quasiment impossible, faute de pièces détachées et d’installations pour les réparer, celles-ci ayant été détruites par des frappes russes à Lviv.

Parmi les trois pays de l’Otan disposant encore de MiG-29 en service au sein de leurs forces aériennes, seule la Pologne a fait part de sa disponibilité pour céder les siens à l’Ukraine… mais à la condition de pouvoir les remplacer le plus rapidement possible. Ce qui se comprend étant donné qu’elle est aux premières loges du conflit. Les États-Unis ont fait savoir qu’ils étaient prêts à livrer des F-16 à Varsovie en guise de compensation.

Le 8 mars, le gouvernement polonais a donc annoncé qu’il céderait « immédiatement et gratuitement » ses MiG-29 à l’Ukraine en les envoyant d’abord sur la base aérienne de Ramstein [Allemagne] afin de les mettre à la diposition des États-Unis. À charge pour ces derniers de les remettre aux forces aériennes ukraniennes et de fournir à la Pologne des « avions d’occasion dotés de capacités opérationnelles équivalentes ».

Seulement, le Pentagone a refusé cette solution. « La perspective d’avions de combat ‘à la disposition du gouvernement des États-Unis’ partant d’une base États-Unis/Otan en Allemagne pour voler vers un espace aérien disputé avec la Russie au-dessus de l’Ukraine suscite de sérieuses préoccupations pour l’ensemble de l’Otan », avait en effet affirmé son porte-parole. Et d’ajouter : « Nous ne pensons pas que la proposition de la Pologne soit tenable ».

Dans cette affaire, la Pologne ne veut pas assumer seule le transfert des MiG-29 vers l’Ukraine, afin d’éviter d’éventuelles représailles de la Russie. Ce « doit être une décision prise collectivement au sein de l’Otan et non par la Pologne seule », a ainsi résumé Mateusz Morawiecki, le Premier ministre polonais.

Cela étant, et dans l’attente qu’une telle décision soit effectivement prise, le ministère polonais de la Défense s’est mis en quête de remplaçants pour ses MiG-29. Si l’option « F-16 » semble encore – et logiquement – privilégiée [les forces aériennes polonaises en sont déjà équipées, ndlr], plusieurs fournisseurs potentiels ont été « discrétement » contactés, selon Breaking Defense. Et quatre solutions seraient envisagées.

La première reposerait sur le FA-50 Golden Eagle, proposé par Korea Aerospace Industries [KAI]. Cet avion « léger » présente au moins deux avantages : il est supersonique et peut être doté d’un radar AESA [à antenne active], dérivé du modèle AN/APG-83 qui, développé par Northrop Grumman, équipe le F-16 block 70 « Viper ». Selon Breaking Defense, « si les Polonais choississent cette option, alors ils bénéficieraient d’une certaine synergie et une compatibilité de liaison de données avec leurs F-16C/D Block 52+ ». Une délégation sud-coréenne est attendue à Varsovie pour discuter d’une éventuelle offre, qui porterait sur 32 exemplaires.

Les trois autres choix sont européens. L’italien Leonardo aurait proposé le chasseur léger M-346FA Master. Un appareil que les forces polonaises connaissent bien puisqu’elles l’ont choisi dans sa version « entraînement » pour la formation de leurs pilotes de combat. Il est bien « adapté aux missions air-sol et air-air ainsi que pour la reconnaissance tactique », fait valoir le groupe transalpin.

Une solution, également proposée par l’Italie, reposerait sur la livraison de 12 à 16 Eurofighter EF-2000 Tranche 1 prélevés dans l’inventaire de l’Aeronautica Militare. L’avantage de ces appareils, susceptibles d’être modernisé par suite, est qu’ils sont disponibles immédiatement. Si cette option est retenue par Varsovie, alors le consortium Eurofighter [Leonardo, Airbus, BAE Systems] aura réussi à mettre un « pied dans la porte », d’autres avions de ce type pouvant être commandés par la suite.

Enfin, la dernière possibilité consisterait à louer 32 JAS-39C/D Gripen auprès du suédois Saab [comme cela est le cas pour la Hongrie et la République tchèque, ndlr]. Conformément à la doctrine de la force aérienne suédoise, qui prévoit de disperser ses chasseurs sur des aérodromes sommairement aménagés en cas de guerre, cet appareil peut décoller depuis des portions d’autoroute avec une préparation minimale. En outre, il peut être armé du missile air-air Meteor, ce qui lui donne la capacité d’abattre des adversaires « au-delà de la portée visuelle » [BVR].

Cela étant, le problème qui se posera à Varsovie sera le financement de l’éventuel remplacement de ses MiG-29. Fin février, le Haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, avait affirmé que l’Union européenne [UE] fourniraient les avions demandés par l’Ukraine. Mais sans doute fallait-il comprendre qu’elle aiderait à les fournir. Aussi peut-on imaginer que la Pologne soit aidée financièrement pour compenser la cession de ses avions… Et dans ce cas, il serait difficilement concevable qu’une telle aide serve à autre chose que pour une solution européenne…

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