Le ministère britannique de la Défense envisage de donner des blindés Mastiff et Jackal à l’Ukraine

Si les pertes infligées aux forces russes en Ukraine sont assez bien documentées, il en va autrement pour celles subies par leurs homologues ukrainiennes, sauf à prendre en compte les bilans avancés par Moscou, toujours difficiles à confirmer de manière indépendante.

Toujours est-il que, à la mi-mars, le général Thierry Burkhard, le chef d’état-major des armées [CEMA] français, avait estimé qu’en dépit de leur « remarquable résistance », les « forces ukrainiennes, confrontées à la difficulté de tenir un dispositif étiré, sans réserve opérative, pourraient connaître un effondrement subit ».

Depuis cette estimation, l’état-major russe a annoncé qu’il allait concentrer ses efforts sur la région du Donbass, afin d’y soutenir les républiques autoproclamées de Louhansk et de Donetsk, reconnues par Moscou avant le début des hostilités.

« Nous sommes dans une phase cruciale de la guerre », a prévenu Jens Stolteberg, le secrétaire général de l’Otan, le 5 avril. « Les troupes russes ont quitté la région de Kiev et le nord de l’Ukraine. Vladimir Poutine déplace un grand nombre de troupes vers l’est en Russie. Elles vont se réarmer, recevoir des renforts en effectifs, car elles ont subi beaucoup de pertes, et se réapprovisionner pour lancer une nouvelle offensive très concentrée dans la région du Donbass », a-t-il ensuite expliqué, soulignant que « c’est dans cette région que la plupart des forces ukrainiennes sont concentrées ».

Plus tard, M. Stoltenberg a dit qu’il fallait se préparer à un conflit de longue durée. « Nous devons être réalistes et comprendre que cela peut durer longtemps, de nombreux mois, voire des années. C’est la raison pour laquelle nous devons également être prêts pour le long terme dans notre soutien à l’Ukraine, le maintien des sanctions ou le renforcement de nos défenses, notamment sur le flanc oriental de l’Ukraine », a-t-il en effet valoir, alors qu’il s’apprêtait à recevoir les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’Otan… ainsi que Dmytro Kouleba, le chef de la diplomatie ukranienne.

À peine arrivé à Bruxelle, celui-ci a dit venir « demander trois choses : des armes, des armes et des armes ». Et, a-t-il continué, « plus rapidement elles seront livrées, plus de vies seront sauvées et de destructions évitées ». Quant aux besoins des forces ukraniennes, M. Kouleba a cité les « avions », les systèmes de défense anti-aérienne et les véhicules blindés. « J’appelle tous les alliés à mettre de côté leurs hésitations, leur réticence à fournir à l’Ukraine tout ce dont elle a besoin », a-t-il insisté.

Si la livraison d’avions de combat n’est pas possible, l’Ukraine a déjà obtenu des chars T-72 et des blindés BVP-1 de la part de la République tchèque. Et le Royaume-Uni s’apprête également à accroître son aide militaire, laquelle s’est concrétisée par la livraison de milliers de missiles antichars NLAW et de systèmes anti-aériens portables Starstreak.

En effet, le quotidien The Times a révélé que Londres envisageait de céder aux forces ukrainiennes des blindés Mastiff 1 et Jackal. Le premier est un véhicule 6×6 acquis auprès du constructeur américain Force Protection en 2006 afin d’offrir une meilleure protection aux troupes britanniques engagées en Irak. Quant au second, il s’agit d’un véhicule 4×4 de haute mobilité et multi-rôles, surtout utilisé pour des missions de reconnaissance. L’un et l’autre doivent être retirés de l’inventaire de la British Army.

Ces blindés « seraient dépouillés de tout équipement sensible et des militaires britanniques seraient envoyées dans un pays voisin de l’Ukraine pour former leurs homologes ukraniens », a avancé The Times, citant une source du ministre de la Défense [MoD].

Justement, celui-ci a confirmé en partie l’information du journal londonien, en indiquant qu’une délégation militaire ukranienne avait été accueillie dans la zone d’entraînement de Salisbury, où la « 3e division de la British Army et les Royal Marines » lui ont « présenté une gamme d’équipements et d’options pour un soutien supplémentaire, notamment des systèmes ‘défensifs’ de missiles et des des véhicules protégés ».

Les responsables britanniques ont eu des « entretiens avec leurs homologues ukrainiens » afin de « comprendre les défis auxquels ils sont confrontés sur le terrain et s’assurer que l’aide militaire est conforme à leurs besoins », a expliqué le MoD.

« Nous explorons les options pour un futur soutien militaire, notamment en travaillant avec l’industrie de la défense britannique et nos homologues ukrainiens afin de garantir que l’équipement fourni continue d’être à la fois efficace et durable pour leurs forces armées héroïques », a commenté Jeremy Quin, le minstre délégué aux Acquisitions de défense.

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