Moscou prétend que des hélicoptères ukrainiens ont attaqué un dépôt de pétrole sur le sol russe

Alors qu’elles viennent de se retirer de la région de Tchernobyl et qu’elles ont apparemment réduit leur dispositif dans les environs de Kiev tout en conservant des moyens pour y exercer une pression, via des tirs d’artillerie, les forces russes semblent désormais concentrer leurs efforts sur la région du Donbass, qui regroupe les oblasts de Donetsk et de Louhansk, les « capitales » des deux républiques autoproclamées soutenues par la Russie.

Tout en consolidant ses positions dans le sud de l’Ukraine, notamment à Kherson, l’armée russe s’est renforcée à Zaporizhia, avec l’objectif probable d’atteindre Dnipro, ville située sur la rive orientale du fleuve Dniepr. En outre, selon le dernier point de situation du ministre français des Armées, elle semble produire un « effort particulier » dans le secteur d’Izioum, localité faisant partie de l’oblast de Kharkov, frontalier avec le Donbass.

A priori, la manoeuvre russe vise à encercler les troupes ukrainiennes déployées dans le Donbass où, par ailleurs, des combats continuent de faire rage à Marioupol, port stratégique donnant sur la mer d’Azov. Pour cela, faire sauter le verrou que constitue la ville de Kharkov [capitale de l’oblast du même nom] pourrait être déterminant. Or, depuis le début des hostilités, celui-ci tient toujours, malgré des bombardements incessants.

C’est donc dans ce contexte que, ce 1er avril, les autorités russes ont affirmé qu’un dépôt de pétrole appartenant au groupe public Rosneft et situé dans la région de Belgorod, à quelques dizaines de kilomètres de Kharkov, avait été la cible de deux hélicoptères d’attaque ukranieniens.

« Un incendie dans un dépôt de pétrole a eu lieu à cause d’une frappe aérienne menée par deux hélicoptères de l’armée ukrainienne qui sont entrés sur le territoire russe à basse altitude », a en effet déclaré Viatcheslav Gladkov, le gouverneur de l’oblast de Belgorod. Les locaux d’une entreprises auraient également été endommagés par des roquettes tirées par ces deux hélicoptères, selon les affirmations de son directeur, relayées par l’agence Tass.

Selon des images diffusées via les réseaux sociaux, on arrive à distinguer la silhouette d’un hélicoptère Mil Mi-24 « Hind », un modèle en service au sein des forces russes et ukrainiennes.

Seulement, et alors qu’il communique régulièrement sur les pertes infligées par ses troupes aux forces russes, l’Ukraine a gardé le silence sur cette frappe attribuée à deux de ses hélicoptères. Ce qui semble curieux étant donné que ce serait la première effectuée en territoire russe par des aéronefs depuis au moins… un erreur commise par un équipage de l’US Air Force durant la guerre de Corée, le 8 octobre 1950, celui-ci ayant bombardé la base soviétique de Sukhaya Rechka.

Puis Kiev a refusé de confirmer cette frappe. « Je ne peux ni confirmer ni démentir que l’Ukraine était impliquée, car je n’ai pas toutes les informations militaires entre mes mains », a ainsi déclaré Dmytro Kouleba, le ministre ukrainien des Affaires étrangères.

Puis, le ministère ukrainien de la Défense a suggéré qu’elle serait le fait des Russes eux-mêmes. L’Ukraine n’a pas à « assumer la responsabilité de toutes les erreurs de calcul, toutes les catastrophes et tous les événements ayant lieu sur le territoire russe », a effet affirmé Oleksandre Motouzianyk, son porte-parole.

Sur le plan militaire, un raid contre un dépôt de carburant situé à quelques kilomètres de l’oblast de Kharkov n’aurait rien d’extravagant si l’objectif était de contrarier la manoeuvre en cours vers le Donbass en ciblant la logistique. Et il vaut mieux agir de la sorte plutôt que chercher à détruire un à un les camions citerne chargés de ravitailler les blindés russes. En outre, il aurait démontré que la Russie n’a pas totalement la maîtrise du ciel, comme l’a pourtant encore assuré Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin.

« La maîtrise des airs au cours de l’opération militaire spéciale est un fait absolu. Concernant l’incident [de Belgorod] il reviendra à nos forces armées de l’évaluer », a-t-il dit, ce 1er avril. Mais il a également estimé que cette attaque attribuée à des hélicoptères urkainiens ne serait pas sans conséquence sur les pourparlers entre Moscou et Kiev.

« Il est clair qu’on ne peut pas considérer cela comme quelque chose qui va créer les conditions appropriées pour la poursuite des négociations », a affirmé M. Peskov. Toutefois, ces pourparlers ont repris, par vidéoconférence, ce 1er avril. « Nous continuons les négociations par visioconférence. Nos positions sur la Crimée et le Donbass n’ont pas changé », a même prévenu Vladimir Medinski, le négociateur du Kremlin.

Pour l’instant, l’Ukraine a proposé d’adopter un statut d’État neutre, c’est à dire qu’elle ne rejoindrait aucune alliance militaire et n’accueillerait pas de forces permanentes étrangères sur son sol sen échange de garanties sur sa sécurité qui seraient fournies par des pays tiers, comme Israël, la Turquie, le Canada et la Pologne.

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