L’US Air Force veut réduire sa flotte d’avions de supériorité aérienne F-22A Raptor de 18% en 2023

Quand elle décida de mettre un terme à la production d’avions de combat F-22A Raptor, l’administration Obama avait expliqué que cet appareil de supériorité aérienne appartenait à une « autre époque » [celle de la Guerre Froide] et que continuer à en acheter pour le compte de l’US Air Force serait un « gaspillage d’argent inexcusable », d’autant plus que ses coûts d’acquisiton et de possession étaient élevés.

Seulement, c’était aller un peu vite en besogne. Avec le retour de la menace dite de « la force » et de la compétition entre puissances, certains estimèrent que les 187 F-22A Raptor alors en service au sein de l’US Air Force [sur une cible initiale de 750 exemplaires, ramenée à 381 après la fin de la Guerre Froide, ndlr] étaient désormais insuffisants pour rivaliser avec les J-20 et FC-31 chinois ou les Su-57 Felon russes. Et de plaider pour une relance de la production… Une idée vite écartée, car trop coûteuse.

Pourtant, de par ses capacités [gardées confidentielles pour l’essentiel], sa furtivité, ses capteurs et ses performances en vol, le F-22A Raptor est en mesure d’abattre plusiers adversaires au-delà de la portée visuelle [Beyond Visual Range – BVR] sans être détecté. Ce qui en fait un atout de premier ordre pour les forces américaines.

Cela étant, l’US Air Force n’a que très peu de marge de manoeuvre avec ses F-22A Raptor. La flotte étant trop petite, la disponibilité des pièces de rechange s’en trouve limitée, d’autant plus que les moteurs Pratt & Whitney F119 ne sont plus en production. Ce qui fait que le coût de maintien en condition opérationnelle [MCO] s’envole… Qui plus est, il faut aussi compter sur l’attrition probable.

En 2021, le chef d’état-major de l’US Air Force, le général Charles Q. Brown, laissa entendre que le F-22A Raptor n’allait plus faire partie des plans à long terme de l’aviation de combat américaine… alors que l’on pouvait penser qu’il resterait en service au moins jusqu’en 2040. L’idée était alors de donner la priorité au programme « Next Generation Air Dominance » [NGAD, visant à développer un avion de combat de 6e génération mis au coeur d’un « système de systèmes »] et de compter sur le F-15EX Eagle II, le F-35A ainsi que sur un chasseur-bombardier de génération 4,5 [soit, visiblement, le F-16 porté au standard « Viper »].

Cela étant, le retrait du « Raptor » pourrait commencer bien plus tôt qu’on ne pouvait le penser. En effet, dans la demande de budget qu’elle a remis au Congrès pour l’année fiscale 2023, d’un montant de 163,9 milliards de dollars [soit 3,4% de plus que celui qui lui a été octroyé en 2022], l’US Air Force a fait part de son intention de retirer 33 F-22A de son inventaire, en particulier les plus anciens [ceux de la version Block 20]. Cela permettrait une économie de 1,8 milliard de dollars, soit la somme qu’il faudrait pour les mettre à niveau.

Selon les explications donnée par Frank Kendall, le secrétaire à l’Air Force, ces 33 F-22A Block 20 sont principalement utilisés pour l’entraînement et la formation. Aussi, ils ne sont pas aptes au combat. L’économie générée par leur retrait servira à financer la modernisation des 153 « Raptor » restants, le programme NGAD [pour lequel une enveloppe de 1,7 milliard de dollars a été demandée pour 2023, ndlr] et le passage au block 4 du F-35.

Justement, s’agissant de ce dernier, l’US Air Force veut en acheter 33 exemplaires en 2023, soit quinze de moins par rapport à ce qui avait été prévu [l’US Navy et l’US Marine Corps ont exprimé les mêmes intentions]. Et cela afin de libérer des fonds pour le NGAD, financer un nouveau moteur pour le F-35 et accélérer le déploiement du F-15EX [avec l’achat de 24 exemplaires supplémentaires, soit deux fois plus qu’en 2022, pour 2,7 milliards de dollars].

Reste maintenant à savoir ce qui décidera le Congrès… Dans sa demande de budget pour l’année fiscale 2022, l’US Air Force avait sollicité l’autorisation de retirer 42 avions d’attaque A-10 Warthog, surnommé le « tueur de chars ». Ce qui ne lui fut pas accordé. Pour l’an prochain, elle voudrait se séparer de 21 exemplaires… alors que des élus américains ont défendu l’idée d’en céder à l’Ukraine.

Mais cela aurait été une « fausse bonne idée », à en croire le secrétaire à l’Air Force. Car, selon lui, la guerre en Ukraine a indirectement démontré que le Warthog est désormais « dépassé » en raison de l’efficacité « dévastatrice » des défenses aériennes tactiques ukrainiennes. Bien que très robuste, le A-10 serait maintenant trop vulnérable, a-t-il soutenu.

Au total, le Pentagone a demandé un budget de 773 milliards de dollars au titre de l’année fiscale 2023. Soit une hausse de +4% par rapport à celui voté par le Congrès pour 2022. « Il s’agit de l’un des plus gros investissements dans notre sécurité nationale de l’histoire, avec des fonds nécessaires pour garantir que notre armée reste la mieux préparée, la mieux formée et la mieux équipée au monde », a fait valoir le président Biden.

Photo : US Air Force

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