L’US Space Force veut développer un engin spatial pour patrouiller autour de la Lune

Cette année, on célèbrera le cinquantième anniversaire de la mission Apollo 17, la dernière qui permit à deux astronautes américains [Eugene Cernan et Harrison Schmidt] de fouler le sol lunaire. Celle-ci marqua la fin d’une époque, la « conquête spatiale » se limitant désormais aux activités en orbite terrestre et à l’envoi de sondes et autres robots sur d’autres planètes [Mars en particulier] ou sur des comètes.

Cependant, depuis quelques années, la Lune est redevenue un sujet de rivalité entre puissances. Ainsi, en 2021, la Russie et la Chine ont signé un accord pour construire conjointement une « station scientifique lunaire internationale ». Pour cela, l’agence spatiale russe, Roskosmos développe le lanceur « Yenisei », dont le premier vol était jusqu’à présent prévu en 2028. Et, côté chinois, on n’entend pas se contenter du succès de la sonde Chang’e-4 , qui, en 2019, s’était posée sur la face cachée du satellite de la Terre. D’autres missions de ce type sont dans les cartons, afin d’y prospecter des ressources potentiellement exploitables, comme les métaux rares

Confirmé par l’administration Trump [qui l’a même accéléré], le programme Artemis doit permettre aux États-Unis de revenir sur la Lune. Celui-ci reposera sur le lanceur SLS [Space Launch System], la capsule Orion et une mini-station appelée « Lunar Orbital Platform-Gateway ». L’objectif est de pérenniser l’accès à la Lune avant d’envisager d’aller sur Mars.

Quant à l’Agence spatiale européenne [ESA], elle nourrit quelques ambitions. À commencer par celle consistant à explorer le sous-sol lunaire avec les robots RoboCrane et Daedalus, l’un des enjeux étant d’exploiter, par la suite, le régolithe, un minerai à partir duquel il est possible d’extraire eau et oxygène. En outre, elle a également le projet – très ambitieux – d’établir un « village lunaire ».

Par ailleurs, le Japon et l’Inde ont mis leurs ressources en commun pour explorer la Lune. Ainsi, la mission LUPEX [Lunar Polar Exploration] devrait être lancée en 2024, avant d’envisager une expédition humaine. En tout cas, c’est un objectif partagé par ces deux pays.

Cela étant, au-delà des projets portés par les États, il faut aussi compter sur les projets commerciaux portés par des acteurs privés [qui forment le « New Space »], comme ceux de SpaceX, qui a l’ambition de développer le tourisme lunaire.

Cette multitude de projets concernant la Lune pourrait avoir des implications militaires… En effet, le 21 mars, le laboratoire de recherche de l’US Air Force [AFRL – Air Force Research Laboratory] a publié une demande de propositions adressée aux entreprises membres du Space Enterprise Consortium [SpEC] afin de trouver des solutions pour le programme « Cislunar Highway Patrol System » [CHPS], qui consiste à développer un engin spatial devant permettre à l’US Space Force [USSF] de détecter, suivre et identifier tout objet artificiel évoluant entre l’orbite géostationnaire et la Lune [soit au delà d’une portée de 385’000 km].

« Le programme CHPS améliorera notre connaissance du milieu spatial, dans une région qui est mille fois plus grande que notre zone de responsabilité actuelle », a commenté Michael Lopez, le responsable de ce projet. « L’AFRL est intéressé à entendre des entreprises qui pourraient avoir des idées différentes des nôtres et qui seraient susceptibles de contribuer au développement des capacités e ce satellite. », a-t-il ajouté.

L’enjeu du CHPS est de repérer des « objets cislunaires » qui ne sont actuellement pas répertoriés [corps de fusée, débris] puis de les suivre afin de pouvoir mettre à jour leurs positions, l’idée étant d’éviter qu’ils entrent en collision avec les engins spatiaux des futures missions lunaires. Et cela peut effectivement un sujet de préoccupation : début mars, l’étage d’une fusée [présumée chinoise] en déshérence depuis des années s’est ainsi écrasé sur la face cachée de la Lune.

« Nous sommes impatients de voir ce que l’industrie proposera, pour nous aider à concevoir et à construire le système », a déclaré M. Lopez. « Notre objectif est de créer un satellite qui deviendra d’une importance cruciale alors que les États-Unis soutiennent les efforts civils et commerciaux dans le domaine cislunaire », a-t-il ajouté.

Cela étant, le Traité de l’Espace, signé en 1967, stipule que la Lune ne peut être utilisée qu’à des fins pacifiques [ce qui vaut aussi pour tout autre corps céleste] et interdit de tester des armes, d’y conduire des activités militaires [manoeuvres, bases, etc…]. C’est donc dans ce cadre-là que s’inscrit le programme CHPS. « LUS Space Force assurera le développement pacifique de l’espace, en gardant nos missions sûres et sécurisées dans ces frontières lointaines », fait d’ailleurs valoir le Pentagone.

Photo : AFRL

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