Avec le missile intercontinental Hwasong-17, la Corée du Nord se dit « prête » à une « confrontation » avec les États-Unis

Visée par des sanctions internationales censées affaiblir son économie, la Corée du Nord a encore suffisamment de ressources pour se permettre de poursuivre ses activités nucléaires et balistiques… Ainsi, en l’espace de seulement quelques jours, elle a procédé à deux essais du missile balistique intercontinental Hwasong-17, qu’elle avait dévoilé en octobre 2020 à l’occasion d’un défilé militaire organisé pour le 75e anniversaire du Parti des Travailleurs.

Pour rappel, et selon les déductions que l’on pouvait faire des images alors diffusées par Pyongyang, le Hwasong-17 est un missile qui, monté sur un véhicule lanceur à onze essieux, afficherait une longueur de 24 mètres. Il aurait la capacité d’emporter jusqu’à 100 tonnes de carburant, ainsi qu’une charge militaire de 15 à 20 tonnes. Une des questions en suspens est de savoir si cet engin peut emporter une ogive « mirvée », c’est à dire comprenant plusieurs têtes nucléaires [ou conventionnelles] ayant chacune leur propre trajectoire, ce qui compliquerait leur interception.

Au début de ce mois, les analystes s’attendaient à un essai imminent de ce Hwasong-17, étant donné que, sous le couvert du développement d’un « satellite de reconnaissance », Pyongyang aurait testé, les 27 février et 5 mars, des parties, si ce n’est la totalité, du moteur devant propulser cet engin. D’où le déploiement du porte-avions américain USS Abraham Lincoln en mer Jaune et de l’envoi, en Corée du Sud, d’avions espions RC-135S Cobra Ball et RC-135V Rivet Joint.

Le 16 mars, depuis l’aéroport de Pyongyang, la Corée du Nord a procédé au lancement d’un missile, présumé être un Hwasong-17. Seulement, ce qui devait être le premier essai de cet engin s’est soldé par un échec. En effet, d’après les observations rapportées par le Comité des chefs d’état-major interarmées sud-coréen [JCS], le « projectile » aurait eu un problème « au début de la phase de propulsion », avant d’exploser alors qu’il volait à une altitude inférieure à 20 km.

On aurait pu penser qu’un tel échec aurait freiné le développement du Hwasong-17… Il n’en a rien été. Une semaine plus tard, plus précisément le 24 mars, la Corée du Nord a de nouveau lancé un missile depuis Pyongyang. Et il est apparu très vite que les performances de cet engin étaient nettement plus élevés que les autres missiles de l’arsenal nord-coréen, celui-ci ayant volé pendant 71 minutes et atteint l’altitude de 6000 km, avant de tomber dans la zone économique exclusive [ZEE] du Japon, à environ 150 km à l’ouest de la péninsule d’Oshima.

Ce 25 mars, l’agence officielle nord-coréenne KCNA a confirmé ces données. « Le missile, lancé depuis l’aéroport international de Pyongyang, a atteint une altitude maximale de 6248,5 km et a parcouru une distance de 1090 km pendant 4,052 secondes avant de frapper avec précision la zone prédéfinie », a-t-elle effet affirmé.

D’après les photographies qu’elle a diffusées, le Hwasong-17 a été lancé depuis le tracteur-érecteur-lanceur [TEL] à onze essieux qui avait été vu lors de la parade militaire d’octobre 2020. En théorie, cela permet de dissimuler plus facilement des missiles et d’éviter de les exposer à des frappes adverses. Mais, en pratique, cela ne semble guère pertinent pour le Hwasong-17, ses dimensions le rendant peu mobile.

Le précédent essai d’un missile intercontinental nord-coréen avait été effectué en novembre 2017. À l’époque, l’engin testé, un Hwasong-15, avait atteint l’altitude de 4475 km et parcouru 950 km. Cette trajectoire en cloche suggérait alors qu’il avait une portée théorique d’environ 13’000 km.

Avec le Hwasong-17, la Corée du Nord aurait donc la capacité de viser une cible à plus de 15’000 km de distance, ce qui met les États-Unis et l’Europe à portée de frappe. Ce que n’a pas manqué de souligner Kim Jong-un, le chef du régime nord-coréen.

Ce nouveau missile « fera prendre conscience au monde entier […] de la puissance de forces stratégiques » et la République populaire démocratique de Corée est « désormais prête pour une confrontation de longue durée avec les impérialistes américains », a-t-il commenté, selon des propos rapportés par KCNA.

En attendant, le Conseil de sécurité des Nations unies va de nouveau se réunir, ce 25 mars, pour évoquer ce tir de missile nord-coréen. Ce qui, compte tenu de la guerre en Ukraine et des tensions entre les Occidentaux et la Russie [ainsi que la Chine], risque de ne rien donner. Ce qui est d’ailleurs déjà le cas… car outre le Hwasong-17, la Corée du Nord prétend avoir aussi mis au point de nouvelles armes [missile semi-balistique, missile de croisière à longue portée, planeur hypersonique – présenté comme tel – , missiles de portée intermédiaire, etc].

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