Corée du Nord : L’essai d’un missile balistique, présumé intercontinental, s’est soldé par un échec

Les sanctions économiques prises par la communauté internationale contre la Corée du Nord pour ses activités nucléaires et balistiques n’ont apparemment aucun effet tangible… même si elle avait annoncé un « moratoire » en avril 2018 afin de faciliter les négociations avec les États-Unis et d’amorcer un rapprochement avec la Corée du Sud.

Selon le groupe d’experts des Nations unies chargé de suivre l’application des sanctions, l’Agence internationale de l’énergie atomique [AIEA] et le renseignement américain, ce « moratoire » n’avait aucune réalité concrète, Pyongyang ayant poursuivi ses activités nucléaires et le développement de missiles balistiques. D’ailleurs, il y fut mis un terme en janvier 2020… après au moins dix essais de projectiles de courte portée effectués durant l’année précédente.

Ces derniers mois, et alors que l’AIEA a récemment noté un regain d’activités sur le site de Yongbyon ainsi que dans d’autres installations liées au programme nucléaire nord-coréen, Pyongyang a multiplié les essais de missiles, avec l’objectif de se doter d’engins intercontinentaux, dont le développement avait été apparemment arrêté en novembre 2017, après le lancement – réussi – d’un modèle de type Hwasong-15, d’une portée théorique d’au moins 13’000 km.

Ainsi, à l’automne 2021, Pyongyang a assuré avoir testé avec succès une arme hypersonique, se composant d’un planeur porté par un missile Hwasong-12, un missile de croisière à longue portée ainsi qu’un missile balistique mer-sol, présentant des similitudes avec le KN-23, un engin semi-balistique disposant d’une capacité de manoeuvre, comme l’Iskander russe ou les DF-15/M9 et B-611 chinois.

Un an plus tôt, pour le 75e anniversaire du Parti des Travailleurs, la Corée du Nord exhiba le Pukguksong-4ㅅ, un missile balistique mer-sol, dont on ignore l’état de developpement, ainsi qu’un engin appelé Hawsong-17 qui, monté sur un véhicule à 11 essieux, avait, selon les estimations faites à l’époque, une longueur de 24 mètres et la capacité d’emporter 100 tonnes de carburant ainsi qu’une charge militaire de 15 à 20 tonnes.

Depuis, ce missile « géant » n’a plus fait d’apparition… alors que, en janvier 2021, à l’issue du 8e Congrès du Parti des travailleurs et peu avant l’entrée en fonction de Joe Biden à la Maison Blanche, une évolution du Pukguksong-4ㅅ fut présentée lors d’un nouveau défilé militaire.

Quoi qu’il en soit, depuis le début de cette année, la Corée du Nord a enchaîné les tirs de missiles. L’un d’eux, effectué le 30 janvier, aurait impliqué un Hwasong-12. Lancé depuis la province septentrionale de Jagang, il a atteint l’altitude de 2000 km et parcouru 800 km avant de s’abîmer en mer du Japon. Sa portée théorique étant évaluée à plus de 4500 km, il pourrait atteindre la base américaine implantée sur l’île de Guam.

Cela étant, plusieurs signes suggèrent, selon les analystes, que la Corée du Nord s’apprêterait à tester le Hwasong-17 d’ici le 110e anniversaire de la naissance de Kim Il-sung, le fondateur du régime nord-coréen, le 15 avril prochain. Selon toutes vraisemblance, des essais impliquant des parties, voire la totalité du moteur du Hwasong-17 ont été menés le 27 février et le 5 mars, ces essais étant censés, officiellement, permettre le développement des composants d’un satellite de reconnaissance.

Ce qui a d’ailleurs motivé les États-Unis et la Corée du Sud à renforcer la préparation opérationnelle de leurs unités de défense aérienne, lesquelles mettent en oeuvre le système Patriot. En outre, l’US Navy a envoyé le groupe aéronaval formé autour de l’USS Abraham Lincoln en mer Jaune tandis que l’US Air Force a mobilité des avions espions RC-135S Cobra Ball et RC-135V Rivet Joint.

C’est donc dans ce contexte que la Corée du Nord a lancé un « projectile non identifié », ce 16 mars, depuis l’aéroport international de Sunan [près de Pyongyang], où avaient été effectués les essais avec composants du Hawsong-17. Seulement, l’engin « semble avoir explosé en plein vol peu après son lancement », selon le Comité des chefs d’état-major interarmées [JCS].

« À ce stade, notre évaluation est que le lancement du projectile semble avoir échoué à atteindre une certaine altitude au début de la phase de propulsion », a indiqué une source militaire à l’agence sud-coréenne Yonhap. L’engin aurait explosé alors qu’il volait à une altitude inférieure à 20 km.

Pour le moment, on n’a pas la certitude absolue que l’engin en question était bien un Hwasong-17. Cependant, selon Cheong Seong-chang, un chercheur de l’Institut privé Sejong sollicité par l’AFP, « des signes indiquent que le Nord a testé le Hwasong-17 aujourd’hui ».

A priori, des débris du missile seraient tombés sur Pyongyang, le site de lancement étant proche de la capitale nord-coréenne.

Reste que pour la Corée du Nord, la situation est propice pour faire passer un cap à son programme de missiles balistiques, le Hwasong-17 devant avoir la capacité d’emporter plusieurs ogives nucléaires. En effet, il y a peu de chances pour qu’elle fasse l’objet de e nouvelles sanctions étant donné que la Russie et la Chine sont susceptibles de s’y opposer au sein du Conseil de sécurité des Nations unies.

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