Un avion E-2C Hawkeye de la Marine nationale sollicité pour surveiller l’espace aérien croate

Dans la soirée du 10 mars, un Tu-141 « Strizh », un drone conçu durant la période soviétique pour effectuer des missions de reconnaissance dans la profondeur d’un dispositif ennemi, s’est écrasé dans un quartier de Zagreb [Croatie], sans faire de victime. Depuis, le mystère entourant cet incident s’est épaissi après les révélations faites trois jours plus tard par Mario Banožić, le ministre croate de la Défense.

Ainsi, selon les premières constatations, des traces d’explosifs ont été retrouvées parmi les débris de ce Tu-141 « Strizh », ce qui suppose que cet appareil a été modifié pour en faire un missile guidé. Pour rappel, seule l’Ukraine dispose encore de tels engins, capables de voler à la vitesse de 600 noeuds [soit plus de 1100 km/h] à 20000 pieds d’altitude et dont la portée est d’environ 1000 km. Et, évidemment, étant donné le contexte actuel, il est tentant de penser que les forces ukrainiennes les ont ainsi transformés pour les utiliser contre les troupes russes.

« Les traces de l’explosif et autres éléments trouvés laissent supposer que cet engin n’était pas destiné à la reconnaissance », a insisté M. Banožić.

Selon, le Premier ministre croate, Andrej Plenkovic, le Tu-141 aurait décollé « de toute évidence » depuis le territoire ukrainien, avant de survoler la Roumanie et la Hongrie [pendant 40 minutes], avant de s’écraser à 200 mètres d’une quartier résidentiel de Zagreb, après sept minutes de vol dans l’espace aérien croate. « Nous ne savons pas à qui il appartenait […] les parties russe et ukrainienne affirmant que ce n’est pas le leur », avait-il ajouté.

Quoi qu’il en soit, M. Plenkovic a estimé que la réaction de l’Otan dans cette affaire laissait à désirer… À noter qu’un responsable de l’organisation a confié, à l’AFP, le 11 mars, que « la défense aérienne et antimissile intégrée [de l’Alliance] avait suivi la trajectoire » du drone en question…

« C’est évident que la réaction n’était pas bonne, ni l’estimation du niveau du danger, ni la communication avec d’autres pays de façon prompte et rapide […] Il s’agit d’un incident qui ne doit pas se répéter. […] C’est un test qui doit nous permettre à tous de beaucoup apprendre et de réagir beaucoup mieux », a déclaré le chef du gouvernement croate, avant d’en appeler au « renforcement et à l’intensification de la coopération » au sein de l’Otan.

« C’est l’espace aérien de l’Otan, roumain, hongrois et croate, et nous ne pouvons plus tolérer une telle situation. Elle ne devrait pas se reproduire. Il s’agissait d’une menace évidente à laquelle on aurait dû réagir », a insisté M. Plenkovic.

Justement, s’agissant de coopération, celui-ci a demandé l’appui de la France, qui, dans le cadre de la mission Clemenceau 22, a déployé le groupe aéronaval [GAN] formé autour du porte-avions Charles de Gaulle en mer Ionienne, d’où il prend part aux missions de type « enhanced Vigilance Activities » [eVA] menée en Roumanie et en Bulgarie dans le cadre de l’Otan.

« Après la chute du drone sur Zagreb, à la demande, le président Emmanuel Macron a approuvé l’envoi d’un avion d’alerte précoce E-2C Hawkeye pour surveiller et contrôler l’espace aérien croate. Nous continuons de travailler avec des alliés de l’Otan », s’est félicité M. Plenkovic, via Twitter.

Celui-ci aurait pu se tourner vers les États-Unis, étant donné que le porte-avions USS Harry S. Truman navigue dans le même secteur que le Charles de Gaulle…

Un vol de surveillance de l’E-2C Hawkeye de la Flottille 4F au-dessus de la Croatie été effectué le 12 mars, « en étroite coordination avec les autorités croate », a précisé l’État-major des armées [EMA], le 14 mars. Probablement que des Rafale Marine ont été mis en alerte afin de suppléer, le cas échéant, les MiG-21 de la force aérienne croate [HRZ].

En tout cas, l’assistance française a été saluée par M. Plenkovic. « Nous apprécions l’engagement de l’E-2C Hawkeye pour le contrôle de l’espace aérien après la chute du drone à Zagreb », a-t-il affirmé, ce 15 mars, alors qu’il était invité à bord du porte-avions Charles de Gaulle. Et d’annoncer la tenue d’exercices « tactiques » associant les Rafale M et les MiG-21 de la HRZ. « Nous renforçons le partenariat stratégique », a-t-il souligné. Partenariat stratégique qui a récemment pris une nouvelle dimension avec la commande de 12 Rafale d’occasion passée par Zagreb.

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