La Suède va encore augmenter significativement ses dépenses militaires et les porter à 2% du PIB

En décembre 2012, le général Sverker Göranson, alors chef d’état-major des forces suédoises, se mit les reponsables politiques de son pays à dos pour avoir affirmé que, après des années des disette budgétaire en matière militaire, la Suède – membre de l’Union européenne mais pas de l’Otan – ne resisterait pas plus d’une semaine en cas « d’attaque limitée ».

Mais, finalement, les élus suédois durent se rendre à l’évidence, notamment au regard de l’activité des forces russes dans la région de la Baltique. Puis, l’annexion de la Crimée, en mars 2014, provoqua une prise de conscience. Et, depuis, Stockholm s’attache à « muscler » sa politique en matière de défense.

Ce qui passe par une reprise en main de l’industrie de l’armement, en particulier dans le domaine de la construction navale, un retour au concept de « défense totale » qui avait pris la poussière depuis la fin de la Guerre Froide, à la tenue d’exercices de grande ampleur, au rétablissement du service militaire, à la remilitarisation de l’île – stratégique – de Götland et, évidemment, par une hausse significative du budget de la défense.

En décembre 2020, le Parlement suédois [Riksdag] a ainsi approuvé une hausse de +40% des dépenses militaires du pays, celles-ci devant atteindre 8,8 milliards d’euros en 2025. De quoi augmenter les effectifs militaires pour les porter de 55’000 à 90’000 militaires, afin de faire renaître plusieurs régiments [et former deux brigades mécanisées et une brigade motorisée], de renforcer les forces navales avec des navires supplémentaires ou bien encore de rouvrir des bases aériennes désaffectées. Un effort particulier devait être fait augmenter les stocks de munitions « complexes » ainsi que pour acquérir de nouvelles capacités.

« Notre décision [d’augmenter les dépenses militaires] est liée à la situation sécuritaire. On a vu l’agression russe en Géorgie, l’annexion de la Crimée, le conflit en Ukraine, les tensions au Bélarus, l’augmentation des activités militaires russes, les manœuvres militaires en Arctique et dans la région de la mer Baltique. On voit que les Russes sont prêts à utiliser des moyens militaires pour réaliser des objectifs politiques », avait justifié Peter Hulqvist, le ministre suédois de la Défense.

Mais, après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le gouvernement suédois entend aller encore plus loin en portant les dépenses militaires à 2% du PIB, le montant de celles-ci, même avec l’effort consenti durant ces dernières années, étant actuellement équivalent à 1,3% du PIB. Il faut dire que Stockholm part de loin : en 2015, elles s’élevaient à 0,9% du PIB.

« Aujourd’hui [10/03], nous présentons une nouvelle initiative avec un message clair au peuple suédois et au monde qui nous entoure. La capacité de défense de la Suède doit être considérablement renforcée », a déclaré Magdalena Andersson, la cheffe du gouvernement suédois.

Un tel effort suppose de porter les dépenses militaires suédoises à plus de 10,1 milliards d’euros, contre 6,59 milliards d’euros actuellement. Cela étant, augmenter significativement et rapidement le budget de la défense est une chose… Mais encore faut-il que les forces armées aient la capacité de le dépenser…

« On ne peut pas, si rapidement que cela, augmenter l’effort de défense. […] La réalité est qu’il faut être capable de dépenser cet argent, avoir un système industriel qui a la capacité de produire les équipements et il faut que nous ayons la capacité à produire de la ressource humaine formée et entraînée. Et tout cela prend du temps », avait en effet expliqué le général [2S] François Lecointre, quand il était encore chef d’état-major des armées [CEMA].

Aussi, c’est sans doute la raison pour laquelle M. Hultqvist s’est gardé de préciser quand cet objectif des 2% du PIB devra être atteint. « Cela dépend de plusieurs facteurs, notamment la vitesse à laquelle les forces armées pourraient se développer », a-t-il dit. « Nous voulons mettre cela en œuvre de manière systématique, réaliste et réalisable. Nous devons tirer le meilleur parti de chaque couronne que nous dépensons pour la défense », a-t-il conclu.

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