La Chine annonce une hausse « officielle » de +7,1% de ses dépenses militaires

À Pékin, un menu acheté dans un restaurant McDonald’s coûte 2,68 dollars. Soit un prix deux fois moins élevé qu’à Washington, où un billet de cinq dollars ne suffirait pas. Aussi, établir un classement des pays en fonction du niveau de leurs dépenses militaires n’est pas pertinent. Ce qu’il faut regarder, ce sont les capacités qu’elles permettent d’acquérir, de conserver et d’améliorer. Et établir de telles comparaisons n’est pas forcément la tâche la plus aisée, au regard de l’ensemble des paramètres dont il faudrait tenir compte.

Ainsi, en 2021, le budget militaire chinois s’est élevé à 1355,34 milliards de yuans [officiellement, du moins, car ce montant serait sous-évalué d’une bonne cinquantaine de milliards de dollars, ndlr]. Soit près de quatre fois moins que celui du Pentagone [675 milliards d’euros, ndlr]. Cependant, malgré cet écart, constaté depuis plusieurs années, l’Armée populaire de libération [APL] se modernise à toute vitesse, en se dotant même de capacités que les forces américaines ne maîtrisent pas encore, notamment dans le domaine des armes hypersoniques.

Par exemple, l’an passé, la Chine a testé un planeur orbital hypersonique en reprenant le concept de « système de bombardement orbital fractionné », qui avait été imaginé par l’Union soviétique durant la Guerre Froide, afin de prendre à revers les défenses aériennes des États-Unis. « Je ne sais pas si c’est exactement comme Spoutnik mais je pense que c’en est très proche », avait alors commenté le général Mark Milley, le chef d’état-major interarmées américain, en faisant référence à la surprise suscitée par la première mise en orbite d’un satellite par les Soviétiques, en 1957.

Par ailleurs, lors d’une audition parlementaire, l’automne dernier, le chef d’état-major de la Marine nationale, l’amiral Pierre Vandier, avait souligné que la Chine mettait désormais à l’eau l’équivalent de la flotte française tous les trois ans. Qui plus est, la quantité rejoint la qualité.

À cet effort particulier, on peut aussi citer ceux faits dans les domaines de l’aéronautique, de l’espace, de la cyberdéfense, des capacités terrestres et des armes dites de rupture, comme les planeurs hypersoniques. En outre, la Chine semble aussi accroître significativement son arsenal nucléaire [+20% en deux ans], ce qui s’accompagne de la construction de nouveaux sites de lancement pour des missiles balistiques stratégiques.

Avec une progression à deux chiffres jusqu’en 2015, les dépenses militaires chinoises ont doublé entre 2011 et 2021, après avoir marqué le pas en raison des conséquences économiques de la pandémie de covid-19. L’an passé, Pékin avant annoncé une hausse de +6,8% de son budget militaire. Et, en 2022, ce dernier augmentera encore de +7,1%, pour une croissance de son PIB estimée à +5,5%. Il atteindra ainsi – officiellement – 210 milliards d’euros. C’est en effet ce qu’a annoncé, Li Keqiang, le Premier ministre chinois, ce 5 mars.

Ce nouvel effort budgétaire est motivé par au moins trois raisons, données par le Global Times, un quotidien proche du Parti communiste chinois [PCC]. En premier lieu, il s’agit de tenir la dragée haute aux forces américaines [et à leurs alliés], lesquelles ont multiplié les exercices dans la région Indo-Pacifique, et en particulier en mer de Chine méridionale, dont la quasi-totalité est revendiquée par Pékin.

Il y est question de Taïwan, considérée comme une province « rebelle » par les autorités chinoises. « La Chine reste le seul membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU qui n’a pas encore réalisé sa réunification nationale complète », a fait valoir le Global Times.

À ce propos, M. Li a assuré que Pékin continuerait de promouvour un « développement pacifique des relations de part et d’autre du détroit [de Taïwan]. Seulement, a-t-il ajouté, « nous nous opposons fermement à toute activité séparatiste visant à » l’indépendance de Taiwan « et nous nous opposons fermement à toute ingérence étrangère ». Cette mention à ces « ingérences » est, a priori, un fait nouveau.

Enfin, le Global Times a également cité la situation à la frontière avec l’Inde, laquelle a déjà dégénéré en affrontements entre soldats chinois et indiens par le passé.

Quoi qu’il en soit, cette nouvelle hausse du budget militaire chinois, permettra de poursuivre la modernisation des capacités de l’APL avec « l’achat et la mise en service d’armes et d’équipements plus avancés, tant en termes de qualité et de quantité » [le lancement d’un troisième porte-avions est attendu] et de renforcer la préparation opérationnelle de ses troupes.

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