Avec Deeplomatics, le ministère des Armées ajoute une autre corde à son arc pour la lutte anti-drones

En matière de lutte anti-drones [LAD], plusieurs initiatives ont été lancées par le ministère des Armées au cours de ces dernières années. comme le programme MILAD [Moyens mobiles de Lutte Anti-Drones, mené par CS Group], le projet ARLAD [adaptation réactive de lutte anti-drone] qui vise à protéger les convois de l’armée de Terre contre cette menace, le système BASSALT, développé par l’armée de l’Air afin de sécuriser les sites sensibles, ou encore le marché PARADE [Protection déployable modulaire anti-drones], lancé par la Direction générale de l’armement [DGA] en 2021.

Cette liste ne s’arrête pas là, l’Agence de l’innovation de Défense [AID] ayant mis plusieurs fers au feu. L’an passé, elle a lancé un appel à projets pour mettre au point un « drone intercepteur de drones », afin de neutraliser les appareils « commerciaux condidérés comme non collaboratifs » [c’est à dire pouvant représenter une menace]. Et elle soutient également le projet HELMA-P, qui repose sur une arme laser développé par le français CILAS. Des expérimentations à bord de navires de la Marine nationale est prévue, après des essais très encourageants.

Et puis il y a aussi le projet Deeplomatics, soutenu par l’AID, via une subvention de près de 300’000 euros accordées, via le dispositif ASTRID [Accompagnement Spécifique des travaux de Recherches et d’Innovation Défense], à un consortium réunissant le laboratoire de Mécanique des Structures et des Systèmes Couplés et le laboratoire CEDRIC du Conservatoire national des arts et métiers, en lien avec l’Institut Franco-Allemand de recherches de Saint Louis [ISL] et la société ROBOOST.

Concrètement, Deeplomatics vise à développer un réseau de surveillance composé de capteurs passifs acoustiques et optroniques et reposant sur des technologies liées à l’intelligence artificielle, et en particulier celle appelée « Deep Learning » [ensemble de méthodes d’apprentissage automatique, ndlr].

Cela suppose de déployer des antennes microphoniques compactes, omnidirectionnelles, dotées chacune « d’une intelligence artificielle indépendante entrainée pour détecter, localiser et identifier en temps réel le type de drone en vol » dans un rayon de 300 mètres.

Ce réseau de surveillance s’appuie également sur un système d’imagerie monté sur une tourelle orientable sur 360°, disposant d’une portée de 1,5 km. « Son orientation et ses paramètres d’imagerie active sont pilotés en temps réel par les données fusionnées des différents capteurs acoustiques », explique l’AID. Et, grâce à une intelligence artificielle « entrainée à détecter les drones dans le flux vidéo », il est ainsi possible de « réaliser la poursuite vidéo d’une cible non coopérative ».

Les essais de Deeplomatics sont prometteurs. « En utilisant une base de données d’une quinzaine d’heures d’enregistrements de drones civils de tailles variées, le système a montré une capacité de détection de drones supérieure à 95% et de reconnaissance du modèle de drone supérieure à 85 % », avance l’AID, pour qui l’approche de ce projet a permis « réaliser un saut scientifique et technique sans précédent pour la sécurisation d’une vaste zone à protéger ».

Près trois ans après avoir été lancé, Deeplomatics est maintenant en phase d’achèvement, le transfert vers l’industrie des technologies qu’il a permis de mettre au point étant en cours de préparation. Sans doute sera-t-il prêt pour les grands évènements que la France doit organiser en 2023 [coupe du monde de Rugby] et en 2024 [Jeux Olympiques]. Voire en 2022 pour le mondial de football au Qatar, Paris et Doha ayant un accord pour en assurer la sécurité.

Dans le même domaine, un autre projet vient d’obtenir un label auprès de l’AID. Le pôle d’innovation technique Bingo, créé en février 2021 sous l’égide de la DGA pour tout ce qui a trait à la cyberdéfense, les systèmes électroniques et la photonique, a ainsi notifié son premier contrat à la société EPSI afin de mener une expérimentation en matière de détection de drones de loisir.

« Fondé sur une technologie civile intégrée dans un radar de détection d’intrusion de piétons, le projet vise à lutter contre l’intrusion des drones de loisirs. EPSI propose d’utiliser cette technologie à des fins opérationnelles dont l’armée de Terre pourrait bénéficier », précise la DGA.

La technologie en question repose sur le système de surveillance de zone PSR, qui, développé par EPSI, est basé sur un radar à onde continue [ou à ondes entretenues], qui émet sans interruption un signal hyperfréquence.

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