Aux Antilles, les forces françaises se préparent à une éventuelle rupture des câbles sous-marins de communication

À peine l’offensive russe contre l’Ukraine venait-elle d’être annoncé par Vladimir Poutine, le chef du Kremlin, qu’une attaque informatique a visé le satellite de communications KA-SAT qui, exploité par la société américaine Viasat, fournit un accès Internet à haut débit à plusieurs opérations européens, dont Nordnet en France.

C’est en effet ce qu’a confirmé le général Michel Friedling, le patron du Commandement de l’Espace [CdE], lors du dernier point presse du ministère des Armées, pour lequel il avait été convié pour évoquer la deuxième édition de l’exercice AsterX. « Ce que nous avions imaginé arrive », a-t-il souligné.

Et cette attaque informatique n’a pas seulement eu pour conséquence la « neutralisation » du satellite visée : selon le général Friedling, elle a endommagé, voire détruit, des « plusieurs dizaines de milliers de terminaux ». Incidemment, elle a également affecté le fonctionnement de 5800 éoliennes [soit une capacité de 11 gigawatts] qui, installées en Allemagne, étaient pilotés à distance via le réseau de Viasat. Leurs terminaux ne pouvant pas être redémarrés, il faudra certainement les remplacer… Ce qui tombe au plus mauvais moment avec la pénurie de semi-conducteurs. Qui plus est, avec le renchérissement du prix du gaz, la Russie, si c’est bien elle qui en est à l’origine, a en quelque sorte fait d’une pierre deux coups.

Quoi qu’il en soit, cette affaire montre, s’il en était encore besoin, l’importance prise par les systèmes de télécommunications. Outre les satellites, les câbles sous-marins sont aussi vulnérables. Et la Russie s’y intéresse depuis déjà un bon moment, le navire Yantar ayant souvent été repéré près de ceux reliant l’Europe au continent américain.

D’ailleurs, les forces françaises se préparent à une rupture de ces câbles de communication sous-marins. Rupture qui peut être accidentelle, comme cela est arrivé à celui qui relie la Guadeloupe à Antigua, en décembre 2020, ou provoquée sciemment.

C’est la raison pour laquelle la Direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’information [DIRISI], dont on ne parle sans doute pas assez alors qu’elle tient un rôle devenu essentiel de nos jours, a conduit l’exercice TRITON [Tests de résilience interarmées des transmissions], le 23 février dernier.

Selon l’État-major des armées [EMA], cet exercice a consisté à « à préparer les Forces armées aux Antilles [FAA] à faire face à une coupure de ses transmissions » vers la Métropole. Et de préciser : « L’objectif était de mettre en œuvre les moyens de transmissions de secours par voie satellitaire, en simulant une panne totale des liaisons transatlantiques sous-marines ».

Cet exercice a ainsi mobilisé plus de 150 militaires de la DIRISI en Martinique, en Guadeloupe et en Métropole, ainsi que ceux du centre des opérations des FAA. Le Bâtiment de soutien et d’assistance outre-Mer [BSAOM] Dumont d’Urville et la frégate de surveillance Germinal ont également été mobilisés.

Dans son communiqué, l’EMA rappelle que la DIRISI doit « ainsi être en mesure de mettre rapidement en place des liaisons satellitaires pour remplacer les liaisons transatlantiques sous-marines qui seraient indisponibles ». Ce qui peut être vital en cas de catastrophe, afin de permettre aux FAA de venir en aide à la population.

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