L’Aviation légère de l’armée de Terre recevra ses premiers hélicoptères Tigre Mk3 en 2029

Après des mois de palabres et d’hésitations sur les intentions allemandes, le contrat visant à porter l’hélicoptère Tigre au standard Mk3 [ce qui correspond à une modernisation à mi-vie] a enfin été notifié à Airbus Helicopters, ce 2 mars, par l’Organisation Conjointe de Coopération en matière d’Armement [OCCAr], au nom de la Direction générale de l’armement [DGA] française et de la Dirección General de Armamento y Material [DGAM] espagnole.

Comme attendu, et ayant donc été lancé sans l’Allemagne, ce programme est moins ambitieux que prévu, en particulier pour l’Aviation légère de l’armée de Terre [ALAT], qui ne pourra moderniser que 42 Tigre sur les 67 qu’elle a en dotation. Cependant, une option pour porter ceux-ci au standard Mk3 ultérieurement a été posée, le contrat laissant la porte ouverte à une éventuelle participation de Berlin.

« Le Tigre MkIII apportera une solution européenne au besoin des armées pour un hélicoptère d’attaque à la pointe de la technologie qui sera opérationnel pour les décennies à venir. Avec cette modernisation, le Tigre restera un atout moderne et essentiel pour les armées qui l’emploient. Le programme renforcera aussi la coopération européenne », s’est félicité Bruno Even, le Pdg d’Airbus Helicopters. « Le Tigre n’a pas d’équivalent dans le monde en
matière d’opérations de haute intensité. Le programme MkIII permettra d’accroître sa connectivité, sa précision et sa puissance de feu « , a-t-il fait valoir. Sans doute espère-t-il convaincre le ministère allemand de la Défense qui aurait un penchant pour l’AH-64 Apache de Boeing, comme, du reste, son homologue australien.

Avec ce nouveau standard, le Tigre sera « pleinement connecté au sein des systèmes de numérisation du champ de bataille », avec la capacité de prendre le contrôle de drones et de partager des données tactiques en temps réel. « La charge de travail de l’équipage sera également réduite grâce à une nouvelle avionique lui permettant de se focaliser sur la conduite de sa mission », assure l’industriel.

Selon dernier, le vol inaugural du Tigre MK III devrait avoir lieu en 2025. Et les premières appareils destinés à l’ALAT commenceront vers la fin de l’année 2029. Et d’ajouter que les « travaux de développement et de mise à niveau seront menés dans les installations d’Airbus Helicopters à Albacete [Espagne], Marignane [France] et Donauwörth [Allemagne] ».

Pour rappel, la France a prévu d’investir 2,8 milliards d’euros dans ce programme. Une somme qui s’ajoute à l’enveloppe de 1,18 milliard récemment débloquée par l’Espagne pour moderniser les 18 Tigre des Fuerzas aeromobiles del Ejercito de tierra [FAMET].

Le développement du standard Mk3 du Tigre mobilise d’autres industriels. Ainsi, Safran Electronics & Defense fournira le système de visée Strix NG ainsi qu’un système de navigation inertielle tandis que Thales livrera la suite avionique FlytX, le casque à viseur intégré TopOwl Digital Display, la radio Contact [pour intégrer l’hélicoptère dans la « bulle » SCORPION, un dispositif de navigation par satellite compatible avec les constellations GPS et Galileo, un nouveau système d’autoprotection construit autour du CATS-150, et deux terminaux Micro-TMA, l’un pour le guidage des missiles air-sol, l’autre pour la liaison vidéo avec les drones. Un nouveau système de combat sera mis au point par Atos.

De son côté, Indra se concentrera sur les Tigre Mk3 espagnols, avec l’intégration d’un système de combat, des contre-mesures, de Liaison 16 et d’une liaison SATCOM.

S’agissant de l’armement, MBDA fournira les missiles air-so MAST-F [Future Tactical Air-to-Surface Missile encore appelé « Missile haut de trame, MHT] et air-air Mistral 3. Du moins pour les Tigre Mk3 français, la DGAM espagnole ayant fait d’autres choix, notamment avec le Spike israélien. Un point qui avait d’ailleurs été soulevé par le sénateur Cédric Perrin, lors d’une séance de la commission des Affaires étrangères et de la Défense, en janvier dernier.

« Il reste désormais à convaincre l’Espagne à renoncer au missile anti-char israélien Spike et de se rallier au futur missile anti-char MHT de MBDA, ce qui n’est pas évident car l’Espagne n’utilise actuellement que des Spike, y compris depuis le sol. Parmi les arguments que nous faisons valoir, figure celui que la France prendrait en charge 4/5 des coûts de développement. Par ailleurs, ce futur missile anti-char pourrait aussi équiper l’Eurodrone », avait en effet expliqué le parlementaire.

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