Pékin nie avoir intimidé un P-8 Poseidon australien et accuse Canberra d’actions « malveillantes »

Le Premier ministre australien, Scott Morrison, ne décolère pas, après qu’un navire chinois a pointé un laser de qualité militaire en direction d’un avion de patrouille maritime P-8A Poseidon de la Royal Australian Air Force [RAAF], alors que celui-ci survolait la mer d’Ararufa, entre le nord de l’Australie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, la semaine passée.

Dans un communiqué publié le 19 février, le ministère australien de la Défense a dénoncé vigoureusement cet incident, estimant que l’équipage du P-8A Poseidon avait été mis en danger par la conduite jugée « non professionnelle et dangeureuse » de la marine chinoise.

D’après les photographies publiées à l’appui de ses accusations, l’avion de patrouille maritime australien surveillait deux navires militaires chinois au moment des faits, dont le « destroyer » de type 052D « Hefei » et le navire d’assaut amphibie de type 071 « Jinggang Shan ».

« Je ne peux le considérer autrement que comme un acte d’intimidation », a déclaré M. Morrison, le 20 février, évoquant une action « injustifiée et non provoquée ». De son côté, son ministre de la Défense, Peter Dutton, a parlé d’un « acte très agressif » de la part du navire chinois.

Le lendemain, le Premier ministre australien est de nouveau revenu sur cet incident. « Il est possible que l’on ait même pu voir les navires depuis nos côtes », a-t-il dit à la presse, lors d’un déplacement en Tasmanie, expliqant que Canberra avait demandé, par la voie diplomatique, une « enquête complète sur cet évènement » aux autorités chinoises « Que diraient-elles si une frégate australienne avait point un laser vers un avion de surveillance chinois dans le détroit de Taïwan? », a-t-il demandé. « Pouvez-vous imaginer leur réaction, à Pékin? », a-t-il insisté.

Sans prendre le risque de se tromper [il suffit de se référer à ses réactions quand un navire militaire occidental transite dans le détroit de Taïwan], on peut avancer que, dans un pareil cas, le gouvernement chinois dénoncerait une violation y voyant une atteinte à la « paix et à la stabilité régionale », tout en affirmant la détermination de ses forces armées à « défendre la souveraineté » de la Chine.

Cela étant, les ministères chinois des Affaires étrangères et de la Défense ont répondu à Canberra en retournant l’accusation portée contre l’un de leurs deux navires envoyés en mer d’Ararufa.

Ainsi, le porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin, a fait valoir que les mouvements du « destroyer » et du navire d’assaut amphibie dans les « eaux internationales » étaient « parfaitement légitimes et légaux » et que les accusations australiennes sont « infondées ».

« Nous demandons instamment à l’Australie de respecter les droits légitimes des navires chinois dans les eaux concernées, conformément au droit international, et de cesser de diffuser de fausses informations sur la Chine », a insisté M. Wang.

Quant au ministère chinois de la Défense, il a accusé le P-8A Poseidon australien de s’être approché d’un peu trop près [quatre kilomètres, nldr] des deux navires en cause et d’avoir largué des bouées acoustiques servant à détecter la présence potentielle de sous-marins. Et de publier, lui-aussi, des photographies pour appuyer ses affirmations.

« Ces provocations malveillantes peuvent facilement conduire à des malentendus et à des erreurs de jugement. Elles sont une menace pour la sécurité des navires, des aéronefs et du personnel des deux parties », a affirmé le colonel Tan Kefei, un porte-parole.

« Nous demandons à l’Australie d’arrêter immédiatement les actions provocatrices et dangereuses comme celle-ci, d’arrêter de blâmer sans fondement la Chine, afin d’éviter d’affecter l’ensemble des relations bilatérales et militaires », a conclu l’officier.

photo : ministère australien de la Défense

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