Le développement des futurs missiles antinavires et de croisière franco-britanniques repart enfin de l’avant

Cela fera bientôt cinq ans que la France et le Royaume-Uni se sont mis d’accord pour lancer la phase de concept du programme FMAN/FMC [Futur missile antinavire/Futur missile de croisière] en s’appuyant sur les filiales française et britannique du missilier MBDA et pour un montant de 100 millions d’euros.

En 2019, ce projet, qui vise à mettre au point les successeurs des missiles de croisière SCALP/Storm Shadow et anti-navires Exocet/Harpoon, a franchi une nouvelle étape avec la conclusion de la revue principale d’architecture [« Key Review »] qui, menée conjointement par la Direction générale de l’armement [DGA] et le Defence Equipment & Support [DE&S], a permis de retenir les concepts les plus « pertinents » et « prometteurs » sur lesquels devra reposer cette nouvelle munition « complexe ».

Selon le calendrier alors retenu, un contrat sur la levée des risques aurait dû être notifié à MBDA en 2020, l’objectif étant de lancer le développement et la production des futurs missiles en 2024, afin de pouvoir les mettre en service d’ici la fin de la décennie.

Seulement, tout ne s’est pas passé comme prévu. D’abord, l’implication britannique dans ce programme n’était pas totalement assurée, la Royal Navy ayant alors besoin de remplacer, d’ici 2023, ses missiles anti-navires Harpoon. En outre, les difficultés diplomatiques entre Paris et Londres liées au Brexit ont également pesé… De même que l’affaire AUKUS, le Royaume-Uni et les États-Unis ayant manoeuvré dans le dos de la France pour convaincre l’Australie [qui ne demandait sans dout qu’à l’être] de se doter de sous-marins nucléaires à la place de ceux qu’elle avait commandés auprès de Naval Group.

« Le programme des missiles navals en coopération franco-britannique, indéniablement essentiel pour nos armées, est tout aussi indéniablement en difficulté compte tenu de l’état de nos relations avec le Royaume-Uni. Nous réfléchissons donc à ce qu’il est possible de faire ou non avec les Britanniques : nous en tirerons évidemment toutes les conséquences », avait ainsi expliqué Florence Parly, la ministre des Armées, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, en réponse à une question sur le programme FMAN/FMC.

Finalement, le 17 février, la DGA a annoncé le lancement des « travaux de préparation du missile antinavire et futur missile de croisière », après la « signature d’un accord étatique » et la « notification de contrat » à MBDA.

Deux engins seront développés : une missile anti-navire supersonique et un missile de croisière subsonique [mais furtif]. Selon un rapport parlementaire publié en 2018, le programme FMAN/FMC est crucial pour que les forces françaises et britanniques puissent conserver leur aptitude à « entrer en premier » sur un théâtre d’opérations.

Ainsi, le missile anti-navire [ou FMAN] doit permettre de « faire face à la possibilité d’une confrontation de flottes en haute mer, liée à la résurgence des États puissance », en donnant la capacité aux navires de surface et aux aéronefs de « neutraliser un bâtiment jugé menaçant, afin de préserver nos intérêts et ceux de nos alliés », avait souligné le rapport. En outre, il pourrait être utilisé de « manière plus offensive, afin de répondre à la multiplication des défenses sol-air ou sol-mer, en particulier celles installées le long des côtes ». En clair, il disposerait aussi d’une capacité de suppression des défenses aériennes ennemies [suppression of enemy air defense ou SEAD].

Quant au futur missile de croisière [FMC], son développement vise à renouveler les capacités de frappe dans la profondeur afin de détruire les cibles de haute valeur, étant attendu que les SCALP et Storm Shadow seront considérés comme obsolètes à l’horizon 2030. « La performance du FMC est d’ailleurs en partie liée à la capacité du FMAN à éliminer les défenses sol-air ou sol-mer adverses, afin de permettre sa pénétration dans la profondeur du territoire ennemi », était-il expliqué dans le rapport.

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