Sahel : Le général Burkhard répond à ceux tentés de critiquer le bilan de l’opération Barkhane

La France s’apprête donc à mettre un terme à neuf ans de présence militaire au Mali, comme l’a officiellement annoncé le président Macron, ce 17 février. Pour autant, le combat contre les groupes terroristes qui sévissent au Sahel n’est pas terminée. Aussi, les forces françaises ne se retireront pas de la région… étant donné que leur posture sera revue afin de mieux prendre en compte l’évolution de la menace jihadiste – qui s’étend désormais vers les pays du golfe de Guinée.

Finalement, l’évolution de la situation politique à Bamako, où une junte militaire a pris le pouvoir à la faveur d’un double coup d’État, a probablement précipité les choses, dans la mesure où une réorganisation des forces françaises au Sahel avait déjà été annoncée en juin 2021.

La fin de Barkhane étant actée, l’heure est [presque] au bilan. Et l’on peut craindre de voir certains se livrer à des raccourcis faciles et à des comparaisons qui n’ont pas lieu d’être, parlant de « défaite », voire de « désastre ». D’où l’ordre du jour publié par ce 17 février par le général Thierry Burkhard, le chef d’état-major des armées [CEMA].

« Le sacrifice de nos camarades, morts dans l’exécution de la mission, n’a pas été inutile, que nos efforts n’ont pas été vains. Durant ces neuf années, les armées françaises ont rempli les missions qui leur ont été confiées. Le Mali ne s’est pas effondré, il n’est pas devenu un sanctuaire du terrorisme international », a tenu à souligner le CEMA. Et cela, avec des moyens limités – 5000 militaires – au regard de l’immensité de la zone des opérations.

« Nous avons combattu en première ligne al-Qaïda, Daesh et leurs affidés, ne laissant aucun répit aux groupes armés terroristes. Depuis les airs et au sol, nous avons frappé les zones refuges, neutralisé de nombreux chefs et démantelé des réseaux, patrouillant sans relâche dans des conditions souvent extrêmes et parmi les populations les plus exposées à la menace », a rappelé le général Burkhard, sans oublier aussi les efforts consentis pour « reconstruire et consolider » les forces armées maliennes [FAMa].

En outre, a continué le CEMA, avec les forces armées partenaires et Takuba, Barkhane a aussi empêché l’État islamique au grand Sahara [EIGS] de « constituer un califat territorial » dans la région dite des trois frontères. « Califat » qui « aurait menacé tout le Sahel », a-t-il relevé. Et cette action, conduite à partir de janvier 2020, soit après le sommet de Pau, a mis un terme, du moins pour un temps, aux attaques de grande ampleur contre les forces locales.

Au delà de l’aspect militaire, le général Burkhard n’a pas manqué d’avoir un mot sur les actions de Barkhane au profit des populations civiles, permettant à celles-ci de « bénéficier de l’aide au développement ».

Quoi qu’il en soit, a poursuivi le CEMA, si les forces françaises se retirent du Mali, c’est parce que les conditions pour qu’elles puissent agir sans entrave ne sont plus réunies, la junte au pouvoir ayant d’autres vues… D’où cette réorganisation du dispositif militaire français au Sahel, que certains seraient tentés d’assimiler à un « échec ».

« Avec cette réarticulation, les critiques ne manqueront pas, les remises en cause non plus. Certains voudront certainement dresser un parallèle avec le retrait américain d’Afghanistan […], parleront de défaite, de déroute même. Rien ne serait plus inexact », a prévenu le générl Burkhard. Et pour cause. « Nous ne quittons pas le Mali sous la pression des groupes armés terroristes et nos capacités militaires comme notre détermination à combattre le terrorisme dans la région sont intacts », a-t-il soutenu.

« Soyons fiers de tout ce que nous avons acccompli, dans des conditions toujours difficiles et exigeantes. Nous n’avons jamais failli et nous n’avons jamais renoncé face aux groupes armés terroristes », a insisté le général Burkhard, qui a terminé son ordre du jour par la mention manuscrite : « Le combat continue, en avant! »

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