Méditerranée : Un Su-35 russe se serait approché à 1,5 mètre d’un avion de patrouille maritime américain
En ce moment, la Méditerranée concentre beaucoup de forces militaires, avec notamment les groupes aéronavals français [porte-avions Charles de Gaulle], américain [USS Harry S. Truman] et italien [ITS Cavour] ainsi que celle d’une flottille russe, déployée dans la région à des fins d’exercice. Et c’est sans compter sur la présence certaine de sous-marins. D’où, sans doute, les missions régulièrement assurées par les avions de patrouille maritime P-8A Poseidon de l’US Navy.
Une telle « cohabitation » est propice à des incidents, comme il y en a déjà eu par le passé. Et c’est ce qui serait arrivé les 12 et 13 février derniers, selon le Pentagone. Ainsi, trois P-8A Poseidon auraient été interceptés par des avions de combat russes de manière « non-professionnelle », alors qu’ils étaient en mission au-dessus de la Méditerranée, dans « l’espace aérien international ». Probablement évoluaient-ils au large de Tartous [Syrie], où la marine russe dispose d’une base permanente.
Total of 4 USN P-8 Poseidon flights on Feb 11th and 12th, in eastern Mediterranean where these incidents most likely occurred. Flights in order. https://t.co/EIFQHr5K6e pic.twitter.com/eJ5FYzi8XP
— RivetJoint (@SpeckleBelly64) February 16, 2022
Chacune de ces interceptions ont impliqué un Su-35 Flanker-E. Et au cours de l’une d’entre-elles, rapporte la presse américaine, le chasseur russe se serait approché d’environ 1,5 mètres de l’un des trois P-8A Poseidon. Ce qui a été qualifié de manoeuvre « dangereuse » par le Pentagone.
Les deux autres interception auraient été effectuées, toujours selon la même source, d’une façon « non professionnelle ». Aucun détail supplémentaire n’a été fourni.
Normalement, de telles interactions sont régies par l’accord INCSEA, lequel fut signé par les États-Unis et l’Union soviétique en 1972 afin de prévenir d’éventuels incidents entre leurs forces respectives.
Pour rappel, le P-8A Poseidon estdédié principalement à la lutte anti-sous-marine, grâce à ses capteurs [radar de surveillance maritime AN/APY-10, suite de guerre électronique; bouées acoustiques, etc…] Il est armé de missiles AGM-84 Harpoon et AGM-84H/K SLAM-ER, des torpilles Mark 54, des mines et des grenades sous-marines.
« Les États-Unis continueront d’opérer en toute sécurité, de manière professionnelle et conformément au droit international dans les eaux et les espaces aériens internationaux. […] Nous attendons de la Russie qu’elle fasse de même », a commenté le capitaine de vaisseau Mike Kafka, un porte-parole du Pentagone.
« Bien que personne n’ait été blessé, des interactions comme celles-ci peuvent être source de malentendus et d’erreurs susceptibles d’aboutir à des conséquences plus graves », a-t-il encore fait valoir. Et d’ajouter : « Nous avons fait part de nos préoccupations aux responsables russes par la voie diplomatique ».
Il s’agit des premiers incidents de ce type depuis ceux constatés en 2020. À l’époque, le Pentagone avait dénoncé plusieurs manoeuvres dangereuses d’avions de combat russes près de P-8A Poseidon alors en mission en Méditerranée orientale. Seulement, le contexte n’était pas alors aussi tendu qu’aujourd’hui, avec la pression militaire exercée par la Russie sur l’Ukraine.
À noter que ces trois interceptions de P-8A Poseidon ont été effectuées par les forces aériennes russes au moment où Moscou a accusé un sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] américain d’avoir violé ses eaux territoriales au niveau des îles Kouriles. Ce que l’US Navy a démenti.
Par ailleurs, deux autres incidents entre Américains et Russes a été rapporté par CNN. En effet, le 15 février, les deux bombardier T-22 « Backfire » et le MiG-31K envoyés par Moscou en Syrie, afin de prendre part à un exercice naval en Méditerranée orientale, ont survolé l’Irak ainsi que la zone de sécurité établie dans l’est du teritoire syrien sans s’être préalablement annoncés auprès de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis.
« Cela a conduit des F-16 américains et des avions de la coalition à voler brièvement aux côtés des Russes, jusqu’à ce qu’ils quittent la zone. Le processus de déconfliction est une procédure normale mais généralement effectuée avec plus de préavis », a expliqué CNN.