Un rapport parlementaire évoque l’idée de porter le budget de la Défense à 2,5% du PIB

Si la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25 a été pour le moment – et globalement – respectée [ce qui est assez rare pour être soulignée], avec une hausse annuelle du budget de la mission « Défense » de 1,7 milliard d’euros, qu’en sera-t-il durant le prochain quinquennat, alors que la trajectoire financière prévoit une progression de 3 milliards d’euros en 2023 et que la Cour des comptes vient d’appeler à un « effort sans précédent » pour remettre d’applomb les comptes publics, mis à mal par la pandémie et la politique du « quoi qu’il en coûte »?

En tout cas, dans un contexte où un conflit de haute intensité n’est plus considéré comme une hypothèse d’école, les députés Jean-Louis Thiériot et Patricia Mirallès ont estimé que la remontée en puissance des forces françaises doit évidemment se poursuivre et que, par conséquent, la hausse annuelle prévue de +3 milliards jusqu’en 2025 est « absolument vitale ». Et encore, il ne s’agit que du minimum.

« Sous réserves de rester avec les mêmes ambitions, il y a effectivement un besoin complémentaire de 20 à 30 milliards sur la prochain LPM. Ce qui mène, grosso modo, au doigt mouillé, à un effort de 2,5% du PIB. Ce qui nous permettra, sans ambition excessive, d’avoir notre modèle d’armée complet », a expliqué M. Thiériot, lors de l’examen, en commission de la Défense, d’un rapport sur la préparation à la haute intensité, qu’il a co-écrit avec Patricia Mirallès.

Pour rappel, l’objectif de la LPM 2019-25 est de porter le niveau des dépenses militaires à 2% du PIB, conformément aux engagements pris en 2014 auprès de l’Otan. Certes, cet objectif a été atteint l’an passé, en raison de la forte chute du PIB causée par les mesures sanitaires liées à la pandémie de covid-19. Mais, depuis, l’économie française est repartie de l’avant, son PIB ayant augmenté de +7% en 2021. Certes, elle n’a pas totalement retrouvé le niveau qui était le sien avant l’épidémie… Mais la tendance est tout de même positive. Reste toutefois l’épée de Damoclès que constitue la dégradation des comptes publics…

Cela étant, lors de la présentation de leur rapport à leurs collègues, Mme Mirallès et M. Thiériot ont livré quelques déficits capacitaires dont souffrent actuellement les forces françaises. Et, pour la plupart, ils sont connus. Ainsi, l’armée de Terre manque de moyens en matière de frappe dans la profondeur et de défense sol-air dans la basse et la moyenne couche. En outre, elle doit renforcer son segment « lourd » [chars de combat, ndlr] ainsi que sa chaîne logisitique. Quant à l’armée de l’Air & de l’Espace, le nombre de ses avions de combat est insuffisant. Et ses capacités en matière de transport aérien médian devront être renouvelées [les C-235 n’étant pas éternels]. Et la question des hélicoptères de transport lourd reste posée.

Enfin, le format de la flotte de surface de la Marine nationale est insuffisant et au moins trois frégates de premier rang supplémentaires ne serait pas un luxe, d’autant plus que ses navires sont relativement sous armés.

Quoi qu’il en soit, pour M. Thiérot, porter le budget des armées à 2,5% du PIB n’aurait rien d’extravagant. Et cela, pour au moins deux raisons. La première est que, par le passé, la France a consenti un effort beaucoup plus important pour sa défense, comme durant les années 1960, ou celui était équivalent à 4/4,5% du PIB, ou encore comme au début des années 1980 [environ 3%]. « On n’est pas dans des chiffres délirants » et cela « n’a pas empêché la croissance », a-t-il fait valoir.

Et pour cause [et c’est la deuxième raison qu’il a avancée], « ‘l’industrie défense a un réel multiplicateur keynesien » car « on sait bien qu’un euro investi dans la défense rapporte davantage. Ce n’est pas de l’argent dépensé à fonds perdus d’autant plus que c’est un secteur industriel vital pour la France, […] réparti sur tout le territoire et en plus très fort de potentialités duales, c’est à dire permettant à la fois d’avoir l’outil de défense dont on a besoin mais aussi de développer des technologies qui nous servent sur d’autres marchés », a plaidé le député.

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