Kiev demande à l’OSCE la tenue d’une réunion d’ici 48 heures pour évoquer les mouvements des troupes russes

La semaine passée, la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie ont demandé à la Biélorussie de leur fournir des précisions au sujet de l’exercice qu’elle venait alors de lancer sur son territoire, avec la participation d’un volume significatif de troupes russes. Et cela, en vertu du Document de Vienne de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe [OSCE], lequel impose des mesures de transparence et de vérification en matière militaire.

Ainsi, par exemple, ce texte prévoit la présence d’observateurs dès lors que des manoeuvres mobilisent plus de 13’000 militaires. Ce qui semble être le cas de celles organisées en Biélorussie, les forces russes y ayant engagé environ 30’000 hommes selon les estimations de services de renseignement occidentaux. Et il est même avancé que leur ampleur dépasser celle de l’exercice Zapad 21, organisé en septembre dernier.

Seulement, les pays baltes en auront été pour leur frais, la Biélorussie, qui avait 48 heures pour leur répondre, ayant fait valoir que les manoeuvres en question mobilisaient moins de 13’000 soldats… Et que, par conséquent, elle n’était pas tenue de fournir les éléments qui lui étaient demandés, c’est à dire le niveau des effectifs militaires engagés, les systèmes d’armes utilisés et la date du départ des forces russes.

« La réponse reçue ne fournit pas les informations requises sur les manoeuvres », a réagi le gouvernement letton, qui, comme ses homologues estonien et lituanien, a fait part de son intention de demander une réunion à l’OSCE pour aborder cette affaire avec la délégation biélorusse d’ici 48 heures [donc pour ce 14 février, ndlr].

« La rhétorique agressive de la Russie et la concentration de forces près des frontières avec l’Ukraine, ainsi que les manœuvres militaires à grande échelle et non transparentes, suscitent des inquiétudes en matière de sécurité et affectent les mécanismes de contrôle des armements et de sécurité dans la région de l’OSCE », a par ailleurs fait valoir le ministère letton de la Défense, rappelant que Moscou et Minsk ont « suspendu les activités de contrôle des armements » en prenant la pandémie de covid-19 pour prétexte… Ce qui, a-t-il souligné, n’a « manifestement pas empêché la mobilisation à grande échelle des troupes » russes et biélorusses.

Pendant que les pays baltes attendaient la réponse de la Biélorussie leur demande, l’Ukraine a fini par lancer une initiative du même ordre, mais à l’endroit de la Russie. D’ailleurs, on peut se demander pourquoi Kiev a autant attendu pour effectuer une telle démarche, étant donné que le renforcement militaire russe à ses frontières a commencé il y a plusieurs semaines… Voire depuis mars 2021. Était-ce parce que le gouvernement ukrainien n’en aurait rien attendu?

Car, quarante-huit heures après avoir été adressée à Moscou au titre du Document de Vienne, la requête ukrainienne est restée sans réponse.

« La Russie n’a pas répondu à notre demande au titre du Document de Vienne. Par conséquent, nous passons à l’étape suivante. Nous demandons une réunion avec la Russie et tous les États participants dans les 48 heures pour discuter de son renforcement et de son redéploiement le long de notre frontière et dans la Crimée temporairement occupée », a fait savoir Dmytro Kuleba, le ministre ukrainien des Affaires étrangères.

Et celui-ci d’ajouter : « Si la Russie est sérieuse lorsqu’elle parle de l’indivisibilité de la sécurité dans l’espace de l’OSCE, elle doit respecter son engagement de transparence militaire afin de désamorcer les tensions et de renforcer la sécurité pour tous ».

En attendant, le chancelier allemand, Olaf Scholz, a pris son bâton de pèlerin pour tenter de trouver une issue diplomatique à la crise. D’abord en se rendant à Kiev, puis à Moscou. « Nous attendons de la Russie des signe immédiats de désescalade », a-t-il dit, via Twitter, estimant qu’une « nouvelle agression militaire [russe] aurait de lourdes conséquences » pour Moscou. En clair : des sanctions supplémentaires pourraient être prises, notamment au niveau économique.

De telles menaces de rétorsions n’inquiétent visiblement pas les dirigeants russes, à l’image de Viktor Tatarintsev, l’ambassadeur de Russie en Suède. « Pardonnez-moi l’expression, mais nous n’en avons rien à foutre de toutes leurs sanctions », a-t-il lancé dans un entretien accordé au quotidien Aftonbladet. « On nous a déjà imposé tellement de sanctions, et dans un sens elles ont eu des effets positifs sur notre économie et notre agriculture. […] Nous sommes davantage autosuffisants et avons été capables d’augmenter nos exportations », a-t-il poursuivi.

« De nouvelles sanctions n’ont rien de positif, mais ne sont pas aussi mauvaises que l’Occident le dit », a ajouté M. Tatarintsev, pour qui les Occidentaux ne comprennent pas la mentalité russe, soulignant que « plus ils feront pression sur la Russie, plus forte sera la réponse russe ».

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