Un formateur français travaillant pour les gardes forestiers béninois a été tué lors d’une attaque présumée jihadiste

Depuis plus de trois mois, la situation sécuritaire dans le nord du Bénin ne cesse de se dégrader, plusieurs attaques attribuées à des groupes jihadistes [qui ne les ont jamais revendiquées, ndlr] y ayant été commises.

Ainsi, le 2 décembre 2021, les forces béninoises furent visées à deux reprises par des individés armés, dans le département de l’Alibori, situé près du Burkina Faso. Puis cette attaque a été suivie par celle d’une position militaire, trois semaines plus tard, dans la même région. Puis, début janvier, l’explosion d’une mine a coûté la vie à trois soldats.

Mais l’attaque la plus meutrière à ce jour a été menée dans le parc national du W, situé près de la frontière avec le Niger et le Burkina Faso. Selon l’organisation non gouvernementale [ONG] African Parks, qui en assure la gestion et la protection pour le compte du gouvernement béninois, une équipe de gardes forestiers est tombée dans une embuscade tendue par un groupe armé non identifié, le 8 février.

Dans un premier temps, l’ONG a avancé le bilan de six tués [dont cinq gardes et un militaire béninois] et d’une dizaine de blessés. Précisant que les Forces armées béninoises s’étaient déployées sur les lieux de l’attaque, elle a assuré qu’elle continuerait à « travailler en étroite collaboration avec le Gouvernement du Bénin et toutes les autorités locales pour assurer la sécurité de [son] personnel et des communautés locales ».

Ce n’est que plus tard que le corps sans vie d’un ressortissant français a été retrouvé lors des opérations de ratissage. Celui-ci avait été engagé par African Parks pour former les gardes forestiers du parc nationale du W. Son identité demeure encore inconnue. À Paris, le ministère des Affaires étrangères a fait savoir que des « vérifications » étaient en cours.

Cela étant, d’après le journaliste Jean-Marc Tanguy [Le Mamouth], ce formateur français est un ancien opérateur du 1er Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine [RPIMa], où il a servi en tant qu’adjoint au chef de groupe « Contre-terrorisme et libération d’otages » [CTLO] de la compagnie SAS.

Le site BeninWebTV a rapporté que le président béninois, Patrice Talon, a convoqué un « Conseil des ministres extraordinaires élargi à la hiérarchie militaire » afin de définir de « nouvelles stratégies pour lutter contre la menace djihadiste qui sévit dans la sous région ».

Un rapport des Nations unies publié en juillet 2019 avait déjà prévenu que le « Parc national du W, situé à cheval sur le Bénin, le Burkina Faso et le Niger, [était] en train de devenir un nouveau bastion pour les groupes terroristes de la région, notamment l’État islamique au grand Sahara [EIGS] et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM ou JNIM, lié à al-Qaïda] ».

En outre, des mouvements d’islamistes radicaux, comme Yan Izala [un des précurseurs de Boko Haram] attisent les tensions communautaires dans le nord du Bénin, notamment entre agriculteurs Mokolé et éleveurs Peuls, afin d’en tirer parti. Et l’on sait également que la katiba Macina, affiliée au JNIM, y est active. Ou, du moins, qu’elle cherche à établir une influence en tenant des discours identitaires et contre l’African Parks Network.

« La menace imminente d’une expansion de la Katiba Macina dans la région est susceptible d’entraîner un envol des violences entre populations locales, groupes armés et gardes forestiers appartenant aux services de l’APN », avait ainsi souligné, en juin 2021, le centre de réflexion néerlandais Clingendael.

Tout ceci corrobore l’estimation faite quelques semaines plus tôt par Bernard Émié, le Directeur général de la sécurité extérieure [DGSE], qui avait expliqué que le JNIM cherchait à étendre son influence vers le golfe de Guinée afin de « desserrer l’étau » dans lequel le groupe était pris. Et aussi pour contrôler le routes utilisées pour les trafics.

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