Le Parlement slovaque adopte de justesse un accord de défense avec les États-Unis

Réunissant trente pays en son sein, il est parfois difficile pour l’Otan d’obtenir une unanimité autour de sujets importants, comme par exemple pour la crise ukranienne, certains de ses membres ayant des intérêts divergeants quand ils ne cultivent pas une certaine proximité avec Moscou. C’est ainsi le cas de la Hongrie.

En outre, il peut arriver que des gouvernements, pourtant alignés sur les vues de l’Alliance, doivent composer avec des opinions publiques au sein desquelles l’organisation n’a pas forcément bonne presse. Comme en Slovaquie, où les sondages montrent qu’une majorité des personnes interrogées estiment que les États-Unis et l’Otan sont responsables des tensions actuelles avec la Russie.

Et cela, au point que la coalition actuellement au pouvoir à Bratislava aurait estimé que le plan de l’Otan visant à établir dans le pays un bataillon multinational dans le cadre d’une présence avancée réhaussée [eFP] serait « irréalisable » en l’état. Qui plus est, tout déploiement de troupes étrangères sur le sol slovaque doit être préalablement approuvé par le Parlement…

Or, ce 9 février, celui-ci était appelé à se prononcer sur un accord de défense qui, signé avec Washington, donne aux forces américaines un accès à deux bases aériennes en Slovaquie, qui partage par ailleurs une frontière de 97 km avec… l’Ukraine. En échange, Bratislava obtiendrait un financement de 100 millions de dollars pour les moderniser.

Cet accord avait été négocié par le social-démocrate Robert Fico alors qu’il était Premier ministre. Désormais dans l’opposition, il en est devenu le pourfendeur… Lors du débat de ce jour, il l’a même qualifié de « perfide, sale, mauvais », allant jusqu’à accuser ceux qui le soutenaient de vouloir faire de la Slovaquie une « province » des États-Unis. À noter que le parti qu’il a fondé, le SMER-SD, était aux affaires quand Bratislava a fait le choix d’acquérir 14 avions de combat américains F-16 « Viper » pour 1,6 milliard d’euros, afin de remplacer les MiG-29 des forces aériennes slovaques.

De son côté, le gouvernement a soutenu que l’accord en question allait donner « l’opportunité de moderniser, avec les Etats-Unis, [les] infrastructures de défense » slovaques. « Nos alliés garantissent notre souveraineté. C’est exactement à cela que servent les alliances », a fait valoir Jaroslav Nad, le ministre de la Défense, lors d’un débat particulièrement houleux [des députés en sont venus aux mains…]

Quoi qu’il en soit, il s’en est fallu de peu pour que cet accord de défense soit refusé. Sur les 150 députés, 79 ont voté en sa faveur. Soit à peine plus que les 76 voix requises.

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