La Pologne va fournir des missiles sol-air portables à l’Ukraine

Ces dernières semaines, plusieurs pays ont fait part de leur intention de fournir des armes à l’Ukraine afin de l’aider à faire face à une éventuelle intervention militaire russe, pour laquelle « tous les éléments sont réunis » pour qu’elle ait lieu, selon plusieurs responsables occidentaux, à commencer par ceux du Pentagone.

Ainsi, dans le cadre de leur aide militaire à Kiev, les États-Unis ont récemment livré « des équipements et des munitions » aux forces ukrainiennes. Même chose pour le Royaume-Uni, qui s’est séparé d’un important stock de missiles anti-char NLAW. La République tchéque a promis des obus tandis que les trois États baltes fourniront des missiles sol-air portables [MANPADS] Stinger et des missiles antichars Javelin.

L’Estonie entend aller plus loin avec un don de 42 vieux obusiers D-30 de 122 mm… Seulement, étant donné que ceux-ci avaient été récupérés en République démocratique allemande [RDA] avant d’être cédés à la Finlande, qui les a ensuite revendus à l’armée estonienne, Berlin s’y oppose, au nom de ses règles en matière de ventes d’armes. En revanche, le gouvernement allemand a indiqué qu’il fera livrer un hôpital de campagne ainsi que 5000 casques à l’armée ukrainienne. Ce qui n’a pas manqué de donner matière à quelques sarcasmes.

« C’est une blague absolue. Qu’est-ce que l’Allemagne va envoyer ensuite en soutien ? Des oreillers ? Le comportement du gouvernement fédéral allemand laisse sans voix », a ainsi réagi Vitali Klitschko, le maire de Kiev.

La Pologne ne s’est pas privée de tacler Berlin pour sa position de principe. « J’observe avec inquiétude la situation en Ukraine et les réactions de nos voisins allemands face à la menace russe », a en effet lâché Mateusz Morawiecki, le Premier ministre polonais. « Une grande déception est, entre autres, que l’Allemagne refuse son consentement pour la livraison d’armes par l’Estonie à un État qui se prépare à se défendre contre un agresseur », a-t-il insisté, le 25 janvier dernier.

Cela étant, Varsovie n’avait rien promis à Kiev s’agissant de la livraison éventuelle d’armes. C’est désormais chose faite. Pour sa première visite officielle en Ukraine depuis qu’il dirige le gouvernement polonais, M. Morawiecki a donné des gages à son homologue ukrainien, Denys Chmyhal.

« Une Ukraine souveraine, un État ukrainien démocratique est dans l’intérêt de toute l’Europe. […] C’est pourquoi nous sommes main dans la main avec l’Ukraine pour l’aider à se défendre, alors que sa sécurité est mise en danger par le voisin russe », a ainsi déclaré M. Morawiecki. Et l’aide envisagée par Varsovie serait assez conséquente, puisqu’il a évoqué la fourniture de plusieurs milliers d’obus, de mortiers légers, de drones et de MANPADS de type Piorun.

En tout cas, et pour le moment, le gouvernement polonais a seulement autorisé la livraison des missiles sol-air portables. La décision a été annoncée oar le ministre de la Défense, Mariusz Błaszczak, le 1er février. « Bonnes nouvelles. Le Conseil des ministres a approuvé, à ma demande, une résolution sur l’aide à l’Ukraine », a-t-il fait savoir, via Twitter.

Les MANPADS de type Piorun devraient être prélevés sur les stocks des forces armées polonaises, qui en avaient commandé pour un peu plus de 200 millions d’euros auprès de l’entreprise Mesko, en 2016.

Doté d’un système de guidage à infrarouge et affichant une portée de 4000 mètres et une vitesse de 660 m/s, le Piorun est une évolution du missile sol-air Grom, lequel été vendu au Pérou, à l’Indonésie et à la Géorgie. D’ailleurs, lors de la guerre russo-géorgienne d’août 2008, il a été avancé que plusieurs avions russes ont été visés avec cet engin… Mais il est difficile d’en évaluer l’efficacité, Moscou n’ayant admis la perte que de six aéronefs [dont un bombardier Tu-22] pendant que Tbilissi revendiquait la destruction de « 80 » appareils.

Par ailleurs, un autre motif de dispute entre la Pologne et l’Allemagne concerne le gazoduc Nord Stream 2, qui attend encore d’être mis en service. « En [le] mettant en route, Berlin chargera le pistolet avec lequel [Vladimir] Poutine pourra ensuite faire chanter toute l’Europe », a estimé Mateusz Morawiecki.

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