Un navire espion russe surveillé de près par les forces françaises en Méditerranée

Après avoir accompagné une flottille russe composée de six navires de débarquement se rendant en Méditerranée, la Marine nationale a dépêché le patrouilleur de haute mer « Commandant Blaison » à la rencontre de deux corvettes appartenant à la classe Steregouchtchi [à savoir la « Soobrazitelniy » et la « Stoykiy »] durant leur transit en Manche.

A priori, ces deux bâtiments russes doivent participer à un exercice qui se tiendra finalement en dehors de la zone économique exclusive [ZEE] de la République d’Irlande, contrairement aux plans initiaux de Moscou. D’autres navires pourraient les rejoindre étant qu’ils ont été repérés dans la Manche. Il s’agit du pétrolier-ravitailleur Vyazma, du croiseur lance-missiles « Maréchal Oustinov », du destroyer « vice-Amiral Koulakov » et de la frégate « Amiral Kastanov ». Un sous-marin nucléaire ferait également partie de cette flottille…

Cela étant, le « Vasiliy Tatishchev », un navire russe dédié à la collecte de renseignement d’origine électromagnétique, a également fait l’objet d’une étroite surveillance, après qu’il a franchi le détroit de Gibraltar pour se rendre en Méditerranée. Et sa présence dans les approches maritimes françaises a contraint à mobiliser les grands moyens pendant trois jours [du 23 au 26 janvier, ndlr]

« Des avions de surveillance maritime Falcon 50 de la Marine nationale, des chasseurs Mirage 2000 de l’armée de l’Air et de l’Espace [de l’escadron 2/5 Île de France, basé à Orange, ndlr], ainsi que les deux frégates légères furtives Aconit et Surcouf se sont ainsi relayés, sous les ordres du commandant de la zone maritime Méditerranée, pour s’assurer des intentions et de la cinématique de ce navire », a en effet expliqué l’État-major des armées [EMA], ce 2 février.

Et d’expliquer que ces moyens ont contribué « au volet de Défense maritime du territoire [DMT] de la Posture permanente de sauvegarde maritime [PPSM], en lien avec la chaîne sémaphorique de la Marine nationale », sous la « coordination du Centre des opérations de la Méditerranée [COM] ».

Par ailleurs, l’EMA insiste sur le fait que la surveillance du navire espion russe a été réalisée « de manière professionnelle et conformément aux usages en vigueur ». Sans doute que sa route croisera celle d’autres bâtiments français, comme ceux du groupe aéronaval formé autour du porte-avions Charles de Gaulle, celui-ci ayant appareillé le 1er février pour une mission centrée exclusivement sur la Méditerranée.

Jusqu’alors, l’EMA était plutôt discret sur la surveillance exercée sur les navires militaires russes en transit dans les approches maritimes françaises. Généralement, et sauf cas exceptionnel, cela était traité comme relevant de la routine… ou comme un non-évènement.

« Il s’agit également de surveiller nos compétiteurs : lorsque les Russes partent du Grand Nord pour se rendre en Méditerranée, ils traversent notre ZEE et sont donc à chaque fois suivis par un bâtiment de la marine nationale », avait seulement indiqué l’amiral Nicolas Vaujour, sous-chef d’état-major opérations [SCOPS] à l’EMA, sans trop s’attarder sur ce sujet, lors d’une récente audition à l’Assemblée nationale.

Désormais, et probablement au regard des tensions avec la Russie, l’EMA n’hésite plus à communiquer sur de telles missions de surveillance, en particulier sur les réseaux sociaux.

Photos : EMA

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