Otan/Ukraine : Les instructeurs militaires canadiens ont été redéployés à l’ouest du fleuve Dniepr

En avril 2015, soit un an après l’annexion de la Crimée et le début du conflit dans le Donbass [sud-est de l’Ukraine], le Canada décida de soutenir les forces armées ukrainiennes en leur proposant des formations et en leur fournissant du matériel militaire « non létal » [jumelles de vision nocturne, hôpital de campagne, matériel de déminage, etc]. Cet effort a rejoint ceux d’autres pays de l’Otan, comme le Royaume-Uni, les États-Unis, le Danemark, la Pologne et la Lituanie. À noter que la Suède, qui ne fait partie de l’Alliance, y participe également.

Cette mission d’instruction, appelée « UNIFIER », débuta en septembre 2015, avec environ 200 instructeurs des forces armées canadiennes [FAC], répartis en deux groupes déployés dans l’ouest de l’Ukraine, précisément à Starychi et à Kamyanets-Podilsky, près de la frontière polonaise. En clair, ces détachements se tenaient loin des combats du Donbass… Et, par conséquent, de la Russie.

Depuis, cette mission, qui a pemis de former 32’809 membres des Forces de sécurité ukrainienne, via 714 cours, a été constamment reconduite. Et, selon une décision annoncée la semaine passée par Ottawa, son mandat a été une nouvelle fois prolongé jusqu’en mars 2025… alors que les tensions entre Kiev et Moscou sont au plus haut.

Mais le gouvernement canadien a fait plus que de la reconduire pour trois ans de plus. En effet, le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a aussi décidé l’envoi de 60 instructeurs militaires supplémentaires, tout en n’écartant pas la possibilité de « porter l’effectif total à 400 membres du personnel des FAC ».

« L’appui du Canada à la souveraineté, à la sécurité et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine est inébranlable. En prolongeant l’opération UNIFIER jusqu’en 2025 et en élargissant sa portée, nous continuerons de soutenir l’Ukraine, confrontée à des agressions inacceptables de la part de la Russie », a alors fait valoir Anita Anand, la ministre canadienne de la Défense.

Et d’ajouter : « Grâce à son intégration étroite avec les forces de sécurité de l’Ukraine dans le cadre de l’opération UNIFIER, le Canada est particulièrement bien placé pour appuyer les efforts de l’Ukraine en matière de formation et de renforcement de la capacité ».

Cela étant, les instructeurs militaires canadiens ne sont pas forcément basés dans l’ouest de l’Ukraine… C’est en tout cas la déduction que l’on peut faire après l’annonce faite par Mme Anand, alors en visite officielle à Kiev, le 30 janvier.

« Nos forces armées canadiennes se sont déplacées vers l’ouest du fleuve Dniepr, et nous continuerons à prendre tous les précautions nécessaires pour assurer leur sécurité », a en effet déclaré la ministre. Cette annonce a coïncidé avec celle concernant le retrait « temporaire des employés non essentiels » de l’ambassade du Canada en Ukraine.

Quoi qu’il en soit, Mme Anand a justifié le redéploiement des instructeurs militaires canadiens en faisant état de « renseignement solides » sur un « renforcement croissant des troupes russes à la frontière ukrainienne, y compris en Biélorussie », où, par ailleurs, elles doivent participer à des exercices avec leurs homologues biélorusses.

Le 28 janvier, le Pentagone a averti que les forces russes sont en position de lancer une intervention en Ukraine, à très court préavis, si le président russe, Vladimir Poutine, leur en donne l’ordre. Ce qu’a cependant relativisé le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Au moins trois scénarios sont envisagés. Selon le premier, qui est sans doute le plus improbable, la Russie envahirait la totalité de l’Ukraine… Le second évoque une avancée russe jusqu’au fleuve Dniepr [et donc, jusqu’a la hauteur de Kiev]. Enfin, le troisième consisterait à une action limitée dans le Donbass, en soutien des séparatistes pro-russes.

Photo : Ministère canadien de la Défense

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