Le Royaume-Uni parle de renforcer le flanc oriental de l’Otan avec un millier de militaires supplémentaires

Parmi les garanties qu’elle entend obtenir des Occidentaux pour accroître sa sécurité, la Russie demande une limitation des activités militaires de l’Otan à ses frontières. D’où le déploiement massif de ses forces près de l’Ukraine, laissant à penser qu’elle pourrait passer à l’action si ses revendications ne sont pas prises en compte. Or, et comme l’a dit le chef du Kremlin, Vladimir Poutine, elles ne l’ont pas été dans la réponse écrite adressée par Washington à Moscou, la semaine passée…

M. Poutine « dit lui-même qu’il veut maîtriser son étranger proche – qui se trouve être aussi le nôtre – et y étendre sa ‘zone d’influence’. L’Ukraine en fait partie et c’est un point de fixation majeure. Il souhaite que les pays dans cette sphère-là […] aient une souveraineté limitée. C’est sa logique. Nous ne sommes donc pas simplement dans un test d’unité entre alliés mais face à l’application de cette nouvelle doctrine avec laquelle aucun compromis de notre part n’est possible », a résumé Jean-Yves Le Drian, le ministre français des Affaires étrangères, dans un entretien publié par le Journal du Dimanche.

Reste que les mouvements des troupes russes dans le voisinage de l’Ukraine inquiètent les pays qui firent autrefois partie de la sphère d’influence de Moscou avant de rejoindre l’Otan, comme ce fut le cas en 2014, après l’annexion de la Crimée.

À l’époque l’Otan prit des mesures dites de « réassurance » en renforçant son flanc oriental, avec la mise en place d’une « présence avancée réhaussée » [eFP] dans les pays baltes et la Pologne ainsi qu’une « présence avancée adaptée » dans la région de la mer Noire.

Dans le détail, cette eFP repose sur le déploiement de quatre bataillons multinationaux dans la région de la Baltique, avec, pour nations cadres, les États-Unis [Pologne], le Royaume-Uni [Estonie], l’Alleamgne [Lituanie] et le Canada [Lettonie].

Prochainement, les ministres de la Défense des pays membres de l’Otan décideront de nouvelles mesures. Il est ainsi question de lancer une mission de type eFP sur son flanc sud-oriental, en particulier en Roumanie. La France a d’ores et déjà fait connaître sa disponibilité pour en être la nation-cadre.

Frontalière avec l’Ukraine et ayant aussi un accès à la mer Noire, la Roumanie se trouve à « l’épicentre des tensions » et doit en conséquence être « réassurée », a expliqué Florence Parly, la ministre des Armée, sur les ondes de France Inter, le 29 janvier.

« Nous aurons une réunion très prochainement avec les membres de l’Otan » et « nous nous préparons de sorte que nous soyons prêts dès l’instant où l’on nous demandera de nous déployer » en Roumanie, « en concertation avec d’autres partenaires et pays européens », a continué la ministre. Ce qui suppose l’envoi de « plusieurs centaines » de militaires, a-t-elle précisé. Et d’insister : « Il s’agit de faire de la réassurance dans le cadre d’une alliance défensive ».

Ce déploiement en Roumanie devrait essentiellement concerner l’armée de Terre qui, dans le cadre de l’Otan, prend déjà part à la mission Lynx, en Estonie [et donc sous commandement britannique], avec 300 militaires et 12 chars Leclerc et 8 VBCI [Véhicules blindés de combat d’infanterie].

D’ailleurs, s’agissant de l’Estonie, le Royaume-Uni va proposer à l’Otan de renforcer le contingent de 900 soldats qui y est actuellement présent. L’annonce en a été faite le 29 janvier par Boris Johnson, le Premier ministre britannique. Mais pas seulement puisqu’il est également question pour Londres de déployer également des navires et des avions de combat pour « répondre à la montée de l’hostilité russe » à l’égard de l’Ukraine.

« J’ai donné l’ordre à nos forces armées de se préparer à déployer des troupes en Europe la semaine prochaine, de manière à être en mesure d’apporter un soutien terrestre, aérien et naval à nos alliés de l’Otan », a ainsi annoncé M. Johnson. « Cet ensemble de mesures enverrait un message clair au Kremlin – nous ne tolérerons pas leur activité de déstabilisation, et nous serons toujours aux côtés de nos alliés de l’Otan face à l’hostilité russe », a-t-il fait valoir.

L’annonce du Premier ministre britannique ne concerne pas seulement l’Estonie, la British Army étant aussi présente – avec un effectif certes réduit – en Pologne [150 soldats] et en Ukraine [une petite centaine d’instructeurs].

Et ce renforcement se traduirait par l’envoi en Europe de l’Est d’environ un millier de militaires britanniques supplémentaires. En outre, la Royal Air Force devrait être sollicitée pour assurer la surveillance des espaces aériens roumain et bulgare avec des Eurofighter Typhoon basés Chypre tandis que la Royal Navy serait mise à contribution, avec un « destroyer » de type 45 et un patrouilleur, pour une mission en mer Noire. En outre, le porte-avions HMS Prince of Wales, où le contre-amiral Mike Ultley a mis sa marque qu’il commande actuellement la composante maritime de la force de réaction de l’Otan, doit se rendre en mer de Norvège pour participer à l’exercice Cold Response 22.

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