Les partenaires européens de Takuba rafraîchissent la mémoire aux autorités maliennes de transition

Selon son agenda publié par ses services, la ministre des Armées, Florence Pary, s’entretiendra avec ses homologues des pays européens engagés [*] dans le groupement européen de forces spéciales « Takuba », lequel est déployé au Mali dans le cadre de l’opération Barkhane, lors d’une vidéo-conférence prévue le 28 janvier. L’ordre du jour devrait être dédié à la situation politique à Bamako, où une junte militaire s’est emparée du pouvoir à la faveur d’un double coup d’État.

Celle-ci, qui a fait appel aux services du groupe paramilitaire russe Wagner, multiplie les déclarations désobligeantes à l’égard de Paris et cherche à entraver l’action militaire de la France et de ses partenaires européens. Comme cela a encore été le cas quand elle a demandé le retrait immédiat du contingent danois récemment engagé dans Takuba, au motif que son déploiement serait « intervenu sans son consentement ». Ce qui n’est pas exact.

Aussi, les partenaires européens de Takuba ont remis les pendules à l’heure, via un communiqué publié le 26 janvier au soir. « Nous regrettons profondément la déclaration des autorités maliennes de transition […] alléguant que le déploiement du contingent danois dans la Task Force Takuba est intervenu sans base légale et sans le consentement du gouvernement malien », ont-ils d’abord fait valoir.

« Nous rappelons que tous les partenaires de la Task Force Takuba conduisent leur action conformément au cadre juridique solide qui a été agréé avec le gouvernement souverain du Mali, comprenant notamment une invitation formelle adressée par les autorités maliennes aux partenaires internationaux », ont ensuite continué les pays contributeurs à ce groupement européen. Et d’insister : « Ils agissent en stricte conformité avec le droit international et national, dans le cadre du soutien qu’ils apportent aux forces armées maliennes et de leur engagement de longue date dans la lutte contre les groupes armés terroristes ».

Quant au déploiement du contigent danois, le communiqué n manque pas de rafraîchir la mémoire aux dirigeants malien, même si, il est vrai, ils n’étaient pas au pouvoir quand Bamako invita Copenhague à envoyer des troupes au Mali, il y a maintenant plus de deux ans. Mais ils l’étaient quand les députés danois approuvèrent la participation de leur pays à Takuba, en mai 2021…

« Nous rappelons que les autorités maliennes ont envoyé une lettre d’invitation formelle au gouvernement du Danemark le 27 novembre 2019. La notification d’acceptation a ensuite été transmise par l’ambassade du Danemark à Bamako le 29 juin 2021 et signée le jour-même par le Protocole du Ministère malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale », est-il ainsi expliqué dans le communiqué.

Aussi, les pays partenaires de Takuba ont appelé aux autorités maliennes de transition à « respecter les bases solides sur lesquelles se fonde notre coopération diplomatique et opérationnelle, et à remédier rapidement à cette situation ».

Pour rappel, Takuba ne relève pas de la politique de sécurité et de défense commune [PSDC] de l’Union européenne [UE], contrairement à l’EUTM Mali, mission qui vise à former et à entraîner les Forces armées maliennes [FAMa]. Or, cette dernière pourrait prendre fin plus tôt que prévu.

En effet, le Haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, a déclaré que l’UE ne resterait pas engagée au Mali « à n’importe quel prix », après avoir eu une série d’entretiens avec les ministres des Affaires étrangères des pays membres du G5 Sahel [Mali, Mauritanie, Niger, Burkina Faso, Tchad].

« Cette série de rencontres m’a permis de faire le point sur la situation très préoccupante au Sahel, et notamment sur les derniers événements au Burkina Faso et au Mali. Et sur l’extension de la menace vers les pays voisins », a indiqué M. Borrell, ce 27 janvier. Et, à cette occasion, a-t-il ajouté, il a « rappelé notre préoccupation majeure suite au déploiement avéré de mercenaires russes au Mali et des risques importants que ceci fait peser sur les populations civiles », les méthodes de ce groupe [étant] incompatibles avec nos efforts collectifs en faveur de la sécurité et du développement ».

Au chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, le Haut représentant a rappelé que l’UE « souhaite rester engagée au Mali et au Sahel, mais pas à n’importe quel prix ». Et il lui aussi « demandé des garanties concrètes pour assurer l’efficacité de nos missions d’appui aux forces de sécurité et de défense nécessaires à leur maintien », tout le prévenant que « tout changement dans les conditions de travail de Barkhane et Takuba aura inévitablement des conséquences ».

[*] Allemagne, Belgique, Danemark, Estonie, France, Hongrie, Italie, Lituanie, Norvège, Pays-Bas, Portugal, République Tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Suède

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